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20 nov. 2013

"Une formation sur le religieux répond aux besoins des dizaines de milliers d'enseignants"

Le Collège des Bernardins, haut lieu parisien de débats et de réflexion autour de la religion, lance une formation au fait religieux en ligne, la première en Europe. Entretien avec son concepteur, l'historien Antoine Arjakovsky.

Comment est née l'idée de ce programme?

A la fin des années 1990, la société française s'est rendue compte, grâce à des personnalités comme le philosophe Régis Debray ou l'ancien recteur d'académie Philippe Joutard, qu'il fallait introduire des éléments de culture religieuse dans les programmes scolaires afin de préserver le niveau de culture générale des élèves. Cela a été fait. On a, par exemple, intégré la naissance du prophète Mahomet. L'Institut européen en science des religions a été créé pour former les professeurs à cet enseignement du fait religieux. Ce fut véritable révolution car depuis des décennies, le contexte républicain et laïc rendait cette question très délicate. Quelques années plus tard, en 2008, le Conseil de l'Europe a voté une résolution en faveur du développement de la culture religieuse et éthique, partant du postulat que le dialogue interculturel était un moyen de renforcer la démocratie en Europe. 

En quoi consiste votre formation et à qui s'adresse-t-elle?

Cette formation en ligne par vidéo s'articule autour de modules optionnels de douze heures, proposés par semestre, et donne lieu à la délivrance d'une certification. Il s'agit en premier lieu de répondre aux besoins des dizaines de milliers d'enseignants qui sont perdus, parce qu'ils n'osent même plus parler de questions de fond devant des élèves très prompts à contester tout enseignement sur le fait religieux. Mais les auditeurs libres sont aussi les bienvenus. 

Pour le premier semestre, nous proposons des cours sur les grandes religions, des origines à nos jours. Au deuxième semestre, nous mettrons en ligne des modules sur l'enseignement des sciences ou sur les rites, les questions du vivre ensemble et les questions existentielles. Un chrétien, un juif et un musulman répondront aux questions. 

Nos intervenants sont des experts reconnus : Jean-Paul Willaime, directeur d'étude à l'Ecole pratique des hautes études, qui donnera un cours sur la laïcité, par exemple. Ou Ghaleb Bencheikh, présentateur de l'émission Islam sur France 2 et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix. 

Vous dispensez ce programme dans le cadre culturo-religieux du Collège des Bernardins. Comment garantir la neutralité de l'enseignement ?

En régime républicain et laïc, il est impératif de respecter la liberté de conscience. Nous ne voulons faire ni du prosélytisme ni du "sociologisme", mais aborder le fait religieux dans toute sa complexité. C'est pourquoi nous donnons la parole à chacun : aux laïcs, depuis Montesquieu, Voltaire, jusqu'à Michel Onfray, et aux porteurs de convictions religieuses : juifs, musulmans, hindouistes, chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes. Toutes les dimensions de foi et de convictions sont représentées, et les responsables religieux et laïques ont été associés. 

Les laïcs se sont longtemps méfiés des religions parce que celles-ci ont eu tendance, au Moyen-âge, à vouloir imposer leurs opinions, et inversement, les religions se sont méfiées des laïques, parce que ces derniers réduisaient parfois le religieux à son écorce. Lorsque l'on respecte la liberté de conscience et que l'on pratique une pédagogie du sens, en associant les responsables de culte, on a la solution au problème ! De fait, nous avons reçu le soutien de Jean-Claude Mignon, le président du Conseil de l'Europe. 

Et sur le plan financier ?

Nous avons obtenu des aides de la fondation suisse Smartpeace, ainsi que de l'association Georges Hourdin et de l'Oeuvre d'Orient. Mais ce programme ne peut fonctionner que si les gens s'inscrivent ! 

Et du côté de l'enseignement public, où se situe la majorité des enseignants auxquels vous vous adressez au premier chef ?

Abdennour Bidar, le responsable laïcité de Vincent Peillon, apprécie notre démarche. Il est attendu à la présentation aujourd'hui. Nous lirons également une lettre de Jean-Louis Bianco, qui préside l'Observatoire de la laïcité.

source : lexpress.fr



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