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14 juin 2013

Un premier pas vers la dépénalisation du cannabis ?

Selon un décret publié au Journal officiel vendredi 7 juin, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) peut, à compter du lendemain, délivrer des autorisations de mise sur le marché aux « médicaments contenant du cannabis ou ses dérivés ». La France entre ainsi en conformité avec une directive européenne, datée de novembre 2001. 

Nombre de nos voisins européens ont légalisé l’usage de cannabis à des fins thérapeutiques. L’utilisation de ces médicaments sera cependant limitée à « certains patients bien définis et selon des modalités très encadrées ».
Pas question à priori d’ouvrir des pharmacies destinées uniquement à la vente de cannabis, comme en Californie. La nouvelle, passée inaperçue, serait-elle de nature à relancer le débat sur la dépénalisation du cannabis?

Pour le moment, seules ses vertus médicinales vantées depuis l’Egypte antique, sont reconnues par le gouvernement. Selon de nombreuses études parues depuis le début des années 2000, le principe actif du cannabis – le THC (tetra hydro cannabilol) – utilisé pour redonner l’appétit aux patients suivant un traitement lourd, notamment une chimiothérapie, permettrait de détendre les muscles et d’atténuer la douleur. 

Dans cette perspective, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s’était déclarée fin février favorable à la mise sur le marché de certains médicaments à base de THC, et notamment d’un spray buccal. Disponible ailleurs en Europe, le Sativex est utilisé dans le traitement des symptômes de raideur musculaire, notamment liés à la sclérose en plaques. 

La ministre de la santé rappelle que sont déjà autorisés des médicaments à base d’opiacés – substance dérivée de l’opium (à l’origine de l’héroïne et de la morphine) –, dont la vente est strictement contrôlée.

Ce sujet ne manque pourtant jamais de susciter des réactions passionnées. Daniel Vaillant, maire du XVIIIe arrondissement de Paris, et ancien ministre de l’Intérieur, favorable à « légalisation contrôlée » pour « mieux lutter contre le trafic », souligne l’échec cuisant de la politique répressive conduite par la droite, affirmant dans une interview accordée à Libération en octobre 2012, que la légalisation du cannabis à usage thérapeutique permettrait de « soulager des hommes et des femmes lorsqu’ils souffrent de maladies neuro-dégénératives, de certains cancers ou du sida. » 

Le député PS de Paris en appelait à dédramatiser le débat au nom des « patients [qui]subissent une double peine : la criminalisation de leur usage thérapeutique s’ajoutant aux souffrances liées à leur maladie. » En réponse, Camille Bedin, secrétaire générale adjointe de l’UMP, s’était alors insurgée, dénonçant l’ « écran de fumée », le laxisme d’une gauche permissive et soixante-huitarde, « se muant en dealer idéologique ». 

Malgré les études vantant les mérites des cannabinoïdes contre la douleur et l’anxiété, les médecins restent partagés. « C’est un moyen déguisé pour arriver à sa dépénalisation », s’insurge Jean Costentin, professeur de pharmacologie au CHU de Rouen. 

« Le bénéfice de ces médicaments reste d’une extrême modestie alors que les risques sont nombreux : ivresse, anxiété, dépression, poursuit-il. Et surtout, il existe d’autres médicaments sur le marché qui peuvent traiter les douleurs ou les pertes d’appétit. » Nul doute que le décret autorisant l’usage de cannabis à titre médical relance un débat qui n’est pas prêt de s’éteindre.


source : marianne.net

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