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11 nov. 2013

Atlas des usages des substances psychoactives : un simple hit parade des régions ?

La publication par l’INPES d’un Atlas des usages des substances psychoactives en 2010 en France » a été l’occasion d’un exercice de communication assez significatif. Pour de nombreux médias, cet atlas a rejoint les classements et hit-parades très à la mode, et sensés informer le lecteur : Où fait-on le mieux la fête ? Quels sont les meilleurs lycées ? Le palmarès des hôpitaux, celui des grandes écoles… Et Internet a été submergé d’articles donnant les classements, par région, âge, produits, etc…

A ce jeu, la Bretagne et le Nord - Pas de Calais, souvent automatiquement traités de mauvais élève, ont sauvé leur réputation : le bonnet d’âne a changé de tête, retombant sur la région Languedoc Roussillon.
D’autres ont pu s’amuser de voir qui pratique le plus la chicha (Ile de France et paca), ou s’interroger sur le pourquoi d’un haut niveau d’alcoolisation quotidienne en Midi Pyrénées, alors qu’elle baisse majoritairement en France et laisse place à la culture de l’ivresse. On peut envier la Picardie, l’Alsace, en amélioration sur bien des paramètres ou s’alerter pour la Réunion, avec la précocité des usages, 31% des jeunes de 13 ans ayant déclaré une ivresse.

Mais au-delà de ces points de comparaison, il ne faut pas oublier l’intérêt essentiel de cette publication : délivrer une photographie, dont on peut maintenant avoir les « détails » par région, qui permet d’appréhender les évolutions des usages de substances et d'étudier le lien entre ces usages et nos modes de vie.

C’est à l’échelle d’un territoire, dans les disparités à l’intérieur d’une région, dans les écarts entre les villes et les campagnes, entre les lieux de la fête et ceux de la crise, que se repèrent au mieux l’évolution des pratiques addictives. Alors qu’en déduire ? Répondant à cette question, François Beck, responsable du Département enquêtes et analyses statistiques et directeur des affaires scientifique de l’INPES, évoquait les tensions entre ces « cultures régionales », héritières de traditions liées aux modes de vie, et une « culture de la mondialisation » qui se répand en France comme ailleurs.

Cette hypothèse va dans le sens d’autres observations, d’autres enquêtes : celles qui montrent la diversification de l’offre (boissons alcooliques de plus en plus variées, drogues illicites en évolution permanentes, e-cigarette offrant un mode moins dangereux de consommation de la nicotine, etc..), celles qui montrent la « crise de la distribution " : des buralistes coincés entre des agressions nombreuses, répétées, et une réglementation qu’ils vivent comme étouffante et stigmatisante, avec un état qui édicte des lois et interdictions, d’usage pour le cannabis, de vente aux mineurs pour l’alcool et le tabac, mais qui peine à organiser les moyens de leur application.

Cet Atlas est donc plus qu’un énième classement ou palmarès, il est un outil pour comprendre la mutation de notre société et une invitation pour mieux conduire l’évolution des pratiques professionnelle et les politiques publiques.


source : lemonde.fr

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