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3 mars 2012

Guy Arcizet : "Nous avons été de toutes les lois sociales"

Vous avez auditionné le mois dernier sept candidats à la présidentielle. Pour quelles raisons ?
Il s'agit d'une démarche qui s'inscrit dans la droite ligne des traditions du Grand Orient de France. 
Depuis le premier jour, notre loge – et le mouvement maçonnique dans son ensemble d'ailleurs – s'est intéressée aux problématiques sociales. Il faut rappeler que les fondateurs des grandes démocraties modernes ont toujours été des francs-maçons, en particulier ceux qui ont fondé la démocratie américaine, mais également les philosophes des Lumières. La société est le lieu où l'on vit et, en tant que francs-maçons, nous nous sommes toujours intéressés à la solidarité sociale. Ensuite, il faut avouer que cette démarche peut apparaître originale dans la mesure où, pareil événement n'avait pas été organisé lors des dernières élections de 2007 ni auparavant d'ailleurs.

Quel était le principe de ces entretiens ?
Nous avons sollicité les candidats à venir, un par un, s'exprimer devant notre loge sur sept sujets : la démocratie, la laïcité, la solidarité sociale, la citoyenneté, l'environnement, la dignité humaine et les droits de l'Homme.

Qu'attendiez-vous de ces "oraux" ?
Nous voulions entendre leurs arguments et leurs positionnements par rapport à la République. Certains disaient qu'il fallait changer beaucoup de choses dans la société. Nous souhaitions en savoir plus.

Sept candidats ont répondu présent, à l'exception de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy...
Oui, même si, pour ne rien vous cacher, concernant Mme Le Pen, je n'étais pas favorable à sa venue. Mais comme ce n'est pas moi qui était décisionnaire, les loges en ont discuté et ont décidé de ne pas la convier. D'autant plus que l'extrême droite cherche une légitimation et nous ne souhaitions pas entrer dans cette entreprise de blanchiment. J'ajoute qu'il s'agit d'un parti qui nous a rejetés en permanence, en brandissant l'éternelle menace du complot judéo-maçonnique. Donc, ce n'était pas utile.

Et Nicolas Sarkozy, il s'agit tout de même d'une absence de taille ?
C'est vrai. Mais sa déclaration de candidature (le 14 février, ndlr) est intervenue la veille de la clôture de nos travaux. J'ajoute qu'il n'a jamais manifesté l'envie de venir chez nous. Des questions lui ont été transmises par écrit, mais il n'a pas répondu. Nous en avons pris acte.

Cela ne vous étonne pas de la part d'un homme politique qui a souvent entretenu le mystère sur ses liens avec la maçonnerie ?
Il est vrai que, par le passé, il a plus ou moins flatté le mouvement et ses membres. Mais vous savez, nous sommes plus de 150 000 francs-maçons en France aujourd'hui. Cela représente beaucoup d'hommes et de femmes souvent impliqués - à travers des postes à responsabilité, comme élus, ou dans le monde de l'entreprise - dans la vie de la cité.

Peut-on plus simplement parler de réseau ?
Oui, j'ai coutume de dire que la franc-maçonnerie est un réseau humaniste, mais c'est aussi un réseau d'influence, c'est incontestable. Nous essayons de faire passer un certain nombre d'éléments qui visent à protéger la solidarité sociale dont je vous parlais auparavant.

Parmi les intervenants, certains d'entre eux vous ont-ils surpris ?
Je dirais que nous avons été particulièrement surpris par la teneur de leurs discours, mais surtout par une certaine liberté de parole. Sur certains grands thèmes de société, je pense à l'euthanasie notamment, beaucoup d'entre eux ont tenu des propos que l'on a pas toujours coutume d'entendre. Ce sont des orateurs, ils ont l'habitude de jouer avec la salle. Sauf que parler devant une loge maçonnique, ce n'est pas la même chose, dans la mesure où, nous ne nous manifestons pas. Nous avons bien sentis que, pour eux, il y avait quelque chose d'un peu déstabilisant et cela les a obligés à sortir du discours convenu qui est souvent le leur. Ils n'étaient pas là pour dire qu'ils étaient les meilleurs, mais pour faire état de leurs positionnements respectifs sur des grands sujets.

On a souvent souligné que le mouvement maçonnique avait eu un réel poids – pour ne pas dire plus – dans certaines avancées législatives, comme la loi sur l'IVG, celle sur l'abolition de la peine de mort ou encore le combat pour le droit des femmes. Fantasme ou réalité ?
C'est une réalité. Les Francs-maçons sont des femmes et des hommes engagés dans le débat social, qui défendent la République. Ils cherchent toutes les conditions, y compris législatives, qui permettent à la société d'évoluer. En ce sens, nous avons été de toutes les lois sociales. Mais aussi, par exemple, dans la création du code du travail. Ceci dit, je ne peux pas dire que nous avons gagné tous les combats au regard de l'état de la société aujourd'hui. Il reste encore beaucoup à faire.

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