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13 déc. 2012

Mariage gay et PMA : Hollande s'en remet au Parlement... et tend la main aux opposants

Alors que le gouvernement ne prévoit pas l'introduction de la procréation médicalement assistée dans son projet de loi, François Hollande a affirmé qu'il laisserait le Parlement en débattre souverainement. Pour notre contributeur Yves Delahaie, le président ménage encore une fois la chèvre et le chou... et cette tentative de synthèse ne peut satisfaire qui que ce soit.

PMA. Ces trois lettres qui font tant et tant parler. Procréation médicalement assistée. Un sujet sensible dans le cadre du projet de loi de l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les homosexuels. Sensible, car, comme à son habitude, celui qui est devenu notre président de la République n’a jamais été clair sur la question. Et, comme le dirait sa rivale des primaires, quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup… Avant de hurler dans les bois, il est nécessaire de revenir en arrière.

Tours et détours de François Hollande sur la PMA

Son projet présidentiel en lui-même, à travers des 60 engagements, ne fait nullement état de la PMA. L'engagement 31 dit : "J’ouvrirai le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels." Point n’est question de la PMA, dont la réglementation est encadrée depuis 2004, autorisant seulement les couples hétérosexuels "en âge de procréer, mariés ou en mesure d'apporter la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans" à y avoir recours.

Et quand le 12 septembre dernier, Christiane Taubira, sans que le Parlement et les membres du gouvernement n’aient procédé à la moindre commission, affirma que le projet de loi "ne prévoit pas d’élargir l’accès à la procréation médicalement assistée", les associations LGBT crièrent à l’escroquerie. Rappelant que François Hollande l’avait promis. En réalité, cette croyance provient des déclarations de François Hollande faites à "Têtu" en février 2012 dans la folie de la présidentielle qui l’a poussé à promettre tant et encore, où il s'est exprimé sur la question de l'accès des lesbiennes à la PMA :

"Oui, je l’ai dit. Aux conditions d’âge, bien sûr. Je suis très précis là-dessus. Il faut que ce soit un projet parental. Et je suis aussi très soucieux du respect de l’anonymat du don des gamètes."

Comme trop souvent malheureusement, le désir de consensus, que d’aucuns nomment par pudeur "synthèse", pousse le président de la République à marier la carpe et le lapin, quitte à faire des deux le dindon de la farce.

Aussi, alors que les tenants du non au projet ont squatté l’espace médiatique à l’envi, et pour certains ad nauseam, certains députés, Bernard Roman, député du Nord, en tête, ont décidé deproposer un amendement sur la question de la PMA. Le député du Nord me racontait il y a peu en avoir pris "plein la tête" depuis la publication de la tribune, mais se disait décidé et fier de l’avoir fait. Me confiant même qu’au sein du gouvernement on lui avait demandé de confirmer qu’ils étaient un nombre significatif pour présenter pareille requête. Preuve d’une certaine frilosité face aux manifestations ostensibles des opposants.

Le président lâche du lest... aux opposants

Aussi, juste après son faux pas désastreux sur la liberté de conscience des maires, déclaration sur laquelle il est revenu, François Hollande a voulu donner un signe ce mercredi 12 décembre, alors que se prépare une gigantesque manifestation pour le projet dans les rues de Paris ce 16 décembre. Mais quel signe ?




François Hollande donne une conférence de presse au palais de l'Élysée, Paris, le 11 décembre 2012 (CHAMUSSY/CHESNOT/SIPA).

D’un côté, François Hollande a déclaré que le Parlement serait souverain, le laissant libre de choisir d’intégrer la PMA au projet. Un signe que "Le Figaro" entend comme une main tendue aux partisans. Pour autant, l’interprétation du "Figaro", qui ne cesse d’être le héraut des opposants au mariage gay, paraît pour le moins suspecte quand on entend ce qui accompagne cette main tendue :

"Si j'avais été favorable (à cette mesure), je l'aurais intégrée dans le projet de loi."

Ce qui revient à dire, en relisant l’engagement 31, qu’il n’y est donc pas favorable… Finalement, François Hollande en arrive à exaspérer tout le monde : les opposants qui fulminent de voir le projet discuté fin janvier avec une majorité de gauche à l’Assemblée nationale et au Sénat, mais aussi les partisans du projet, avec son éternel "un pas en avant deux pas en arrière", qui fait pâle figure quand on voit tous les pays qui ont déjà légiféré, liste à laquelle il conviendrait, à ce rythme, de rajouter l'Angleterre, qui semble prête à faire passer le projet comme une lettre à la poste.

Certains prétextent qu’il n’y a pas urgence, que le contexte est morose et que la priorité est à l’économie. Mais faut-il attendre la prospérité pour faire du pilier central de notre devise une priorité ? Et puisque la récession nous guette, quid d’une loi qui ne coûterait pas le moindre denier à l’État ? Pourquoi tant de louvoiements sur une loi qui n’a déstructuré aucune société depuis qu’elle a été votée ?

De la part d’un président et d’un gouvernement qui n’est pas dans l’ombre d’une échéance électorale à moins de 17 mois, l’on arrive toujours pas à comprendre comment une telle peur peut les prendre au ventre, si ce n’est une terreur irrationnelle…

Source: http://leplus.nouvelobs.com

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