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24 nov. 2011

Le Maroc touché aussi par la tentation islamiste

Des membres de Justice et développement distribuent des tracts. Le parti islamiste est le favori des élections législatives marocaines.(AFP)
Le parti Justice et développement est donné favori des élections législatives de demain, vendredi. Le pouvoir surveillera aussi de près l'abstention qui pourrait donner raison au camp du boycott.
Casablanca. De notre envoyé spécial.

Vendredi, Leila votera pour le parti islamiste Justice et développement (PJD).« C'est le plus transparent, le seul qui s'intéresse à la famille. Il est attaché à la religion tout en proposant un programme moderne », explique cette mère de deux enfants, épouse d'un commerçant du quartier populaire Moulay Rachid, à Casablanca.

Lundi soir, comme des centaines d'autres, elle est venue écouter Abdellilah Benkirane, leader charismatique du PJD, qui tient meeting. À son entrée, la salle - femmes toutes voilées d'un côté, hommes de l'autre - scande : « Le PJD, c'est la voix de la justice et la lumière qui éclaire. » Peu de références à l'islam dans le discours de l'orateur. Mais la réunion débute par la lecture de versets du Coran et on entend régulièrement des « Allah akbar » jaillir des travées.

« Le problème, ce n'est pas l'islam »

La vague religieuse, qui a fait triompher Ennahda en Tunisie et porte les Frères musulmans en Égypte, va-t-elle également déferler sur le Maroc ? « Nous sommes islamistes, et alors ? Ce n'est pas un problème. Au Maroc, le problème, c'est l'emploi, le logement, la justice. Pas l'islam, qui est la religion du pays depuis des siècles ! », tonne Benkirane.

De fait, le programme du PJD fait la part belle à l'éducation, la santé. Et se garde bien de trancher sur les sujets qui fâchent : le statut de la femme, l'avortement ou la consommation d'alcool. N'ayant encore jamais été aux affaires, ce parti a l'attrait du neuf et commence à recruter dans la classe moyenne, même dans la bourgeoisie qui considérait, naguère encore, le leader islamiste comme un trublion populiste peu fréquentable.

Le « référentiel islamique ». C'est désormais l'expression à la mode. Tous les partis politiques marocains ont peu ou prou calé leurs programmes par rapport aux valeurs de la religion musulmane. Ainsi va le Printemps arabe au royaume chérifien.

En 2007, déjà, le PJD s'était imposé aux législatives. Pour autant, il n'avait pas accédé au pouvoir. Cette fois, la donne est différente. C'est au sein de la formation politique arrivée en tête que Mohamed VI devra choisir son Premier ministre.

Ainsi le veut la nouvelle Constitution que le roi a fait adopter pour donner un peu d'air au pays et se mettre à l'abri du Printemps arabe. Quel qu'il soit, le gagnant devra nouer des alliances, car, a priori, aucune formation ne dépassera 20 % des voix à cause du découpage électoral et de la proportionnelle. Déjà, le PJD fait les yeux doux à la Koutla, une coalition de partis actuellement au pouvoir.

« Poudre aux yeux » ?

Qu'attendre de cette réforme ? « C'est de la poudre aux yeux. Les décisions du gouvernement vont continuer d'être soumises à l'aval du palais. Le roi a donné les clés au Premier ministre, mais il garde un double », tranche Mehdi Michbal, journaliste à l'hebdomadaire Tel Quel.

Il cite l'exemple de la dernière loi de finances. Elle devait comporter la création d'un fonds de solidarité destiné à réduire le déficit budgétaire et alimenté par les banques, les assurances, les opérateurs de téléphone. « Autant dire par le roi, qui possède tout cela. Résultat : le projet a été retiré. On verra bien si le nouveau gouvernement pourra dire non dans ce genre de situation. »

« Des pas de géant ont été accomplis en matière de libertés et de partage du pouvoir, s'insurge Abdelwahed Radi, premier secrétaire de l'Union socialiste marocaine. Pourquoi dire que ces réformes ne seront pas appliquées ? C'est un procès d'intention. »
Marc MAHUZIER. Source: OuestFrance

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