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25 mai 2013

La bande dessinée, en crise, vend moins mais gagne plus, grâce à des prix de vente en hausse



Le neuvième art est en crise... mais réussit à le dissimuler. C'est, en substance, ce qui ressort de la lecture de l'édition 2012 de "Numérologie", une copieuse étude annuelle sur le marché de la bande dessinée, publiée jeudi 23 mai par le collectif "du9", un espace de réflexion critique sur la BD. "Le marché (...) réussit encore en 2012 cet étrange paradoxe de reculer tout en continuant sa progression", écrit ainsi Xavier Guilbert, l'auteur du rapport.


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En apparence, les éditeurs engrangent en effet des ventes confortables. L'an dernier, le marché de la BD a représenté 352,1 millions d'euros en France, note le rapport, s'appuyant sur des chiffres de l'institut de sondages Ipsos. Les ventes ont progressé de 1,5 % par rapport à 2011 et de 8 % par rapport à 2005.

Le hic, c'est que le nombre d'albums vendus ne cesse, lui, de reculer. Alors qu'il s'était encore écoulé 35,3 millions d'ouvrages dans l'Hexagone en 2007, il ne s'en est écoulé que 32 millions l'an dernier, selon Ipsos. Et ce alors que les éditeurs ont sorti en 2012 plusieurs nouveautés de séries phares, comme "Blake et Mortimer" (249 300 exemplaires vendus), "Titeuf" (227 600 exemplaires), "Largo Winch" (169 100 exemplaires), "Lou !" (120 500 exemplaires) ou "XIII" (102 000 exemplaires).

"L'augmentation des prix de vente et l'apparition d'albums plus adultes, vendus plus chers, a aidé le marché à se maintenir, reconnaît Claude de Saint-Vincent, directeur général de Média Participations, le numéro un du secteur, qui détient Dargaud, Dupuis et Le Lombard. Mais c'est un trompe-l'oeil qui dissimule des ventes qui ne cessent de s'éroder en volume."

DES PRIX EN HAUSSE DE 18 % EN SEPT ANS


Selon l'institut GFK, le prix de vente d'une BD a augmenté de 18 % entre 2005 et 2012, le tarif des albums classiques s'envolant de 25 %, tandis que celui des mangas progresse de 9 %. "L'augmentation du prix moyen pour le marché de la bande dessinée se situe nettement au-dessus de ce que relève l'Insee pour (...) le secteur de l'édition", souligne l'étude, qui conclut que "la majeure partie de la progression du marché (...) semble dépendre (...) d'une forte augmentation du prix moyen".




Plus inquiétant encore, la bande dessinée peine à recruter de nouveaux adeptes. Certes, l'arrivée du manga au début des années 1990 a permis de séduire toute une frange de jeunes lecteurs, mais ce n'est plus la martingale. "Le segment du manga a terminé son installation sur le marché en 2008, et connaît un tassement depuis", note l'étude.

Du coup, la lecture de la bande dessinée a repris sa lente érosion. "Alors que 34 % des Français de plus de 15 ans lisaient de la bande dessinée en 1994, ils ne sont plus que 29 % en 2008", s'inquiète le rapport "Numérologie 2012", s'appuyant sur une étude réalisée en 2011 par le ministère de la culture.

Preuve que le secteur ne va pas aussi bien qu'il le dit, l'éditeur 12Bis a été mis en redressement judiciaire fin avril. Créée en 2007 par deux anciens de Glénat, cette maison d'édition avait pourtant su attirer des auteurs réputés, comme François Bourgeon, le créateur des Passagers du vent, ou des dessinateurs de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, qui avaient réalisé plusieurs albums à consonancepolitique.

Fin avril, l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati avait ainsi demandé, en vain, l'interdiction d'une BD éditée par 12Bis, appelée Rachida, aux noms des pères, qui évoque sur le ton de l'humour la recherche de paternité de l'enfant de l'ex-ministre.

Néanmoins, la BD continue d'attirer de nouveaux acteurs. Louis Delas, l'ancien patron de Casterman, vient ainsi de créer sa propre maison d'édition, Rue de Sèvres. Adossé à la prospère Ecole des Loisirs, spécialisée dans les livres pour enfants et propriété des familles Delas et Fabre, Rue de Sèvres entend frapperfort dès la rentrée, avec la première BD "sérieuse" réalisée par Zep, le père de "Titeuf".


source : lemonde.fr

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