Blogger Tips and TricksLatest Tips And TricksBlogger Tricks

6 juil. 2013

Le « printemps azéri », c’est pour quand ?

JPEG - 21 ko
Le clan Aliyev : (de gauche à droite) le fils, la mère, le père, l’épouse, le gendre.
L’Azerbaïdjan est comprimé entre une société médiévale, qui élève son président Ilham Aliyev au rang de dieu vivant, et une société moderne qui souffre de sa corruption et de son autoritarisme. Après avoir plusieurs fois balancé entre Moscou et Washington, le pays est aujourd’hui proche des États-Unis et d’Israël. 

Malgré une croissance très soutenue (et l’exploitation de nouvelles réserves d’hydrocarbures en 2006), André Chamy s’interroge sur la patience des Azerbaïdjanais face à la répression politique.

Le déclenchement en décembre 2010 des révoltes dites « populaires », qualifiées par la suite de « printemps arabe », a plongé Bakou dans l’expectative et la crainte, tant le régime azerbaïdjanais partage de caractéristiques avec les dirigeants de certains pays arabes chassés du pouvoir. La crainte de la contagion a poussé les dirigeants en place à prendre des mesures pour se protéger. Dans la banlieue de Bakou, le buste de Hosni Moubarak qui décorait le parc dédié à l’amitié égypto-azerbaïdjanaise a été remplacé par un monument politiquement plus neutre.



De la même manière, concernant la Syrie, avec l’aggravation de la crise et la division des pays de la région entre partisans et opposants au régime du président el-Assad, l’Azerbaïdjan a tenté de poursuivre sa politique de précaution. Sans pouvoir ouvertement soutenir les opposants au régime qui exigent le départ du président syrien, la République du Caucase a exprimé sa réprobation vis-à-vis de l’emploi de la violence à l’encontre des populations civiles.

Devenu en octobre 2011 membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour une période de deux ans, Bakou s’est montré d’autant plus prudent dans son appréhension de la crise syrienne qu’il est pris en tenailles par ses deux imposants voisins turc et iranien, qui occupent des positions diamétralement opposées dans l’équation syrienne. Ankara est en effet le chef de file du camp qui exige le départ du dirigeant de Damas, tandis que Téhéran soutient ce dernier sans relâche.

La position de l’Azerbaïdjan est devenue davantage critique et audible quand les Arméniens du Karabakh ont affirmé avoir accueilli et installé dans certains de leurs districts des familles arméniennes de Syrie qui fuyaient les combats. Bakou a jugé inacceptable et illégale cette installation sur des territoires dont le statut et la souveraineté demeurent selon lui un point d’achoppement important dans ses relations avec Erevan.

En réalité, le problème est plus grave pour Bakou. Le président Aliyev doit se demander, tandis que ce fameux printemps s’approche de ses frontières, s’il pourrait donner des idées à l’opposition azerbaïdjanaise et la pousser à se lancer dans un combat similaire. Certains pays même « amis de l’Azerbaïdjan » qui font pour l’essentiel partie du club des « Amis de la Syrie » ne seraient pas mécontents qu’un changement éventuel de régime en Syrie puisse s’avérer bénéfique en termes d’impact sur l’Azerbaïdjan.

En effet, selon eux, le départ du président el-Assad, quelles que soient les forces qui lui succèderaient, risquerait d’affaiblir le puissant voisin iranien, avec lequel Bakou n’a jamais entretenu de relations faciles, si bien que l’Azerbaïdjan semble parfois se rapprocher de la Turquie et du camp anti Bachar el-Assad.

Toutefois, pour le régime d’Ilham Aliyev, soutenir le prétendu processus démocratique dans le monde arabe reviendrait à se tirer une balle dans le pied. La crainte de la contagion de la vague de contestation populaire est d’autant plus forte que de nombreuses protestations populaires contre le pouvoir en place ont eu lieu durant les mois de janvier et février 2013 à Bakou et en province. Elles ont donné lieu à de multiples arrestations et à des détentions administratives qui ne constituent pas une première dans ce pays.

Aucun commentaire: