Le gouvernement français a promulgué mercredi la réforme contestée du collège, une accélération dénoncée comme un «passage en force» par ses opposants au lendemain d'une grève des enseignants, même si le pouvoir promet de poursuivre le dialogue.
Le Premier ministre Manuel Valls avait déclaré mardi que la réforme du collège serait «mise en œuvre» et que le décret serait «publié le plus rapidement possible», en dépit de la contestation. Mais la publication dès mercredi au Journal officiel de l'acte réglementaire relatif «à l'organisation des enseignements au collège», qui prévoit comme prévu une entrée en vigueur de la réforme «à compter de la rentrée scolaire 2016», a provoqué un tollé.
Les syndicats ont aussitôt dénoncé un «scandaleux passage en force» du gouvernement, voire une «provocation» à l'instar du principal syndicat du secondaire, le Snes. Un autre syndicat, le Snalc, classé à droite même s'il le réfute, estime que la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem «n'avait laissé sa +porte ouverte+ que pour mieux la claquer à la figure des professeurs de collège, dans un stupéfiant déni de dialogue social». La parution du décret a aussi donné à l'opposition l'occasion de relancer ses critiques.
La numéro deux du parti de droite UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a ainsi jugé que cette initiative révélait «un profond mépris» du gouvernement dont «la parole ne vaut rien», une accusation également formulée par la présidente du parti d'extrême-droite Front national, Marine Le Pen. Le président du parti MoDem (centre), François Bayrou, et ancien ministre de l'Education, a même appelé à une «manifestation nationale».
La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, qui à 37 ans vit son baptême du feu après un parcours fulgurant au gouvernement, a, elle, récusé toute précipitation pour faire passer sa réforme. «Il fallait publier ce décret pour pouvoir passer à l'étape suivante, à savoir les textes d'application qui vont pouvoir répondre aux inquiétudes» des grévistes et manifestants, a-t-elle argumenté sur la radio France Info.
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a de son côté assuré que la publication du décret était «une marque de détermination», qui n'exclut pas «la nécessité d'écouter, les enseignants en particulier».
Mardi, quelques milliers d'enseignants ont manifesté contre cette réforme, dont les principaux points de crispation sont la suppression du latin et du grec, remplacés par un enseignement pratique interdisciplinaire, et celle des classes «bilangues» où une minorité d'élèves de 11 ans peut étudier deux langues vivantes étrangères, en général l'anglais et l'allemand. Cette suppression fait craindre à certains, notamment en Allemagne, un recul de l'allemand.
La réforme prévoit en revanche que l'apprentissage d'une deuxième langue étrangère commence pour tous dès le 5e (à 12 ans), au lieu d'un an plus tard comme c'est le cas actuellement.
Cette réforme part du constat que le système scolaire français ne cesse de reculer dans les classements internationaux et est, selon une enquête de référence de l'OCDE (l'enquête Pisa), l'un des plus inégalitaires du monde.
Près de 150.000 élèves sortent chaque année de l'école sans diplôme. Ce phénomène n'affecte que 5% des enfants de cadres, mais quasiment un tiers (32%) de ceux d'ouvriers.
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