Leader européen
En culture conventionnelle, la filière nationale de chanvre représente 6 000 à 7 000 ha, (surtout dans l'Aube), dont la paille est utilisée pour la fibre. La France est d'ailleurs leader européen avec 50 % de la production. La filière biologique est moins développée (300 ha). La filière bretonne regroupe à elle seule 220 ha, chez 25 producteurs. Ils récoltent environ 120 t. de graine et 400 t de paille par an. Implantée en Centre Bretagne, l'entreprise L Chanvre bénéficie de 15 ans de pratique de terrain, exclusivement en chanvre biologique. Côté production, le chanvre se plaît dans les terres franches, humifères et profondes, abondamment pourvues en eau et en éléments fertilisants. Il accomplit son cycle végétatif en 120 jours, ce qui explique son exigence en eau. Il lui faut aussi de 50 à 80 unités d'azote. Le sol se prépare comme une terre à maïs, suffisamment tôt pour une bonne accumulation de l'eau et une dégradation de la matière organique. Le chanvre exige une terre ressuyée. Le semis a lieu de fin avril à début juillet, selon les besoins en paille. C'est une bonne tête d'assolement et une culture nettoyante à cycle court, qui pourra attirer l’intérêt des agriculteurs bio.
En moyenne, 1 t de graines /ha
« Le rendement (en graines) varie de 800 kg à 1 200 kg sec (8 % d'humidité et moins de 2 % d'impureté) », explique Christophe Latouche de L Chanvre. « Le prix d'achat des graines de chanvre bio se situe autour de 1 €/kg (graines aux normes), ce qui correspond à un produit de 800 à 1 200 €/ha, dont il faut retirer environ 160 € de semences et 120 à 130 € de battage ». Le rendement en paille varie de 2 à 7 t./ha. On peut l'utiliser en matériaux pour le bâtiment, en litière asséchante pour les animaux ou en paillage horticole. « Globalement, la valorisation actuelle de la paille est faible et très incertaine, sans contrat ». L'entreprise L chanvre, implantée à Lanrivain (22), a acquis un savoir-faire dans la fabrication de produits de haute qualité diététique à partir des graines de chanvre (huile, farine, graines décortiquées, produits cosmétiques), fabriqués sur le site de Saint Antoine à Lanrivain. L'huile est le principal produit. Mais l'entreprise fabrique aussi de la farine, sans gluten, riche en protéines et vendue en complément alimentaire pour être incorporée dans les crêpes, les galettes, les pains briochés ou les pâtes alimentaires. Après trituration, le tourteau est rétrocédé aux éleveurs de vaches laitières.
Maturité et séchage
Le chanvre est une plante dont les caractéristiques qualitatives sont fragiles et peuvent être perdues si on ne les respecte pas. « À la récolte, il faut être vigilant sur le degré de maturité, sur les réglages de la moissonneuse-batteuse et sur le transport de la graine jusqu'au séchage et triage. Elle ne doit pas être abîmée, sous peine de perdre ses principes essentiels. Ceci nous a obligé à maîtriser la récolte de A à Z en dédiant des moissonneuses-batteuses et une remorque spécialement aménagée et ventilée. Nous avons également mis en place une installation unique de séchage-triage-conditionnement performante pour traiter rapidement les volumes récoltés ». « La graine est bien plus riche en protéines que celle de soja. Il y a plus d'Omega 3 dans le chanvre que d'Oméga 6 dans le colza (pour le chanvre ¼ d'Oméga 3 pour ¾ d'Oméga 6). L'huile obtenue est utilisée en préparation alimentaire, sans cuisson, mais aussi en cosmétique ». Grâce à son savoir faire, Christophe Latouche obtient une huile d'une qualité chimique et organoleptique de haut niveau, riche en anti-oxydants. En 2011, il a évalué ses besoins à 70 t de graines/an. « Ces besoins continueront à se développer car des recherches sont en cours pour mettre au point d'autres process et produits innovants ». Patrick Bégos
paysan-breton.fr
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