Ouvriers et cadres toujours aussi inégaux devant la mort

De fortes inégalités sociales face à la mort demeurent depuis vingt-cinq ans, selon une étude de l'Insee. Les hommes cadres de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans et les hommes ouvriers 41 ans.

Les inégalités sociales sont à l'oeuvre dès la naissance. Et elles s'observent jusque dans la mort. Un homme cadre de 35 ans peut ainsi espérer vivre encore 47 années supplémentaires, alors qu'un ouvrier du même âge décédera en moyenne 41 ans après, selon les derniers chiffres publiés par l'Insee . Le risque de mourir précocement est également plus élevé : un homme de 35 ans a 13 % de risque de mourir avant 60 ans s'il est ouvrier, contre 6 % s'il est cadre. Le même contraste s'observe aussi entre les femmes cadres et les ouvrières.

Ces disparités s'expliquent par la nature des professions exercées : les cadres ont moins d'accidents du travail et contractent plus rarement des maladies professionnelles que les ouvriers. Le moindre recours aux soins chez les ouvriers est aussi un facteur d'explication. Enfin, l'état de santé lui-même peut entraîner le basculement dans une catégorie sociale moins favorisée : un problème de santé peut empêcher le maintien dans l'emploi ou rendre plus difficile le déroulement de carrière.

Moins d'alcool et de tabac pour les femmes

Les écarts entre cadres et ouvriers s'atténuent avec l'âge pour une raison simple : plus on avance en âge, plus les personnes fragiles et exposées à des risques professionnels ont des chances d'être déjà décédées. Le plus préoccupant reste la persistance de ce phénomène depuis 25 ans. En 2000-2008, la différence d'espérance de vie entre ouvrier de 35 ans et un cadre du même âge était de 6,3 années (3 ans chez les femmes). Un chiffre identique depuis le début des années 1980.

Une fois n'est pas coutume, les femmes sont sur ce plan logées à meilleure enseigne que les hommes. Même les ouvrières, qui sont les femmes les moins favorisées en termes d'espérance de vie, vivent 1,5 année de plus que les hommes cadres, les plus favorisés à cet égard. D'abord parce que les femmes, toutes classes sociales confondues, consomment moins d'alcool que les hommes. Après 60 ans, elles fument également moins. Et avant 60 ans, elles bénéficient d'un meilleur suivi médical en particulier durant la vie féconde, ce qui peut améliorer leur espérance de vie.

Source: Les Echos