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11 oct. 2011

Franc maçonnerie à Dunkerque,trois siècles d'histoire locale

Le Grand Maître de la Grande Loge de France, Alain-Noël


Nous sommes l'an 6 011 selon le calendrier de la Grande Loge de France (GLDF). Cette année est particulière. D'abord parce qu'il y a 290 ans - le 13  octobre 1721 - la première loge apparaissait à Dunkerque.
Mais aussi car une troisième loge a été intégrée à la GLDF ce 17 septembre. Rencontre discrète et anonyme avec deux francs-maçons du Dunkerquois, région qui compte pas moins de 19 loges, toutes obédiences confondues.Ils sont près de 200 francs-maçons de la GLDF à Dunkerque. Près de 300 "frères" si on considère la Flandre maritime et intérieure, répartis sur une trentaine de loges. L'actualité de ce mouvement qui perdure depuis près de trois siècles à Dunkerque, a été prétexte à mettre en lumière ce qui reste habituellement dans l'ombre.« Nous sommes discrets mais pas secrets », nuance Théophile*, retraité, franc-maçon depuis 31 ans. Alexandre*, lui, est entré en 1994. Ils fréquentent tous deux les loges locales : Amitié et Fraternité, créée en 1721, Coeurs des dunes (2002) et donc la Philadelphie qui a vocation à accueillir également des frères de Gravelines.

« Amitié et Fraternité est la première loge créée en Flandre maritime et intérieure, explique Alexandre. Elle a ensuite créé plusieurs autres loges à Hazebrouck, à Bailleul, mais aussi la loge Lumière du Marais qui a vocation à rayonner sur l'Audomarois. Cela permet une mixité socioprofessionnelle et de rapprocher les maçons. La Philadelphie installée, ça nous donne de multiples possibilités... » Tous deux, avec 20 autres personnes, ont participé à la renaissance de cette loge qui était en sommeil et qui comble « un désert maçonnique entre Calais et Dunkerque. » La Philadelphie date en réalité de 1740. C'était à la base une loge de marins. Certains venaient de... Philadelphie.



Esprit... de synthèse
Mais qu'est-ce qu'être franc-maçon aujourd'hui ? « Nous travaillons sur l'Homme, sur soi, c'est une école mutuelle, explique Alexandre.
On peut y évoluer et grandir individuellement.» Une méthode rigoureuse à développer la conscience de chacun. Les sujets de réflexion sont parfois abstraits et intemporels : « Ils peuvent porter sur les outils, l'équerre, le compas, sur la notion de pierre brute, pierre polie. En fait, la pierre brute, c'est nous », expliquent Théophile et Alexandre. « Nous sommes comme des ordinateurs, reprend Alexandre. Si on y met du bon, il ressortira du bon. Si on y met du mauvais, il ressortira du mauvais. Notre but est de faire ressortir le bien, car nous sommes tous des humanistes ! » Les maçons disent aussi travailler sur des sujets sociétaux comme la tutelle et la curatelle, la solidarité entre génération. Les résultats de leurs travaux sont acheminés vers des politiques, « après, ils en font ce qu'ils veulent... » Ils peuvent considérér des sujets locaux comme le carnaval, « mais toujours sur l'aspect symbolique ! » Le symbole, un mot qui revient très souvent... 
Plancher sur une planche 
Les maçons travaillent par planche, c'est-à-dire, un sujet. Chacun peut s'exprimer, apporter son idée, ce qu'il sait. « Ensemble, on s'enrichit au contact des autres. C'est l'école des hommes qui apprennent au contact des hommes », explique Théophile.
« Nous travaillons à voir ce qu'il y a au degré supérieur. À s'enrichir et se perfectionner intellectuellement, renchérit Alexandre. Mais une fois qu'on a fini de parler, on ne peut plus prendre la parole. Nous devons travailler avec l'esprit de synthèse pour intéresser tout le monde... » L'atelier est guidé par un président chargé d'animer les échanges. La réunion se termine toujours par des agapes... 
Une structure initiatique 
Codes, rites, symboles rythment la vie d'une loge. Qui n'est pas maçon est profane. Certains passent la frontière. Un jour. À leur demande et/ou par cooptation. Après entretiens et questions biens précises. Après acceptation aussi des candidatures si elles sont considérées comme « perfectibles. » Chaque candidat passe ensuite "sous le bandeau" où il doit répondre à un flot de questions posées par tous les maçons. Ce rite l'invite « à aller au fond de lui-même. » Les maçons votent pour ou contre. Les refusés ne verront jamais la lumière de la loge. Ni les visages qui la composent. N'apporte pas qui veut sa pierre au temple... « C'est difficile d'y rentrer, mais c'est facile d'en sortir, ce n'est pas une secte ! », lance Théophile.
« Nous sommes fiers d'y appartenir... Il nous y arrive d'y aller avec les pieds lourds, mais une fois qu'on y est, les soucis s'évaporent », explique Alexandre qui résume les qualités d'un maçon : être posé, calme, constructif, fraternel. « On essaye de trouver une vérité - s'il en existe une -, qu'on puisse atteindre un jour, cette vérité... » 
Retrouvez dans notre édition du 05 octobre le vrai-faux de la fran-maçonnerie ainsi qu'une interview d'Alain Noëm Dubart, Grand Maître de la Grande Loge de France.

Suzanne URGACZ 
- * À leur demande, l'anonymat des maçons a été préservé.
- www.gldf.org


Source: Le Phare Dunkerquois

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