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12 juin 2013

Fume ! c’est mes bénéfs...

Illustration - Dave Martin/AP/SIPA
Malgré les contraintes anti-tabac, les cigarettiers continuent à voir la France comme une vache à lait.

En l’espace de quelques jours, les fumeurs ont pris cher : outre l’interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics à venir, deux hausses successives de 20 centimes devraient frapper les paquets de cigarettes, en juillet et octobre. 

Pas de quoi faire trembler l’industrie du tabac. Car depuis des années, les mesures anti-tabac qui s’accumulent et font hurler les cigarettiers ne sont qu’un vaste enfumage. L’interdiction de fumer dans les lieux publics - une idée soufflée à l’oreille de la ministre de la Santé d’alors, Roselyne Bachelot, par le lobby du tabac, comme nous l’a confié l’un d’eux - , les photos choc sur les paquets, les hausses de prix successives… Rien de tout cela n’affole une industrie aux bénéfices toujours aussi florissants. Au contraire. 

En focalisant l’attention médiatique sur des mesures saluées par les associations de lutte contre le tabac, les cigarettiers ont les mains libres pour préparer le coup d’après, ni vus ni connus. Ainsi, au moment où les projecteurs étaient-ils braquées sur l’interdiction des « cigarettes bonbons » aromatisées à la fraise ou à la vanille, interdites dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST), les géants du tabac faisaient passer sans entrave et dans l’indifférence médiatique leur nouveauté, la cigarette convertible qui change de goût et séduit les jeunes, leurs futurs abonnés. 

Résultat : malgré les contraintes anti-tabac, les cigarettiers continuent à voir la France comme une vache à lait. Même s’il lorgne avec envie sur l’énorme marché chinois, le numéro un mondial Philip Morris considère la France comme l’une des « cinq filiales les plus profitables », selon un spécialiste du secteur. 

Etrangement, les chiffres des cigarettiers dans l’Hexagone donnent pourtant à voir un secteur aphasique. Avec un chiffre d’affaires légèrement inferieur à 2 milliards d’euros hors taxes, leurs bénéfices culminent aux alentours de 50 millions d’euros, disent-ils. Soit une marge de 2,5%, à peine de quoi se payer un mégot. Du coup, leurs impôts sur les sociétés sont tout aussi rikiki.


Regardons de plus près le plus important d’entre eux : Philip Morris, 40% de part de marché en France. Au plan mondial, le géant, qui a élu domicile en Suisse, réalisait en 2011 un chiffre d’affaires (hors taxes) de 25 milliards d’euros pour un bénéfice net de 11,3 milliards, soit une marge nette de 45%,18 fois plus qu’en France ! 

Pour mieux percevoir ce grand écart, ramenons ces résultats à l’échelle d’un paquet. Avec un résultat de 15 millions d’euros, sur un milliard de paquets ciglés Marlboro ou Philip Morris vendus en France, chaque paquet rapporterait 1,5 centime… quand il en rapporte 24,3 en moyenne dans le monde, à en croire le rapport annuel du groupe.


On comprend mal dans ces conditions pourquoi le groupe persiste-t-il avec un tel rendement à employer 317 personnes dans l’Hexagone. Malgré la baisse des volumes constatés ces dernières années, la vente de cigarettes en France demeure un business florissant. Le chiffre d’affaire de Philip Morris y a cru de 18 % en 3 ans, tandis qu’il embauchait 53 personnes. 

En réalité, à l’instar des grands groupes, les cigarettiers pratiquent en toute légalité l’optimisation fiscale. Il est ainsi fort probable que le résultat du secteur avant de faire jouer les artifices comptables et les paradis fiscaux flirte avec le milliard, de quoi générer près de 330 millions de recette fiscale au titre de l’impôt sur les sociétés, vingt fois la facture d’aujourd’hui… 


source : marianne.net

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