Une maison d’édition japonaise a publié, en version manga, le livre écrit en 1924 par Adolf Hitler. Avec 45 000 exemplaires vendus, c’est un petit succès de librairie.
Mein Kampf est le dernier opus de la collection « Manga de Dokuha » (« Initiation par le manga ») éditée par la maison East Press. Parmi les œuvres adaptées, on trouve déjà Le Capital de Karl Marx ou Guerre et paix de Tolstoï. Des livres qui se vendent, en moyenne, à 35 000 exemplaires.
Le copyright du livre écrit par le Fürher est, pour l’instant, détenu par le Land de Bavière, qui décide quelles maisons d’éditions sont autorisées à le publier. En 2015, la province allemande perdra toutefois ses droits sur Mein Kampf, qui tombera alors dans le domaine public.
East Press explique que son manga est un « support d’étude pour connaître Hitler » et pour comprendre « les pensées qui ont généré une telle tragédie ».
Thomas Bertrand est rédacteur freelance à Kyoto, au Japon :
« Je ne suis pas surpris. Des nostalgiques, des ignorants ou des fans du militarisme japonais sont forcément attirés par ce genre de livre, même s’ils ne sont pas adeptes de l’idéologie. S’ils ne sont que 45 000, cela reste raisonnable. J’ai aussi entendu parler de mangas révisionnistes ou glorifiant le passé militaire du Japon. Je crois qu’ils se sont bien plus vendus que celui-ci.
En Occident, on s’en prend aux mangas dès qu’ils abordent des sujets sensibles. Mais il faut bien se rendre compte que le manga n’est qu’un support : il y en a pour les adultes, les enfants, les femmes, les hommes, les malades, les pédophiles ou les amateurs de vin. Si l’original de Mein Kampf ne porte pas la mention « Ce livre peut-être dangereux », pourquoi la mettre sur un manga ?
Toutefois, il est vrai que le Japon n’a pas fait le travail de mémoire qu’a fait l’Allemagne, et le nazisme n’est pas vraiment un sujet d’études, ici. Les livres d’histoire des lycéens japonais ne s’attardent pas autant que ceux des lycéens européens sur la Seconde Guerre mondiale.
Près de chez moi, il y a la petite boutique d’un imprimeur, un vieux monsieur qui travaille avec son fils. Il utilise une machine à imprimer qui date des années 1930. Elle est de marque allemande et porte les symboles du IIIe Reich. Ce vieux monsieur est fan de cette période. Ouvertement. Sur sa petite moto, il y a le logo des SS et il porte un casque de l’armée allemande. Il ne voit pas où est le problème et son commerce ne dérange personne. »
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