Il y a l'avant et l'après Fukushima. Chez nos voisins, la catastrophe japonaise a déclenché un électrochoc de consciences travaillées et préparées par un débat de plusieurs décennies. L'Allemagne la première, puis la Suisse et l'Italie, où la fibre verte prospère, n'ont pas tardé à renoncer officiellement à l'atome. Ce sera 2022, par exemple, de l'autre côté du Rhin où l'on réfléchit avec tout le sérieux nécessaire à un nouveau modèle énergétique.
Lequel ? La majorité s'interroge à voix haute en France, où le nucléaire a longtemps fait consensus entre la gauche et la droite, noyauté par le puissant lobby des « sachants » issus du corps des Mines et judicieusement placé aux leviers de cette industrie. Nathalie Kocsiusko-Morizet, ministre sortante de l'Environnement, en fournissant la plus récente et la plus éloquente des illustrations.
La campagne présidentielle a clivé les positions. Portant les espoirs de la gauche, François Hollande s'est ainsi engagé à diminuer progressivement la part nucléaire de notre production électrique de 74 à 50 % avant 2025.
Promesse d'estrade ? Le rapport de la Cour des comptes rédigé dans le sillage de Fukushima et rendu public fin janvier, a mis en évidence la nécessité de travaux urgents, multiples et évidemment bien plus onéreux qu'il n'avait été envisagé.
Cette sécurisation de nos centrales ne sera pas sans conséquences sur les tarifs de l'électricité française quasi bradée jusqu'ici au regard des barèmes appliqués dans le reste de l'Europe. « En incluant toutes les contraintes nous arrivons au même prix que l'éolien », plaide Eva Joly. La candidate EELV dénonce « le lobby nucléaire, incluant politiques, hauts fonctionnaires savants et médias, confortant le mythe de l'indépendance et de la sûreté énergétique. Un État nucléaire, appuie l'ex-magistrate,est par nature fondé sur le mensonge et le secret. Chez nous, la probabilité d'un accident atteint un sur six par décennie ».
lanouvellerepublique.fr
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