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31 mai 2013

Policière, je suis désespérée par l’état d’esprit de la majorité de mes collègues

Monsieur Pfister,

J’ai lu avec attention votre article sur le comportement de désobéissance que devraient adopter les policiers de France face aux ordres qui leur sont donnés, leur devoir de protection de la population et non du gouvernement… Je vais vous donner mon avis, mon ressenti, moi qui suis Gardien de la paix à Paris depuis 6 ans seulement.


Si j’ai choisi de quitter la voie publique 3 ans à peine après ma sortie d’école pour un service autre, c’est bien que j’ai rapidement vu le pot-aux-roses de cette administration. J’ai commencé par garder des portes derrière lesquelles il n’y avait personne, des ambassades vides, des dîners-réception de célébrités (et dire que la police n’a pas pour mission de protéger des intérêts privés), des monuments. Bref.

L’essentiel était de ne pas faire de vague, de faire de la présence, de se montrer, quoi qu’il en soit on coûtait un maximum au contribuable par le biais de notre travail de garde statique, « par tradition » comme le disait sourire aux lèvres un certain homme politique… la bonne blague.

Un jour où nous surveillions l’appartement vide d’un de nos anciens premier ministre, se produisit un vol à l’arrachée de téléphone portable à l’encontre de touristes américains, là, sous nos yeux alors que nous étions avec un collègue en civil. Nous interpellions l’individu; suite à cette interpellation, je me souviens de la réaction de notre chef de brigade : « Qu’est-ce que vous avez été interpellé, c’est pas votre boulot! ». On avait compris, à la préfecture de police de Paris, un gardien de la paix en garde statique n’est plus policier, ce n’est plus son métier, il est payé à attendre, qu’il pleuve, vente, ou neige.

Voyez-vous Monsieur Pfister, lors des dernières manifestations auxquelles d’innombrables jeunes gens ont été interpellés, j’ai parlé avec certains d’entre eux. Je ne m’étendrai pas sur les circonstances dans lesquelles j’ai pu le faire; j’ai remarqué avec stupéfaction avec quel acharnement ont emmerdait des jeunes de 20-25 ans pour rien, leur faisant manquer un après-midi de leurs cours à la fac pour une audition ridicule de 15 minutes, qui servait surtout à les ficher en opposants, après confiscation scandaleuse et interdite des drapeaux par certains collègues zélés.

Lors de cette audition, quelques-uns de ces jeunes gens ont interrogé un certain nombre de mes collègues, leur demandant pourquoi ils obéissaient de la sorte et perdaient tout ce temps pour rien alors qu’ils semblaient parti pris et évidemment contre ce pseudo-gouvernement, et cette vraie dictature. La réponse leur a été « on est soumis à l’obligation de réserve, c’est à vous d’aller jusqu’au bout »… Voilà, mes collègues se cachent inexorablement derrière cette obligation de réserve, quelle lâcheté…

Leur comportement n’est que lâcheté oui, ajoutez-y la peur des (immanquables) sanctions en cas de non-exécution des ordres émanant des officiers, un zeste de volonté de se défouler sur des gens qui ne sont généralement pas très virulents-car-ils-ont-eux,-quelque-chose-à perdre, une bonne dose de panurgisme, un soupçon de peur de ne pas muter en province suite à une sanction et vous obtenez de parfaits serviteurs prêts à taper, interpeller, mettre en garde à vue leurs semblables de citoyens.

Le patriotisme ? La désobéissance ? La réflexion ? Le bon-sens ? Que nenni… C’est trop risqué pour leur petite carrière de froussard rampant. A fortiori pour les compagnies de CRS qui doivent faire bloc, qui agissent de concert où là aucun ne contestera jamais car il s’exécute en groupe et dès lors il se ferait remarquer et éjecter très vite. (PS: les CRS sont des services internes à la police nationale, il n’y a pas lieu de les distinguer de ceux que vous appelez « policiers », ils en sont aussi).

Voyez-vous Monsieur Pfister, moi qui vous écris, je suis un électron libre dans cette administration maintenant, je dirais presque un traître tellement je suis en désaccord avec tout ce qui fait cette grande mafia politique. Je la quitterai dès que possible, mais là encore, cette traitresse sait pertinemment que le chômage étant ce qu’il est, un nombre infime d’entre nous se hasardera à partir fût-ce par conviction, ras-le-bol, sentiment d’avoir été trahi et que le contrat de service à l’Etat est nul et non-avenu maintenant.

Je sais combien de mes collègues voudraient partir, se reconvertir, mais combien d’autres sont de vrais moutons de panurge aux ordres, des carriéristes cherchant le grade supérieur ou le « bon service » tant rêvé. Certains invoquent inexorablement, je l’ai entendu, « se lever le matin pour les victimes, sachant ce qu’il en est du traitement des crapules ». Un peu facile comme attitude, de la sorte ils acceptent de faire un boulot sans valeur, se remettant à leur foi chrétienne de bon samaritain. Presque risible…

Ils ne semblent ou feignent ne pas comprendre, ceux-ci, que l’administration de la police nationale les instrumentalise, les manipule. Certains se croient de grands flics alors qu’ils font un boulot de simple enquêteur et combien de fois ai-je entendu cette phrase dans les vestiaires « je ne me vois pas quitter la boite, ah non hé »… au détour de l’amer constat de la dérive de « la boite ».

Peut-être un psychologue, un sociologue, saurait nous en dire plus sur le profil de ceux qui sont sensés nous protéger ? Je crois qu’il ne faut pas compter sur l’état d’esprit de la plupart incapables de se remettre en question ou de savoir tout simplement ce qui est bon pour eux.

Tout cela, le Peuple doit le savoir, moi je ne cache rien derrière l’hypocrisie et le management par la peur….

Patriotiquement.

Canis Lupus

Reportage complet (jet de bouteille de policiers sur manifestants entre 9’20 et 9’40) :



Source : Résistance Républicaine

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