Une association proche de l'Opus Dei poursuivie pour travail illégal a été relaxée jeudi par le tribunal correctionnel de Paris, une décision qui a déçu la partie civile, mais a réjoui l'Opus Dei, exaspérée par "l'acharnement" de l'accusation.
Etaient poursuivis devant la 31e chambre correctionnelle l'Association de culture universitaire et technique (Acut), ainsi que deux de ses salariés: Claire Bardon de Segonzac, directrice de l'école d'hôtellerie de Dosnon et Agnès Duhail, secrétaire au château de Couvrelles, deux établissements de l'Aisne qui dépendent de l'Acut.
Estimant que les délits de "travail dissimulé" et de "rétribution contraire à la dignité" étaient bien constitués dans plusieurs écoles hôtelières gérées par l'Acut, le parquet avait requis à l'audience de septembre 30.000 euros d'amende contre l'association et 6.000 euros contre chacune des prévenues.
L'avocat de l'unique partie civile, Me Rodolphe Bosselut, se disait jeudi "déçu" du jugement, mais "pas surpris". "L'extrême hostilité du tribunal vis-à-vis de ma cliente me laissait entrevoir cette décision", a-t-il réagi, avant d'annoncer qu'il allait faire appel.
Quant à l'Opus Dei, qui depuis le début de l'enquête martèle qu'elle n'a rien à voir avec ce dossier, elle a immédiatement publié un communiqué de satisfaction.
"Au terme de dix ans de procédure, la justice n'a constaté aucune irrégularité ni dans les enseignements pratiques ou théoriques dispensés à l'école hôtelière Dosnon, ni dans le fonctionnement de l'Acut", s'est-elle réjouie.
"Durant les dix années d'enquête, l'accusation s'est acharnée, en vain, à impliquer l'Opus Dei", s'est-elle plainte, regrettant "l'amalgame orchestré par la partie civile qui, en médiatisant ce jugement, a cherché à colporter une image caricaturale de l'institution".
Le début de l'affaire remonte à 2001 par une plainte de Catherine Tissier. La jeune femme dit être entrée à 16 ans à l'Opus Dei comme "numéraire auxiliaire", y avoir prononcé ses voeux de "chasteté, obéissance et pauvreté", puis avoir été exploitée, sans rémunération, durant treize ans dans les différents établissements hôteliers de l'Oeuvre.
Les 22 et 23 septembre, la défense s'était évertuée à convaincre le tribunal que le dossier n'avait rien à voir avec l'Opus Dei.
Francis Baer, le trésorier de l'Acut, avait pourtant confirmé, les dents serrés, qu'il avait habité un temps au siège parisien de l'Opus Dei.
La représentante du ministère public Flavie Le Sueur avait d'ailleurs estimé que "le statut de numéraire auxiliaire" était "le fondement de ce dossier". Ce statut, qui n'existe qu'à l'Opus Dei, s'applique à des femmes chargées des tâches domestiques.
Dans son jugement, le tribunal s'est pourtant refusé à évoquer ces "numéraires auxiliaires". S'il parle souvent de la "religion", jamais il ne cite la confession dont il parle.
Pour le tribunal, les accusations de Catherine Tissier concernant le travail dissimulé "ne sont pas démontrées".
Quant à ses déclarations selon lesquelles, aucun salaire ne lui aurait été versé, le tribunal les écarte car, dit-il, ces salaires ont été déclarés à l'URSSAF.
Seulement, ce n'est pas ce que disait Catherine Tissier. Elle reconnaissait que ses salaires lui avaient été versés, mais assurait n'avoir jamais vu la couleur de cet argent, car un membre de l'Opus lui ordonnait de signer des chèques en blanc et les remplissait à sa place.
Enfin, le tribunal reconnaît que "certains salariés de l'Acut sont occupés à de nombreuses tâches qui ne sont pas rémunérées", mais poursuit-il, "le choix de ce bénévolat a été opéré sans contrainte".
© 2011 AFP
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