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19 mars 2015

Tunisie, un drame annoncé


attentat-tunisie


Le terrible attentat qui vient d’avoir lieu en Tunisie a fait subitement réagir la presse subventionnée :

« La lente montée en puissance du péril djihadiste en Tunisie »
Depuis la révolution de 2011, la menace terroriste a toujours été présente en Tunisie.
Pas un mois ne se passe sans que les forces de sécurité ne soient prises à partie par des terroristes, ou ne rendent compte de la découverte d’une cache d’armes ou de l’arrestation de suspects.
Le Figaro, 19 mars 2015

À l’époque, ni les médias ni les (ir)responsables politiques n’avaient anticipé les suites possibles des prétendus Printemps arabes :
« Tunisie : la diplomatie Française pro-ennahdha a-t-elle joué avec le feu ? »

L’africaniste Bernard Lugan, interdit sur les médias mainstream, avait mis en garde contre les apparences de démocratisation de l’Afrique du Nord (vidéo) :
« Printemps arabe, histoire d’une tragique illusion »

Mais le pire était à venir : si le changement des régimes corrompus d’Égypte et de Tunisie était nécessaire et la révolte des peuples légitimes, la situation aurait pu, cahin-caha, se stabiliser s’il n’y avait eu la catastrophique intervention militaire française en Libye.

Le renversement du régime de Kadhafi, tout critiquable qu’il était, a déstabilisé toute le zone saharo-sahélienne, et les attentats qui viennent de frapper la Tunisie en sont, d’une façon ou d’une autre, l’une des multiples conséquences.

Timidement, la presse subventionnée commence à faire des rapprochements :

« Tunisie : les assassins du Printemps arabe »
À la menace que constituent les groupes djihadistes identifiés s’ajoutent désormais les centaines de jeunes combattants de retour de Syrie ou de Libye.
Désormais, la Tunisie doit faire face à un terrorisme diffus, infiniment plus difficile à éradiquer. Selon une estimation récente, environ 3 000 jeunes Tunisiens, pour la plupart des laissés-pour-compte duPrintemps, sont partis combattre en Syrie, en Irak ou en Libye.
Le Point, 19 mars 2015
Sarkozy-BHL
« C’est bon pour… » qui ?

Bernard Lugan avait prévenu dès février dernier :
« Libye : qui présentera l’addition à Sarkozy, Juppé et BHL ? "

Au mois de mars 2011, à l’issue d’une campagne médiatique d’une rare intensité initiée par BHL, Nicolas Sarkozy décida d’entrer en guerre contre le colonel Kadhafi avec lequel il était encore dans les meilleurs termes quelques mois auparavant […]
Les raisons de ce conflit aux conséquences à ce point dramatiques qu’une intervention internationale paraît aujourd’hui indispensable sont toujours aussi mystérieuses […]
Quoiqu’il en soit de ses causes officielles ou officieuses, réelles ou supposées, étayées ou fantasmées, le résultat de cette guerre « pour la démocratie et les droits de l’Homme » est catastrophique :
  • Les alliés islamistes du Qatar et de la Turquie ont pris le contrôle d’une partie des approvisionnements gaziers et pétroliers de l’Europe
  • Daesh a lancé une entreprise de coagulation des milices islamistes. Celles qui lui ont fait allégeance contrôlent une partie de la Cyrénaïque, et à l’ouest, elles sont sur la frontière tunisienne. Partout, elles font régner la terreur
  • L’Égypte est directement menacée, ainsi que la Tunisie et l’Algérie
  • Au sud, le Tchad et le Niger sont en première ligne, alors qu’avecBoko Haram, un second front islamiste s’est ouvert sur leurs frontières.
Face à ce désastre, comme s’ils étaient étrangers au chaos qu’ils provoquèrent, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé aspirent à la plus haute charge de l’État français.
Quant à leur inspirateur guerrier, il continue à promener sa superbe et son échancrure de col sur les plateaux des télévisions…
Bernard Lugan, 18 février 2015
bhl-degage
Accueil de BHL à Tunis : les principaux concernés avaient déjà tout compris.

Dans son édito du 3 mars, le même enfonçait le clou :

À l’exception du Maroc, toute l’Afrique du Nord est en guerre :
  • L’Égypte est prise entre deux fronts djihadistes, celui du Sinaï à l’est et celui de Libye à l’ouest ; sans parler de la subversion intérieure qui se manifeste par des attentats quotidiens.
  • En Libye les dernières structures étatiques ont achevé de se dissoudre dans des affrontements aux formes multiples à travers une fragmentation régionale et tribale que Daesch tente de coaguler.
  • La Tunisie ne parvient pas à réduire ses maquis islamistes.
L’attaque du 18 mars était donc parfaitement prévisible, et il a fallut attendre la mort de touristes pour réveiller l’opinion publique.

D’autant plus que cet attentat ne doit rien au hasard :
« Tunis : impact terrible pour le tourisme »
« Tunis : les dessous d’une opération très bien préparée »

Les terroristes ont voulu frapper l’économie tunisienne, l’opinion internationale et galvaniser les djihadistes.
Depuis la révolution, on dénombre 57 morts parmi les forces de l’ordre et près de 200 blessés.
Les groupes armés qui agissent dans le Nord-Ouest, aux frontières libyennes et algériennes, ont hier mis le cap vers le nord, à Tunis.
Le Point, 19 mars 2015
Une prise de conscience tardive qui risque de ne pas suffire (les guillemets accolés au mot chaos sont signés du pigistes du Figaro…) :
Henri-Guaino
« Henri Guaino reconnaît un “chaos” en Libye »

Le « chaos » règne-t-il en Libye, quatre ans après la chute du régime de Khadafi, interroge France Inter au lendemain de l’attentat de Tunis ?
« C’est vrai ! », a répondu Henri Guaino.
« Je vous rappelle que la politique est toujours confrontée à des questions tragiques. La question s’est posée de savoir s’il fallait laisser massacrer un million d’habitants (?!) ou intervenir. »
Nicolas Sarkozy a choisi « en conscience », a-t-il affirmé.
« Les conséquences, c’est vrai, c’est le chaos… mais c’est la conséquence de tous les Printemps arabes », a-t-il poursuivi.
Le Figaro, 19 mars 2015


Une stupéfiante démonstration de cynisme et de chutzpah qui démontre que les politiques autant que les journalistes, même devant des évidences devenues irréfutables, persistent dans leurs délirantes analyses : aucune vision globale de la situation !

De bien mauvais augure pour les prochaines décisions qui seront prises en matière de politique étrangère…

Mais heureusement, Le Parisien nous rassure : « Une cellule psychologique spéciale » a été mise en place. Ouf !

Source: Q+

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