Ouvriers intoxiqués : le monoxyde de carbone en cause

Sur le chantier où huit ouvriers ont été intoxiqués mardi, l'enquête a débuté.

Les premiers symptômes sont apparus mardi, en début de soirée. Sept ouvriers ont été pris de nausées, tandis qu'un huitième souffrait de maux de tête. Ce dernier a été évacué par les pompiers vers le centre hospitalier d'Auch et les autres, plus gravement touchés, ont été transportés vers des structures d'accueil à Toulouse. Leur pronostic vital ne serait pas engagé et plusieurs d'entre eux seraient déjà sortis.

Dans les centres de soins, ils ont été placés dans des caissons hyperbares qui fonctionnent sur le principe des vases communiquant : à l'intérieur, le taux d'oxygène largement supérieur à la moyenne permet d'évacuer le monoxyde ou le dioxyde de carbone.

Ils travaillaient pour une entreprise sous-traitante, domiciliée en Haute-Garonne. Ils étaient chargés de couler une dalle, au rez-de-chaussée d'un immeuble de 36 logements sociaux en construction, chemin du Baron à Auch (lire « Sud Ouest » d'hier). Après avoir coulé le sol, ils ont attendu que celui-ci sèche. C'est en retournant sur leur chantier que l'intoxication a eu lieu.

N'évacuer aucune piste

L'Unité territoriale Gers Direccte (ancienne Direction du travail) a commencé à mener son enquête sur place dès hier matin. Elle se fait en parallèle de celle de la police, et doit déterminer si le Code du travail a bien été respecté. Si ce n'est pas le cas, elle doit qualifier juridiquement les fautes commises par l'entreprise et transmettre le dossier au parquet.

D'après les premières constatations, les émanations de monoxyde de carbone seraient venues de plusieurs engins thermiques employés pour de tels ouvrages. Pourtant, des extracteurs d'air avaient été prévus. Pour Michel Balmas, directeur adjoint au travail, il faut rester prudent : « Les machines pour aérer étaient-elles en place, et suffisantes pour le renouvellement de l'air ? Toutes les procédures ont-elles été respectées ? » Il n'exclut aucune piste : « Comment cette intoxication s'est-elle produite ? Avec le monoxyde rejeté par des engins ou alors par l'interaction de différents produits chimiques ? » Tout cela sera déterminé après une analyse fine et précise des prélèvements qui ont été effectués.

Au parquet d'Auch, on se contente d'évoquer une « enquête en cours », tandis que du côté des enquêteurs, on n'aurait relevé aucun délit notable à ce stade des investigations.

Dès hier, le chantier avait repris son cours normal, si ce n'est au rez-de-chaussée où s'est produit le drame qui a été sécurisé par la police.

Grégoire Morizet