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5 juil. 2012

La fac sans le bac, c'est possible

Evidemment, il est toujours préférable d'être bachelier pour poursuivre ses études. Néanmoins, sans le bac, les portes de l'enseignement supérieur ne sont pas totalement fermées.

Julia Abdou, 26 ans, passe en deuxième année de licence (L2) de droit à Paris-X-Nanterre. Elle n'a jamais eu le bac. Et pour cause : elle a arrêté ses études à la fin du collège. "J'étais plutôt une bonne élève mais l'adolescence a tout gâché", dit-elle pudiquement. Des parents musiciens et la voilà engagée dans la petite entreprise familiale. Elle suit un peu plus tard une formation de technicienne de plateau dans une école privée d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Au bout de quatre années, elle plaque tout. "Je voulais faire du droit. En tout cas essayer. Je ne voulais pas avoir de regrets", se souvient-elle.
La jeune fille, qui n'avait jamais mis les pieds au lycée, se retrouve sur les bancs de l'université, inscrite en première année de capacité en droit. Ce diplôme en deux ans permet ensuite de rattraper un cursus "normal".

"REFROIDIS PAR LEUR PASSAGE SUR LES BANCS DE L'ÉCOLE"

La capacité en droit demeure néanmoins peu connue. Sophie Rozez, maître de conférences en droit privé et directrice de ce cursus à Paris-X-Nanterre, a réalisé une étude sur cette formation. Un constat : sur le plan national, un net infléchissement du nombre des étudiants a eu lieu au cours des années 2000. "En 2002, nous comptions 5 039 étudiants inscrits dans les 48 universités qui proposent cette formation, contre 8 215 en 1997, indique-t-elle. Pour mieux la faireconnaître, un blog a été créé, ainsi que des journées portes ouvertes."

L'université enregistre à nouveau une augmentation de ses effectifs : de moins d'une centaine d'inscriptions en 2010, à 226 en 2011. Le public est beaucoup plus jeune qu'avant, 90 % ont moins de 30 ans. "Ils sont sans le bac, ou l'ont eu ric-rac. En général, ils ont eu des parcours chaotiques. Et tous ont été refroidis par leur passage sur les bancs de l'école."

Si la capacité en droit permet de renouer avec les études, elle a aussi le mérite deproposer un enseignement pratique. "Nous ne faisons pas de grands discours. On leur propose du droit public, privé, de la famille, concurrentiel, constitutionnel... et très vite, ils étudient des cas pratiques. On part de l'expérience pour remontervers la théorie", explique Sophie Rozez. C'est ce qui a plu à Julia qui se voit avocate ou juriste plus tard.

Evidemment, il faut travailler. Manifestement, les résultats sont bons, même si le public s'avère très "volatil" en première année. "Nous avons un meilleur taux de réussite sur le diplôme qu'en première année de licence : 54,84 % contre 47 %. Toutefois, en première année, au bout d'un mois, seule une centaine vient encore en cours, 60-70 passent l'examen, et la moitié réussit", assure Sophie Rozez.

"DÈS LA 2DE, J'AI COMPRIS QUE J'ÉTAIS HORS SYSTÈME... "

Cette année, sur 45 étudiants en deuxième année, 10 sont passés en L1 et 10 y passeront en septembre. Les débouchés sont multiples : la capacité en droit permet de se présenter aux concours administratifs (greffier, gardien de la paix...), de travailler dans le privé (professions juridiques et judiciaires...). Elle permet aussi l'accession à certains IUT, BTS et aux écoles notariales.

Officiellement, aucun texte ne dit qu'il faut impérativement avoir un baccalauréat pour faire un BTS tourisme, comptabilité, secrétariat, vente... ou un DUT. Le niveau de terminale devrait être suffisant. La réalité est tout autre. Hormis les écoles privées hors contrat, rares sont les établissements qui intègrent des non-bacheliers. "C'est tout à fait exceptionnel, confirme ainsi Emilie Teychene, directrice adjointe de Grand Sud Formation, école de tourisme. Il y a un entretien préalable et il faut que le dossier scolaire soit bon. Nous avons une soixantaine d'élèves en BTS Tourisme et il peut nous arriver d'accueillir un élève non-bachelier par an mais ce n'est pas systématique." Coût de ce BTS : 4 200 euros par an. L'établissement propose aussi un diplôme d'animateur tourisme loisirs (3 000 euros pour six mois de formation), sorte de GO au Club Med. Le recrutement ne se fait pas sur le niveau scolaire mais sur les aptitudes artistiques.

Un profil, c'est un peu ce que présentait Alexandra Pétiard. Elle non plus n'a jamais eu le bac. "Dès la 2de, j'ai compris que j'étais hors système... " Elle claque la porte du lycée, suit ses cours à distance et passe son bac. Une fois. Deux fois. Sans succès. La jeune fille est prise en main par sa soeur. "Elle m'a inscrite à la fac pour passer le DAEU [diplôme d'accès aux études universitaires], que j'ai obtenu, ce qui m'a permis d'accéder à l'université". Après des études de linguistique, elle est devenue formatrice en français langue étrangère (FLE).

LE DAEU, UNE SORTE DE REMISE À NIVEAU

Diplôme national équivalent au bac, le DAEU est en réalité une sorte de remise à niveau. Il s'adresse à tous ceux qui n'ont pas le bac et qui souhaitent s'engagerdans des études universitaires. Il en existe deux : l'un à dominante littéraire et juridique, l'autre plutôt scientifique. Seules conditions : avoir 20 ans et pouvoircertifier de deux années d'activité professionnelle, ou 24 ans et avoir interrompu ses études depuis deux ans.

Thomas Le Berre a lui aussi connu une scolarité chaotique. Comme Alexandra, il a raté son bac deux fois. De petit boulot en petit boulot, il a fini par "prendre confiance en [lui-même] et par mûrir". A 27 ans, il a décidé de reprendre ses études. Aujourd'hui, il est en quatrième année de médecine à l'université de Marseille. "Après avoir obtenu le DAEU en 2008 à Aix, j'ai pu m'inscrire à la faculté de médecine où j'ai réussi le concours de première année."

Nathalie Brafman

Une géographie de la réussite au Bac

Le bac, plus on le passe, plus on a de chances de le réussir. A la session 2011, 88,3 % des lycéens des filières générales l'ont décroché. En série scientifique, on est même un point au-dessus avec quasiment neuf reçus sur dix. En redoublant, on accroît encore ses chances, et dans toutes les séries, on dépasse largement les 90 % de réussite.

En revanche, il existe bel et bien une géographie de la réussite et de l'échec. Dans les trois séries du baccalauréat général, c'est à Strasbourg et à Nantes que l'on réussit le mieux. Dans ces deux académies, bonnes élèves, plus de 92 % des candidats présents à la session 2011 ont obtenu leur sésame d'entrée dans le supérieur. En revanche, c'est à Amiens et Créteil qu'on obtient le moins souvent son bac quand on le prépare. Ces deux territoires enregistrent moins de 85 % de réussite à l'examen.


source : LeMonde.fr

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