Plusieurs dizaines de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs étaient mobilisés lundi pour des manifestations et des rassemblements dans l’ensemble de la Colombie en vue d’exiger des autorités des aides et un meilleur accès à la propriété.
A la mi-journée, des heurts survenus entre forces de l’ordre et manifestants avaient fait un total de huit blessés, selon plusieurs sources.
Entre 150 000 et 200 000 paysans participent (au mouvement) dans l’ensemble du pays. Il y a des manifestations et des barrages routiers, a annoncé à l’AFP Eberto Diaz, porte-parole de la Table nationale de dialogue agraire, qui coordonne ce mouvement d’une durée illimitée. Les camionneurs et les mineurs vont aussi nous rejoindre. Demain (mardi), d’autres s’ajouteront certainement, a-t-il assuré.
Dans le sud-ouest, deux jeunes ont été blessés par balle au cours d’un incident avec des militaires entre les localités de Buga et de Tulua, a dit à l’AFP une responsable du syndicat agricole Fensuagro, Hayde Moreno.
A Segovia (nord-ouest), où des mineurs exigent depuis un mois une réglementation de leur travail, cinq policiers et un civil ont été blessés dans l’attaque d’un poste de police par des hommes non identifiés, a indiqué le secrétaire de la province d’Antioquia, Santiago Londoño.
En début d’après-midi, la police avait déjà dénombré 22 arrestations, 11 barrages routiers, une vingtaine de rassemblements et quatre manifestations.
Les paysans entendent ainsi obtenir l’ouverture de négociations nationales avec le pouvoir sur la question agricole. Le 8 août, leurs syndicats avaient présenté au gouvernement une liste de requêtes qui, selon M. Diaz, est restée lettre morte.
Ces demandes comprennent l’établissement de prix planchers pour certains produits et la baisse des prix des intrants agricoles. Les petits agriculteurs demandent aussi des garanties en matière d’accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux mineurs de petites exploitations, ainsi que des meilleurs services publics dans les campagnes.
Lundi matin, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a apporté son soutien à cette journée de protestation et appelé le gouvernement à ne pas criminaliser les mouvements de contestation, dans un communiqué lu à la presse à la reprise des pourparlers de paix entamés en novembre à La Havane.
Selon les syndicats, les manifestations les plus importantes ont été enregistrées dans le sud, dans les provinces de Putumayo, Nariño, Cauca, Valle del Cauca et Caqueta, considérées comme des fiefs des Farc. Des rassemblements ont également eu lieu dans la région de Sucre (nord).
De leur côté, les autorités ont lancé un appel au calme
"Je pense qu’il est fondamental que les gens sachent que s’ils sortent (dans la rue), ils doivent le faire de manière pacifique. Nous n’accepterons pas l’anarchie", avait prévenu dans la matinée le ministre de l’Intérieur Fernando Carrillo. Son ministère a toutefois d’ores et déjà indiqué que des leaders paysans et indigènes seraient reçus mardi.
Les réserves paysannes ont fait l’objet en 1994 d’une loi autorisant leur création pour les communautés indigènes, les descendants d’Africains et les agriculteurs, qui prévoit un certain degré d’autonomie et de sécurité. Le texte n’a toutefois jamais été mis en application, notamment parce que l’éventualité de voir des millions d’hectares destinés à des zones où la guérilla pourrait imposer son influence alarme divers milieux.
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