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14 mai 2013

A Antakya, la colère de la rue contre l’ingérence turque en Syrie

Comme chaque jour, les habitants d'Antakya ont pris la rue pour demander des comptes après l'attentat meurtrier de Reyhanli.

A grand renfort de sifflets, d'applaudissements ou de slogans, ils dénoncent la présence toujours croissante des réfugiés syriens et le soutien d'Ankara aux rebelles en guerre contre le président Bachar al-Assad. Ils scandent "Nous ne voulons pas de tueurs jihadistes dans notre ville" et, à l'adresse des autorités turques, "Ne vous mêlez pas de la Syrie". 



"Tout ce que nous voulons, c'est que le gouvernement abandonne son soutien aux rebelles islamistes", résume Mahir Mansuroglu, le porte-parole du centre communautaire de la province d'Hatay, un rassemblement hétéroclite de partisans de la gauche, de nationalistes, de musulmans ou de chrétiens qui tente de fédérer la protestation.

La cohorte des manifestants observe à distance un autre cortège. Celui-là est constitué de quelques centaines de personnes qui exigent, elles, une "meilleure sécurité" à la frontière.

Plusieurs voitures de police suivent les manifestants à distance, pour éviter tout incident. Jusque-là, les forces de l'ordre n'ont pas eu à intervenir à Antakya, une ville qui accueille un mélange particulièrement riche d'ethnies et de religions, notamment des musulmans sunnites et alévis, ainsi que des chrétiens.

Mais l'arrivée sur le sol turc de près de 400.000 réfugiés syriens depuis le début il y a deux ans des combats a mis à mal ce fragile équilibre, surtout dans la province de Hatay.

Alors depuis le double attentat à la voiture piégée qui a fait 48 morts et plus d'une centaine de blessés dans la ville frontalière voisine de Reyhanli, la colère gronde.

"Petite Syrie"

Les autorités turques, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en tête, ont prétendu que le régime de Damas en est le seul responsable, mais la population locale continue à mettre en cause le soutien de son gouvernement aux rebelles, hostiles à Bachar al-Assad et lui demande désormais des comptes.

"Les gens qui sont là disent simplement qu'ils ne veulent plus voir de jihadistes à longue barbe se pavaner dans leurs rues"
, insiste Mansuroglu en référence aux combattants de la fraction la plus radicale de la rébellion syrienne.

"Ces larges manifestations sont la conséquence naturelle de la politique du gouvernement", renchérit Semir Baklaci, l'un des responsables locaux du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), "à chaque fois qu'il existe une réelle chance de dialogue en Syrie, ce genre d'événement se produit".

"Erdogan se contente d'observer alors qu'une attaque sauvage a infligé à la Turquie ses plus lourdes pertes", renchérit l'un des manifestants, Necla Oncu.

Certains accusent même le Premier ministre d'avoir laissé faire pour mieux plaider la cause d'une intervention militaire auprès du président américain Barack Obama, qu'il doit rencontrer vendredi à Washington.

Sadik Baba, un négociant de 37 ans, ne va pas aussi loin. Pour lui, c'est la forte présence des réfugiés syriens en Turquie qui est à l'origine de la situation, celle qui a transformé Reyhanli en une "petite Syrie", comme il dit.

"Combien d'entre nous vont devoir mourir avant qu'ils (les dirigeants turcs) ne se rendent compte que les risques sont devenus aussi grands de notre côté de la frontière ?", s'interroge-t-il, inquiet.


Source : AFP

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