Le Premier ministre libyen, Abdel Rahim al-Kib, avait promis un gouvernement de «technocrates». Il a finalement dû composer avec les ambitions politiques des révolutionnaires et les rivalités régionales. «Je peux rassurer tout le monde : toute la Libye est représentée dans le gouvernement», a-t-il déclaré.
Le ministère de la Défense, probablement le plus important alors que le pays doit se doter d’une nouvelle armée, échoit donc à Oussama Jouili, un enseignant devenu chef du conseil militaire de Zintan (Ouest). Une manière de reconnaître le rôle des combattants du djebel Nefoussa dans la prise de Tripoli, à la fin août. Les thuwar («combattants révolutionnaires») de Zintan sont également responsables de la capture, samedi, de Saïf al-Islam Kadhafi, fils et ancien successeur désigné du Guide libyen.
Dans un souci évident d’équilibre, Abdel Rahim al-Kib a nommé un chef rebelle de Misrata, Faouzi Abdelal, au ministère de l’Intérieur. Sa ville, à 250 km à l’est de Tripoli, fait figure de cité martyre de la révolution. Assiégée durant plusieurs semaines au printemps par les forces kadhafistes, elle a, elle aussi, envoyé des combattants pour la prise de Tripoli. Ce sont également des thuwar de Misrata qui ont capturé Muammar al-Kadhafi et son fils Mouatassim à Syrte, le 20 octobre.
Plus surprenant, le ministère des Affaires étrangères revient à Bin Hayal, un diplomate peu connu originaire de Derna (Est). La décision a étonné les pays occidentaux qui s’attendaient à la nomination de Ibrahim Dabbashi, ambassadeur adjoint aux Nations unies. Autre surprise, Ali Tarhouni est remplacé au ministère du Pétrole et du Gaz par Abdelrahmane ben Yazza, un ancien dirigeant de la compagnie pétrolière italienne ENI. Apprécié par les diplomates occidentaux, Tarhouni était considéré comme le véritable homme fort du gouvernement intérimaire.
L’annonce de la composition du nouvel exécutif libyen a suscité peu de réactions, hormis celle de la minorité berbère, qui s’estime sous-représentée en ne recevant que le poste de vice-ministre de la Culture. Elle a annoncé le gel de ses relations avec le Conseil national de transition.
Les mouvements islamistes n’ont, eux, obtenu aucun ministère alors qu’ils comptaient imposer Abdelhakim Belhaj, gouverneur militaire de Tripoli, à la Défense. De plus en plus isolé, l’ancien émir du Groupe islamique des combattants libyens apparaît désormais en sursis.
Par LUC MATHIEU Source: Le Monde
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