Il a été un des avocats les plus controversés du barreau de Paris. Il est mort hier à Paris à l'âge de 88 ans.
L’avocat Jacques Vergès est mort jeudi à Paris à l’âge de 88 ans de causes naturelles, a-t-on appris auprès du président du Conseil national des barreaux (CNB), Christian Charrière-Bournazel, confirmant une information de BFMTV. Il a été un des avocats les plus controversés et redoutés du barreau de Paris, à la pointe des luttes anti-colonialistes. Prenant pour cibles l’Etat, la société ou la justice, pour défendre une cause autant qu’un client, cet avocat médiatique et narcissique, fin lettré, aimait provoquer et déstabiliser.
La liste de ses clients est impressionnante. Il a notamment défendu le nazi Klaus Barbie, le «révolutionnaire» Carlos ou le khmer rouge Khieu Samphan, mais aussi les membres des mouvements d’extrême-gauche européens (Fraction armée rouge, Action directe), les activistes libanais Georges Ibrahim Abdallah et Anis Naccache, le dictateur serbe Slobodan Milosevic, etc. Il était aussi disposé à défendre le dirigeant libye Mouammar Kadhafi.
Jacques Vergès lors du procès du nazi Klaus Barbie (au second plan), à Lyon en 1987. |
On peut encore citer la famille Boulin, la fille de Marlon Brando, le capitaine Barril, le jardinier marocain Omar Raddad, le tueur en série Charles Sobrhraj, des dirigeants africains etc.
Engagé à 17 ans dans les Forces françaises libres
Jacques Vergès est né le 5 mars 1925 -mais un an plus tôt selon un biographe- dans l’actuelle Thaïlande (à Ubon Ratchathani), d’un père français de la Réunion et d’une mère vietnamienne, morte lorqu’il avait 3 ans. La famille s’installe à la Réunion où le père devient député communiste et où son frère jumeau, Paul, créera le PC réunionnais.
Il s’engage à 17 ans dans les Forces françaises libres, à Londres. Démobilisé, il s’inscrit au PCF, devient président de l’Association des étudiants coloniaux et rencontre Pol Pot, le futur Khmer rouge. Puis il séjourne à Prague de 1951 à 1954, avant de rentrer à Paris fin 1955 et d’y suivre de brillantes études d’avocat.
Engagé à fond dans la guerre d’Algérie, il devient l’avocat du FLN et quitte le PCF en 1957, le jugeant «trop tiède» sur ce dossier. En 1963, il épouse -en secondes noces- la militante du FLN Djamila Bouhired, après l’avoir sauvée de la peine de mort. Il embrasse ensuite le maoïsme en créant le périodique Révolution et soutient le FPLP palestinien. De 1970 à 1978, Jacques Vergès disparaît. Au retour, il laisse planer le mystère sur cette période, se bornant à dire qu’il a passé des vacances «très à l’est de la France», et reprend ses activités d’avocat.
Jacques Vergès a monté au théâtre un plaidoyer intitulé Serial plaideur et a publié une vingtaine de livres, dont Dictionnaire amoureux de la justice, le Salaud lumineux, Justice pour le peuple serbe, Beauté du crime, la Démocratie à visage obscène, Sarkozy sous BHL. En 2007, Barbet Schroeder lui a consacré un film intitulé l'Avocat de la terreur (lire la critique de Libération du 6 juin 2007).
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