Beyrouth |
-L'EMANCIPE-
Pour la seconde fois, l'équipe de l'Emancipé a choisi de parler d'un sujet qui lui tient à cœur. Il s'agit de la défense des opprimés. En effet, était non pas qu'un "précepte" religieux, tout humain, se doit de défendre les opprimés (de la psedo justice qui uniformise le vice, que l'on peut appeler "Démocratie", ou bien des régimes de répressions tel que le Bahreïn).
Avant de toucher ce sujet et les versets qui y sont relatifs, un point doit être mentionné. Doit etre affirmé que la permission du djihad est sujette à certaines conditions.
Quelles conditions?
L’une est que le côté en opposition soit un état d’agression. Ceux qui forment ce côté nous attaquent, et du fait qu’ils se battent contre nous, nous devons les combattre. Est-ce que les conditions du djihad sont limitées à ceci seulement? Ou y a-t-il d’autres facteurs?
Peut-être que l’autre côté ne propose pas de nous battre, mais est coupable d’une grande injustice envers un autre groupe d’êtres humains, et nous avons une capacité à sauver ces êtres humains des grippes de cet agresseur. Si nous ne les sauvons pas, ce que nous faisons en réalité est aider l’ oppression de cet oppresseur contre l’opprimé. Nous pouvons être dans une situation où une partie n’a pas transgressé contre nous mais a commis quelque type d’injustice contre un groupe d’un autre peuple, qui peut être musulman, ou qui peut être non-musulman. S’ils sont musulmans – comme le drame d’aujourd’hui des Palestiniens qui ont été exilés de leurs maisons, dont les biens ont été saisis, qui ont été sujets à toutes sortes de transgression – alors que pour le moment, le transgresseur n’a pas d’intentions contre nous, est-il permis pour nous dans de telles circonstances de se presser au secours de ces musulmans opprimés et de les délivrer, ou ceci n’est-il pas permis?
Assurément, ceci aussi est autorisé. En réalité, cela est obligatoire. Ce ne serait pas un cas de commencement des hostilités; ce serait accourir à la défense de l’opprimé, notamment s’ils sont des musulmans, pour les délivrer des griffes de l’oppression.
Mais si la personne ou la partie tyrannisée n’est pas musulmane, alors la tyrannie peut être de deux types. Il y a un temps où l’oppresseur a placé un peuple dans un vide et bloque l’appel de l’ Islam. L’Islam se donne le droit de diffuser son message à travers le monde, mais ceci dépend de l’existence de la liberté pour qu’il se répande.
Imaginez un gouvernement qui dit aux musulmans qui délivrent l’appel de l’Islam à une nation:
« Vous n’avez pas le droit de dire ce que vous dites. Nous ne le permettons pas ». Dans ces circonstances, il ne nous est pas permis de nous battre avec cette nation, avec ce peuple qui est innocent et qui n’est pas au courant.
Mais nous est-il permis de nous battre contre ce régime corrompu qui s’appuie sur une idéologie putride qu’il utilise comme une chaîne autour du cou du peuple pour l’emprisonner dans un sentier aveugle, isolé de l’appel de la vérité; un régime qui agit comme une barrière contre cet appel? Nous est-il permis de combattre ce régime afin de retirer cet obstacle? Ou, en termes concrets, nous est-il permis de nous battre contre cette prison de répression ou non? Du point de vue de l’Islam, ceci est aussi autorisé du fait que ceci serait en soi un soulèvement contre l’oppression, contre l’injustice et la tyrannie. Il se peut que ceux qui subissent le tort, les opprimés, ne soient pas conscients de la nature de l’injustice et n’aient pas demandé de l’aide, mais il n’y a en fait pas besoin qu’ils le requièrent.
La recherche de l’aide est une autre question; supposons que les opprimés nous demandent de l’aide, est-il permis ou obligatoire pour nous de les aider? Même s’ils ne demandent pas de l’aide, nous est-il toujours permis de les aider, ou même obligatoire? La réponse est qu’il n’est pas nécessaire pour eux de rechercher notre aide. Le simple fait que les opprimés soient oppressés, qu’un régime oppressif ait érigé un mur, une barrière, pour son propre bien-être, empêchant une nation de devenir consciente de l’Appel là où résident la prospérité et le bonheur de cette nation, Appel qu’ils accepteront certainement s’ils l’ entendaient et en devenaient avertis, pousse l’Islam à dire que nous pouvons briser cette barrière qui se trouve, entre lui et ce peuple, en la forme d’un gouvernement répressif.
Dans cet esprit, les docteurs et penseurs chrétiens ont cherché à définir les critères moraux de la guerre légitime. La réflexion de l’Eglise sur la guerre au contact des faits, a progressivement abouti au concept de guerre juste, bâti sur les principes du droit naturel. L’importance qu’ont eues les circonstances sur l’élaboration et l’évolution de cette doctrine justifie que l’on s’interroge sur le sens et la valeur que l’on doit aujourd’hui lui attribuer.
Position actuelle de l'Eglise Chrétienne
Dans un entretien avec Wolf Blitzer en 2003, Joseph Ratzinger, alors cardinal, a fait remarquer que la notion de guerre juste était complètement absente du catéchisme de l'Église catholique (depuis Vatican II...). L'Église du Vatican II ne soutient en façade aucune guerre dans le monde et "encourage tous les efforts de paix" (selon leurs dires).
Toutefois, dans Le catéchisme actuel de l'Église Catholique, no 2309, les principes d'une légitime défense avec usage de la violence reprennent les principes de ce qui était autrefois appelé la "guerre juste".
Saint Thomas (1224-1274) dans la Somme théologique (Secunda secundæ : la morale particulière) préconise.
Elle sera juste si elle respecte trois conditions sont respectés:
- elle doit être décidée par l’autorité politique légitime, qui cherche le bien de tous. Elle ne saurait être le fait d’un individu ou d’un groupe qui défend ses intérêts : elle est une affaire publique et non privée
- elle doit être engagée en vertu d’une cause juste comme, par exemple, de se défendre contre un agresseur (voir la légitime défense). Dans ce cadre, on se demandera si une guerre préventive (prévenir une menace réelle, supposée ou imaginée) peut être juste ;
- Il faut, en outre, que la guerre soit menée selon une bonne intention, car il ne suffit pas que la cause soit juste : on pourrait profiter de la juste cause pour mener une guerre en vue d’accroître ses richesses, ce qui serait injuste. Cela peut également signifier, par extension, que celui qui fait la guerre doit la faire de façon juste.
Ces principes sont repris par la Doctrine sociale de l'Église qui donne des règles strictes, et notamment que pour être licite, l'usage de la force doit répondre à:
- ce que le dommage infligé par l'agresseur soit durable, grave et certain (justification)
- ce que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces (négociation)
- ce que soient réunies les conditions sérieuses de succès (interdiction des attaques suicide)
- ce que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer.
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