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5 déc. 2013

L’Iran a gagné dans «la flexibilité du boxeur»…qu’en est-il d’Assad et du Liban?

L’Iran et les pays occidentaux ont conclu un accord. L’accord est un évènement en soi, alors que les détails peuvent être modifiés. L’Iran a gagné dans «la flexibilité du boxeur», mais le conflit perdurera puisque les pays lésés par la victoire de l’Iran et de ses alliés ne se calmeront pas. Il suffit d’observer l’état d’hystérie en «Israël» suite à l’annonce de l’accord ou le sommet hâtif tenu en Arabie Saoudite, pour faire entendre que le fait de remporter une bataille ne signifie point la fin de la guerre.

Essayons de simplifier la question: l’Iran possède une grande force en matière d’arsenaux, ainsi qu’une activité diplomatique intensive. Mais ce pays éprouvait le besoin des sources financières. Il avait même cessé le payement de certains importants salaires dans le contexte du conflit stratégique. Le flux des fonds dans ses banques revêtira une grande signification. Ce serait vital à l’heure actuelle. La réalisation la plus importante réside dans la reconnaissance du monde de son droit à l’enrichissement de l’uranium. C’est ce qui importe maintenant. 

Et puisque l’Iran a gagné cet important round de négociations, quel serait le sort des dossiers de la région, notamment de la Syrie, du Liban, du Hezbollah et de l’Irak…Il est impossible que l’accord soit limité à la question nucléaire. C’est un accord global, dont les résultats apparaitront progressivement, tout comme les canines des parties lésées.

Qu’en est-il du Liban en premier?

Le monarque saoudien n’a pas hésité à poser sa question piégée au président Michel Sleiman, lors de sa visite au royaume: «Comment permettez-vous au parti du diable de rester en Syrie», a-t-il dit. Quelques jours plus tard, l’Iran, allié et parrain du Hezbollah, a été la cible d’un double attentat suicide. Sleiman s’est rendu à l’ambassade, se tenant près de l’ambassadeur pour recevoir les condoléances. Il a communiqué par téléphone avec son homologue iranien pour lui exprimer ses regrets. Le spectacle était significatif. L’ambassadeur Ghandanfar Rokenabadi se tenait entre le président Sleiman et le député Sleiman Frangieh. L’Iran entre deux antipodes. Peut-être, le chef du courant Marada se serait rappelé de son voyage à Damas, il y a des années, en compagnie du ministre Ali Hassan Khalil et de hajj Hussein Khalil, assistant politique de sayed Hassan Nasrallah, afin d’y convenir l’élection de Michel Seliman comme président. Frangieh regrette-t-il ce choix? Probablement oui, répondent ses adjoints.

Il se peut que la visite de Sleiman à l’ambassade iranienne et sa décision de réduire les festivités à l’occasion de la fête de l’Indépendance (selon le conseil de l’un des grands leaders du 8 Mars), aient amoindri l’indignation de ses adversaires suite à son voyage en Arabie saoudite. Ça aurait légèrement amoindri cette indignation. Mais le climat est toujours en faveur du rejet de la prorogation et du renouvellement du mandat du président, au profit du vide à la présidence et de la paralysie gouvernementale. Un tel vide remplit plusieurs missions à l’heure actuelle. Il serait acceptable que le Liban se distancie de la crise sous le poids de ses préoccupations. Le conflit entre les axes régionaux bat son plein. Seule une décision saoudienne, de rétablir le consensus avec l’Iran autour du dossier syrien pourrait changer l’équation. De toute façon, Sleiman semble à l’écart des résultats des compromis. C’est ce qu’on affirme. 

Les Américains promeuvent que la priorité est désormais à la lutte contre le terrorisme. Le président de la Chambre, Nabih Berri, aurait entendu de tels propos lors de son entretien avec le secrétaire d’état adjoint pour les Affaires de l’Energie, Amos Hochstein et l’ambassadeur américain David Hale. L’entretien avait pour but de discuter de l’avenir des ressources pétrolières au Liban. L’ambassadeur est sorti pour lire un communiqué de condamnation à l’attentat de l’ambassade de l’Iran. Il a qualifié cet attentat de «terroriste et de vil». Berri ne s’attendait pas à une meilleure position. L’ambassadeur de Grande Bretagne, Tom Fletcher est allé plus loin de la déclaration. Il a donné son sang pour les victimes du terrorisme.

Deux journalistes, britannique et américain de retour de Damas, se rendent successivement chez le président du Front de la lutte nationale, le député Walid Joumblatt. Ils rapportent une nouvelle lecture de la situation. En bref, la priorité est désormais pour la lutte contre le terrorisme. On parle de messages entre Joumblatt et Damas, Nul ne peut confirmer. Le leader druze dément tout changement radical dans sa position à l’égard du régime d’Assad. Certains rapportent même qu’un haut responsable syrien avait dit à un visiteur libanais que Damas ne voulait pas éliminer la famille de Joumblatt. «Mais pas besoin de communication à l’heure actuelle». Certains en déduisent que Taymour et non son père, serait un jour reçu en Syrie. On dit aussi qu’Assad a même refusé de discuter d’une proposition de Joumblatt transmise par l’émir Tala Erslan, pour armer les druzes pour qu’ils se protègent. Assad a considéré que ce fait portait atteinte à l’unité de la Syrie…

La Syrie estime que le temps joue en sa faveur. Le Liban n’est guère important en ce moment, sauf d’un point de vue sécuritaire. Selon les convictions syriennes, toutes les parties changeront de position avec le changement de l’attitude américaine. Seul Assad insiste sur son point de vue selon lequel la bataille est de longue durée. La situation militaire s’est améliorée en faveur du régime, mais il ne faut pas exagérer l’optimisme. La hargne des miliciens s’exacerbe. Les entrainements militaires se poursuivent. La décision de certains pays n’a point changé: Il faut renverser Assad ou tenter au moins de modifier la situation militaire. La bataille témoignera donc de plusieurs surprises. Le Liban aussi.

Damas accuse, Téhéran s’abstient

L’attentat perpétré contre l’ambassade iranienne est l’œuvre de professionnels. La planification a montré que les auteurs relevaient d’une partie capable d’assener une frappe. Les doutes et les doigts ont été pointés vers l’Arabie saoudite. Nul ne peut confirmer ni démentir. Les bénéficiaires sont nombreux. C’est donc une accusation politique par excellence, similaire à celle qui a suivi l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri. 

Le ministre syrien de l’Information, Omran Zohbi s’est empressé d’accuser les services de renseignements saoudiens et israéliens. Là aussi, l’accusation est politique par excellence. Il s’est empressé de le dire ou sa déclaration a été hâtive. Peu importe. L’Arabie est actuellement explicitement accusée par la Syrie et le Hezbollah et implicitement, par l’Iran et la Russie.

Par contre, la position de l’Iran est prudente. Il s'est contenté d'accuser «Israël» et ses alliés. Il n’a guère évoqué l’Arabie. Le guide de la Révolution islamique, sayed Ali Khamenei a prononcé un long discours dans lequel il a omis de signaler l’attentat. Il a choisi de donner la légitimité aux négociateurs iraniens à Genève. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Jawad Zarif, a choisi un journal saoudien pour publier un article intitulé «Nos voisins, notre priorité». Le choix était entre Al-Hayat et al-Chark el-Awsat. Il a opté pour le second qui exprime plus que d’autres la politique saoudienne. L’objectif est clair: calmer les appréhensions de Riyad à l’égard de l’accord avec les pays occidentaux.

C’est l’essence de la question. L’Iran s’est placé parmi les puissances. Pas besoin de se noyer dans des accusations et des polémiques qui affecteraient les négociations. Il est la victime du terrorisme à l’heure actuelle. C’est avantageux. Il faut faire réussir les négociations. Tout sera réglé au moment propice. Les dossiers sont nombreux et ne se limitent pas au nucléaire. L’attentat n’aurait pu être contenu si les négociations ne l’exigeaient pas. L’attaché culturel a été tué. Un certain nombre des gardes aussi. Peut-être d’autres. L’ambassadeur Rokenabadi n’était pas le seul visé par l’attentat. Les concernés seuls, savent qui ont vraiment été les victimes. Ce sont des questions délicates. Le message était dangereux et clair. L’Iran est dans le collimateur. Celui qui l’a visé comprend parfaitement qu’il a dépassé une ligne rouge.

La riposte, en Syrie

Deux heures à l’attentat, l’armée syrienne a surmonté tous les obstacles et avancé dans le village de Qara. La bataille de Qalamoun a débuté. L’armée a de même avancé dans le rif sud de Damas et dans le rif sud d’Alep. Là, la riposte à l’attentat est plus importante. L’Iran, la Syrie et le Hezbollah le savent. Toute la région est devant de grandes mutations. La patience et les négociations, tout en maintenant la force militaire, sont requises. La coordination en catimini pourrait surprendre certains, étaient-ce avec des commandants militaires qui reviennent sous l’égide de l’armée syrienne ou même avec les habitants d’Ersal qui prendront prochainement une mesure contre les milices dans leur village. Même le Liban nord pourrait témoigner de changements. Il faut paver la voie pour la lutte contre le terrorisme. 

Élargissons la perspective: L’Egypte expulse l’ambassadeur turc. Le secrétaire d’état, John Kerry, accuse les Frères musulmans de ravir la révolution. La Grande Bretagne décide de relancer la vente des armes à l’Egypte. Le monde a décidé de tourner la page des Frères musulmans en Egypte. L’Arabie saoudite est satisfaite. Le général Abdel Fatah Sissi l’est aussi. Le mouvement Hamas est inquiet. «Israël» gagne également. En effet, rien n’explique l’hystérie d’«Israël» contre l’accord nucléaire, sauf son désir d’obtenir le prix en Palestine.

Les États-Unis et la Russie: entente et concurrence

Dans quelques jours, le Congrès américain approuvera la demande du président Barack Obama de réduire les sanctions contre l’Iran. Le maitre de la Maison Blanche a remporté une réalisation sur le plan international. Il est désormais l’otage de cette réussite, mais il est placé dans le collimateur d’«Israël». Obama sait parfaitement qu’il est devant une concurrence féroce avec les Russes. Son homologue Vladimir Poutine étend son influence vers le Caire. Ce président n’envoie ses deux ministres de la Défense et des AE que dans les pays importants pour son pays. Il a de même rencontré le vice-ministre algérien de la Défense pour conclure une transaction d’armes à des milliards de dollars. Il l’a reçu quelques jours avant l’entretien prévu entre Obama et le monarque marocain, Al-Hassan II. Est-ce par pure coïncidence?

Le moment des consensus et des batailles

Le ministre russe des AE, Sergei Lavrov, l’a clairement exprimé: «la priorité est à la lutte contre le terrorisme, non au départ d’Assad». Nul n’a répondu. Nul ne répondra. Les deux armées syrienne et égyptienne sont deux fers de lance dans la lutte contre le terrorisme. C’est ce qui importe.

Admettre cette logique est difficile. «Israël» hausse le ton. Il pourrait contribuer à des attentats ou à des surprises sécuritaires pour renverser la table. Il pourrait se calmer si les Américains lui offrent en Palestine certaines de ses demandes, dans un contexte de connivence arabe et régionale. Malheureusement, les Américains le feront. D’autres pays refusent encore la politique des compromis. Ces pays s’activent sur le terrain.

Dans cette conjoncture, des factions islamiques combattant en Syrie s’unifient. L’objectif étant de renverser le régime syrien et de fonder un état islamique. Le conflit sanguinaire s’aggrave progressivement avec l’avancée des compromis. Depuis quelques jours, des affrontements féroces ont montré le désir des rebelles et des pays alliés de réaliser des exploits militaires dans la Ghouta de l’est. Effectivement, les rebelles ont enregistré une certaine avancée. Le ministre syrien de la Réconciliation a échappé de justesse à la mort, lors d’un attentat visant à l’empêcher de participer aux prochains compromis. Il a rejoint la liste des innocents morts devant l’ambassade iranienne. Le feu des grands brûle généralement les petits. Raja’ al-Nasser, secrétaire du comité de coordination syrien a disparu. Cette disparition est-elle en relation avec sa visite prévue à Moscou où il devait rencontrer le vice-ministre russe des AE, Mikael Bogdanov? C’est possible.

Au moment des compromis, le sang coule souvent, des noms disparaissent et les équilibres de la force changent…Mais, comme l’accord irano-occidental a été scellé, la voie est désormais pavée à toutes les éventualités en Syrie, au Liban, en Irak, arrivant en Afghanistan. Cependant, l’axe Russie-Iran-Syrie et Hezbollah est certainement dans une meilleure situation. Considérablement.

Article paru le 26 novembre dans le quotidien Al-Akhbar, traduit par french.alahednews.com

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