Sur la place principale du village de mon enfance trois cafés se faisaient face. Mon père allait toujours au même, pas bien souvent, car nous habitions le hameau et seulement pour les grandes occasions. Celui-là semblait être le plus prisé par les paysans.
Leurs conversations tournaient autour des prix des animaux, sur la météo et toutes sortes d’anecdotes amusantes concernant leur métier. Haut comme trois pommes, j’étais fier d’être assis à coté de lui, mais un peu frustré de ne pouvoir accompagner mes grands frères, adolescents autonomes, dans celui d’en face, tenu par une femme blonde à l’accent du Nord. Plus moderne, il possédait un juke-box et un flipper, ainsi que, – au moins pour ma mère, une réputation douteuse. Je ne me souviens pas des spécificités du troisième café, moins populaire.