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17 mai 2013

Syrie : bientôt la fin de la partie ?



La cadence des événements en Syrie s’est accélérée ces dernières semaines. Les forces gouvernementales ont remporté contre les rebelles des victoires importantes sur le terrain, et cette situation a provoqué un mélange de provocations guerrières et de propositions de paix de la part des U.S. et de ses alliés anti-Assad.

Avec la bénédiction d’Obama, les avions de combat d’Israël ont mené récemment et à trois reprises une offensive contre la Syrie ; lors d’une de ces frappes aériennes massives contre des objectifs militaires à Damas, 42 soldats syriens ont été tués. Peu de temps après, Obama finissait par accepter d’entamer des pourparlers de paix avec la Russie, qui le réclamait depuis des mois.

Obama aborde ces discussions en position affaiblie ; le gouvernement syrien est en train de gagner la guerre contre les rebelles soutenus pas les US, et l’avantage sur le terrain est l’atout majeur dans tous les pourparlers de paix. Obama et les rebelles ne sont pas en position d’exiger quoi que ce soit en Syrie en ce moment.

Il est possible qu’Obama veuille éviter de subir une autre humiliation dans son ingérence en Syrie en acceptant des accords de « paix » de dernière minute pour sauver la face.

Il est également vraisemblable, cependant, que ces négociations de paix soient une manœuvre diplomatique habile qui a pour véritable objectif la guerre. Il n’est pas rare que des négociations de paix échouent et que cet échec soit utilisé comme motif pour relancer la guerre, puisque « les tentatives de paix ont échoué ».

Et Obama a de nombreuses raisons de poursuivre la guerre : il apparaîtrait comme incroyablement faible et ridicule si le président syrien devait rester au pouvoir alors que l’administration Obama a déjà annoncé que le régime d’Assad était fini et qu’elle a soigneusement sélectionné un gouvernement alternatif composé d’exilés syriens que les États-Unis – et leurs alliés – considèrent comme étant le « gouvernement légitime syrien ».

Voici comment la BBC présente le gouvernement fantoche syrien d’Obama :


« … les dirigeants politiques de l’opposition syrienne – qui font le tour des capitales du monde et se livrent à de grands discours – ne dirigent personne. Ils ont déjà du mal à contrôler les délégués dans la même salle qu’eux, à plus forte raison les combattants sur le terrain. »

Si, contre toute attente, des accords de paix sont conclus, ces exilés syriens – qui ne sont véritablement écoutés que par une infime minorité des rebelles – seront ceux qui signeront ces accords.

Il y a de nombreux responsables politiques aux États-Unis qui réclament encore à grands cris la guerre en Syrie, en la justifiant par l’accusation non-établie que le gouvernement syrien aurait utilisé des armes de destruction massive (ADM) contre les rebelles.

En réalité, cependant, à ce jour, l’ONU a seulement dit que c’était le contraire qui était vrai : il y a des preuves indiquant que ce sont les rebelles soutenus par les US qui auraient utilisé des ADM contre le gouvernement syrien.

Bien sûr, ces faits ont été relégués en dernière page des journaux US – quand ils ont été publiés. De la même façon, les mauvaises nouvelles annonçant que les rebelles se livraient à un nettoyage ethnique et religieux à grande échelle et commettaient de nombreuses violations des droits humains n’ont pas non plus été publiés à la une.

Et les nombreux attentats terroristes commis par les rebelles soutenus par les US qui ont tué des civils inconsidérément ont été pareillement largement ignorés par les responsables politiques et par les médias.

La position des États-Unis est également affaiblie par le fait que la majorité des combattants rebelles sont des islamistes extrémistes, qui se battent pour le jihad et la charia, et non pas pour la démocratie.

Le Guardian écrivait récemment :


« La principale force d’opposition armée en Syrie, l’Armée syrienne libre, perd des combattants et du potentiel au profit de Jabhat al-Nusra, une organisation islamiste liée à Al-Qaïda qui s’avère être la force la mieux équipée, financée et motivée pour combattre le régime de Bachar al-Assad. »

Le New York Times ajoute :


« Il n’y a nulle part sur le territoire syrien contrôlé par les rebelles de force armée laïque de quelque importance. »

Mais, même avec tous ces obstacles qui empêchent les États-Unis d’imposer leurs conditions au gouvernement syrien, Obama a en main des atouts importants : l’armée US et l’armée israélienne.

Il est possible que les frappes israéliennes contre la Syrie aient été utilisées comme outil de marchandage pour la conférence internationale sur la Syrie proposée en Russie. Si Obama menaçait de ramener la Syrie à l’âge de pierre, il ne manque pas de preuves – Afghanistan, Irak, Libye – pour qu’on prenne ces menaces au sérieux.

Mettre ce genre de menaces à exécution est, en fait, considéré comme une politique étrangère intelligente par de nombreux responsables politiques aux États-Unis, dans la mesure où un pays non-aligné aura été affaibli et démantelé en tant que force d’opposition, ce qui ferait tomber le dernier obstacle à la guerre contre l’Iran.

La politique étrangère des États-Unis repose entièrement de nos jours sur l’usage de la menace d’anéantissement. La puissance économique des États-Unis étant en déclin par rapport à la Chine et à d’autres pays, la carotte de l’économie a été écartée au profit du bâton de l’armée. Des tas d’« experts » en politique étrangère demandent instamment qu’Obama sorte à nouveau le bâton, de peur que ce fondement de la politique étrangère des États-Unis ne s’avère n’être que du vent.

C’est l’essence de l’engagement des États-Unis en Syrie, qui est de risquer de déclencher une guerre régionale qui pourrait comprendre des pays comme le Liban, la Turquie, l’Irak, Israël, l’Iran, la Jordanie et l’Arabie Saoudite, avec la probabilité d’entraîner de force les grandes puissances liées à ces pays, les US et l’Europe, d’une part, la Russie et la Chine, d’autre part.

Le sort du Moyen-Orient, déjà très éprouvé, est en suspens.

Shamus Cooke


Traduction : R.R.



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