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3 août 2012

Et encore une petite louche de propagande !

Titre original :  La rafle du Vel'd'Hiv, un événement pourtant bien présent dans les manuels d'histoire

Selon un récent sondage réalisé par l'institut CSA pour l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), une proportion inquiétante de nos concitoyens, en particulier chez les moins de 34 ans, ignorerait tout de la rafle du Vel'd'Hiv des 16 et 17 juillet 1942.

Au-delà des chiffres froids et implacables égrenés dans l'article du Monde du mardi 17 juillet en page 10, il convient de rappeler que ce type de constat revient fréquemment et bouleverse immanquablement chaque citoyen sensible à l'entretien d'une mémoire collective de bon aloi.

Outre-Rhin, il n'est pas rare de découvrir régulièrement des enquêtes révélant qu'une partie de nos voisins ignorerait tout de Hitler et de ses douze années de dictature féroce sur l'Allemagne puis l'Europe ! Si l'on replace ces informations dans le contexte scolaire, l'on ne peut qu'être surpris et fort perplexe. En effet, depuis les années 1970, la place de la politique antisémite du régime de Vichy n'a cessé de croître dans nos manuels d'histoire de 3e, niveau scolaire réunissant encore la quasi-totalité des élèves français avant le grand brassage de l'orientation vers les différentes filières techniques, professionnelles ou générales.

La rafle du Vel'd'Hiv est ponctuellement évoquée par les auteurs scolaires jusque dans les années 1980. C'est surtout à partir de la décennie suivante qu'elle devient un fait toujours mentionné. Certes, l'on pourra objecter que le contenu des manuels ne fait pas forcément la parole du professeur mais depuis près d'un quart de siècle, les instructions ministérielles sont claires et encouragent l'exposé des différentes facettes de l'antisémitisme du régime de Vichy, un sujet souvent donné aux candidats des épreuves d'histoire de Brevet des Collèges (Bdc). Cette volonté se trouve par ailleurs régulièrement relayée par les actions d'institutions comme le Mémorial de la Shoah de Paris, à l'attention du public scolaire notamment, par des productions télévisuelles ou cinématographiques, comme le film La Rafle de Rose Bosch, sorti sur les écrans en 2010. En outre, tout ce dispositif pour entretenir la mémoire collective de la Shoah n'est pas propre à la France, la qualité des manuels scolaires et de l'enseignement des faits n'étant plus à démontrer dans un pays comme l'Allemagne.

Que conclure alors sur ce sondage alarmant ? Une volonté de provoquer de l'émotion et du sensationnel à moindre coût ? Il conviendrait surtout de nousdonner quelques éclairages sur la manière dont il a été mené : il est bien connu que des jeunes, interrogés en groupe, se refusent bien souvent à étaler leurs connaissances, de peur de s'attirer moqueries et railleries des autres ; préoccupés par leur quotidien, laisse-t-on aux sondés un temps suffisant pourconvoquer leurs connaissances sur le sujet ?

Enfin, connaître des faits ne signifie pas forcément les restituer, ceci par paresse intellectuelle, provocation ou, plus inquiétant, par désintérêt complet pour le sujet. Il faut donc savoir raison garder face à ces enquêtes : les enseignants du secondaire et les manuels donnés aux élèves accomplissent correctement leurdevoir d'histoire et de mémoire. L'intérêt porté par les élèves aux grands événements de leur passé est un autre problème.

Bertrand Lécureur est l'auteur d'une thèse intitulée "Enseigner le nazisme et laShoah. Une étude comparée des manuels scolaires en Europe", à paraître fin 2012.
Bertrand Lécureur, docteur en Histoire contemporaine, professeur d'Histoire-Géographie au Lycée Porte-Océane, Le Havre

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