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12 mars 2014

Comment la France a volé une part du contrat d’armement libano-saoudien

150 millions de dollars : tel est le prix de la première violation française du don saoudien offert à l’armée libanaise pour moderniser son armement.

Selon le quotidien libanais asSafir, à peine les négociations sur la liste des armes françaises que demande le Liban terminées qu’ une entreprise militaire française, en l’occurrence, la société Audass, a touché la commission de 150 millions de dollars pour médiation, soit 5 pour cent de la totalité du don saoudien.

Sachant que l’une des conditions de l’accord stipule l’interdiction de la présence de toute partie tierce ou médiatrice dans le contrat d’armement entre la France et le Liban.

Une condition posée par le président de la Cour royale saoudienne cheikh Khaled al Thouaujiri qui a insisté pour qu’aucune compagnie d’industrie militaire ne s’ingère dans les négociations entre le Liban et la France afin de pouvoir consacrer la totalité du don à l’achat d’armes , de munitions et d’engins conformément à un plan quinquennal de l'armée libanaise , et sur la base de négociations d’Etat à Etat .

Mais il semble que l'ancien chef d’Etat-major français Edward Guillou et président du conseil d'administration d’Audass , a réussi avant la fin de sa carrière militaire le 15 Février dernier , à s’imposer en tant que partie intermédiaire dans la transaction avec l'Arabie Saoudite et ce contrairement à ce qui était convenu au départ.

Ainsi, Guillou a personnellement supervisé les négociations d’armement en présentant à l'état-major militaire libanais lors de sa visite à Beyrouth le 20 Janvier dernier sa liste des armes à livrer et ce dans le but d’ accélérer la réalisation de l'opération avant le 15 Février .

Et quand, une délégation de l’état-major libanais (accompagné par le commandant de la Garde républicaine libanaise ) s’est rendu en Arabie pour négocier avec les Saoudiens le 7 Février de l'année dernière , quelle fut sa surprise de constater la présence de l'amiral Guillou à la réunion. 

Selon asSafir, ce dernier s’est montré impatient de conclure la transaction profitant du zèle de Tuwaijri à exécuter rapidement le contrat d’armement.

Selon des sources françaises, Khaled Tuwaijri a insité lors de la réunion sur les « règles du jeu » que l'affaire serait annulée si l’on contactait le ministère de la Défense saoudien. Une source française a rapporté que l’amiral Guillou a assisté à toutes les étapes des négociations avant sa retraite et s’est efforcé de lier l’entreprise Audass à l’accord. Voire, il aurait persuadé le président François Hollande que sa compagnie a reçu l’aval des Saoudiens pour participer dans ses accords.

Toujours selon des sources françaises proches des négociations, la société Audass a joué un rôle négatif dans ses négociations avec l’état-major libanais puisque depuis le début des discussions sur le don il n’a pas été permis aux Libanais de proposer leur liste de demandes en armes.. 

En effet, le commandant de l'armée libanaise le général Jean Kahwaji est retourné de son récent voyage à Paris avec une impression négative que les Français veulent imposer leur liste de vente d’armes sans tenir compte des besoins de l’armée libanaise en armes et engins militaires.

Ce qui est en soi contraire au règlement de tous les contrats d’armes classiques qui ont lieu entre les Etats.

C’est ainsi que la partie française n’a pas attendu d’entendre les exigences de la partie libanaise contrairement aux conditions de l'accord avec les Saoudiens. Elle a tenu à exécuter le contrat d’armement selon ses choix financier, militaire et stratégique. Choix qui ne correspondent pas principalement aux demandes du général Kahwaji...

Autre preuve de l’arrogance française aux affinités coloniales : la primauté des intérêts français sur ceux des Libanais dans la phase initiale des négociations et ce notamment à travers l'urgence de clôturer le plus rapidement la liste des armes, imposer jusqu'à la phase finale des négociations le type d’armes , éviter d'entrer dans les détails de la vente de chars et d’hélicoptères destinées à la marine libanaise.

Mais encore..

Toujours selon asSafir, il semble que le président libanais Michel Sleimane a refusé de ratifier une liste d’armes qui ne mentionnait pas la vente de missiles Krutal et de chars Leclerc .

D’où le 25 Février , le président Sleiman a rencontré le conseiller du président français Emmanuel Bonn et le chef d’état-major à l'Elysée, le général Benoit Bouguet qui ont cherché à persuader le président Sleiman à renoncer aux missiles Krutal car leur achat pèsera lourd sur le budget libanais et « dévorera la majeure partie de la donation saoudite » selon les termes de la partie française .

Selon une source proche du dossier, les différences entre l’approche libanaise et celle française sont cruciales. Car les Libanais cherchent à profiter dans toute la mesure du possible du don de l'Arabie saoudite pour moderniser leur armée, tandis que les Français sont forcés de tenir compte des intérêts israéliens dans le choix des armes à vendre au Liban, de manière à ce que ces dernières n'affectent pas la domination de Tel-Aviv sur l'espace aérien libanais, ni ne mettent en cause la supériorité militaire d'Israël au Moyen-Orient .

Dans ce contexte , le journal La Tribune révèle que la probabilité que le Hezbollah puisse mettre la main sur ces missiles tactiques anti-aériens au cas ou ils sont vendus à l'armée libanaise a joué un rôle dans l’élimination des missiles Krutal du contrat d’armement libano-français.

De plus..

La partie française s'est employé pour supprimer des négociations toutes les armes qu’elle ne souhaite pas vendre, qui n’est disponible dans les dépôts de l'armée française ou dont la production a été arrêtée comme les chars blindés à roues de type MX ou Saguet .

Sachant que la somme du don saoudien permet à l'armée libanaise de moderniser tous ses chars et remplacer les 200 chars dont la Syrie lui avait fait don (dans les années 90 du siècle dernier) produits en Europe de l'Est.

Cela dit, la précipitation des Français à terminer les négociations d’armement au plus vite se traduit dans l’impossibilité de parvenir à un accord sur la vente de 30 chars de type Leclerc exigés par la partie libanaise.

En effet, les Français ont fait une proposition irréaliste : ils ont imposé des délais de livraison assez longs, soit neuf chars dans trois ans et le reste échelonnés sur une longue période, obstruant la possibilité de créer une unité de chars efficace. 

Plus tard, les Français ont justifié leur refus par le fait que le char Leclerc pèse plus de 50 tonnes et donc ne convient pas aux réseaux de route du Liban, en particulier dans le sud du Liban. Sans compter que le coût de l'entretien annuel d’un tel char est de dix millions d'euros.

L'accord final entre le Liban et la France comprendra quatre patrouilleurs du type ADROIT d’une longueur de 40 mètres , capable de naviguer durant 20 jours et équipé de canons italiens de calibre de 76 mm , au lieu de patrouilleurs d’une longueur de 80 m, équipés de canons français de 20 mm comme l’avait demandé initialement le Liban afin de protéger ses installations pétrolières dans le futur . Mais l'absence de bases maritimes pour accueillir ses patrouilleurs et leur entretien a conduit à l'achat de navires-patrouilleurs de 40 mètres de longueur.

Cela dit, le Liban n’obtiendra pas de nouveaux hélicoptères de combat. Les Français ont l’intention de fournir des hélicoptères de type Gazelle anciennes, équipés de quatre lance-roquettes de type Hot.

Enfin, l'armée libanaise obtiendra des hélicoptères modernes de type Puma AC 725 pour transporter des soldats. Et, la société Thalass livrera des radars pour couvrir l'espace aérien et les eaux territoriales et pour équiper les bases aériennes libanaises de Qleiaat et Hamat , afin de permettre au Liban de pouvoir les utiliser en cas d’urgence si le radar de l’aéroport international de Beyrouth tombait en panne.

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