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26 mai 2015

Le choix sans choix



La Commission constitutionnelle fonctionne activement depuis plus d’un mois en Ukraine. 72 membres de la Commission font tout ce qui est en leur pouvoir pour corriger la Loi fondamentale du pays. Or, il est peu probable que la Commission parvienne à régler la question essentielle relative à la décentralisation.

Piotr Porochenko a laissé entendre qu'il n'y aurait pas de changements révolutionnaires: la nouvelle Constitution ne supposera pas la fédéralisation de l'Ukraine. Selon le président, la fédéralisation est comparable à une arme chimique qu'essaient d'imposer les forces extérieures en vue de désintégrer l'Ukraine. Cependant, les autorités choisiront inévitablement cette voie, estime le directeur de l'Institut de développement contemporain de l'Etat Dmitri Solonnikov:

"Aujourd'hui c'est le mot d'ordre politique des opposants à l'actuelle administration kiévienne. L'accepter signifie reconnaître son inconsistance, avouer que les mesures appliquées par Kiev pour instituer son pouvoir étaient illogiques. Au plan de l'image et pour des motifs politiques il décline la réforme. Il est possible que la décentralisation soit encore plus profonde que la proclamation formelle de la fédéralisation des régions ukrainiennes mais elle ne s'appellera pas ainsi."


Le refus de Kiev d'appeler les choses par leurs noms n'a, d'ailleurs, rien d'étonnant. L'attitude envers les minorités nationales formée des années durant par les autorités chez la majorité ukrainienne ne leur réserve pas de droits particuliers. Plusieurs petits peuples en quête d'autonomie essaient de prévenir la disparition de leur culture et de leur langue. L'absence de lois nettement formulées conduit à une impasse, dit le directeur de la filiale ukrainienne de l'Institut des pays de la CEI Denis Denissov:

"L'Ukraine est un Etat multinational où habitent plus d'une centaine de nationalités. La question des nationalités s'accentue de temps en temps depuis la formation de l'Ukraine en tant qu'Etat indépendant dans les années 1990. Cela est dû, en premier lieu, à l'absence de fondement juridique des relations de telles ou telles communautés nationales avec l'Etat. Il était très difficile pour les minorités nationales même grandes de recevoir la formation en leur langue maternelle, d'avoir leurs chaînes de télévision, d'employer leur langue dans les relations avec l'Etat. Ce problème demeure en suspens."

Fait révélateur: une telle situation ne correspond pas, loin s'en faut, aux critères européens préconisés par l'administration kiévienne. Les Européens ne fermeront pas pendant longtemps les yeux sur cet état de choses: la culture de vie en Europe contemporaine est fondée depuis longtemps sur les principes fédératifs. Il n'est pas clair pourquoi Kiev n'est pas disposé à mettre à profit l'expérience des Etats fédératifs réussis et prestigieux.

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