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24 nov. 2013

Nucléaire : Fabius, le "petit Satan" qui fait trembler l'Iran



La population iranienne, outrée par la fermeté du ministre des Affaires étrangères, crSon arrivée samedi aux aurores à Genève a jeté un coup de froid parmi les nombreux journalistes iraniens présents dans le hall de l'hôtel Intercontinental. Ses propos sur sa volonté de décrocher un "accord solide" les ont glacés. Personne en Iran n'a oublié que Laurent Fabius est à l'origine de l'échec du dernier round de négociations, il y a deux semaines, entre l'Iran et la communauté internationale. 

Furieux que les Américains aient écarté la France des discussions secrètes que les États-Unis et la République islamique menaient depuis plusieurs mois, le chef de la diplomatie française s'était rendu en hâte en Suisse pour durcir le texte présenté sur la table des pourparlers, précipitant le fiasco de la réunion. 

Relativement inconnu des Iraniens jusque-là, le ministre français des Affaires étrangères avait réussi à se mettre à dos toute une nation. En témoigne sa page Facebook, inondée d'insultes, dont "sale chauve" devait certainement être la plus douce. "Les Iraniens n'ont jamais eu de sentiment anti-européen, bien au contraire", explique une journaliste iranienne présente à Genève. "Mais ils attendent tellement du règlement de la crise nucléaire, car il s'agit du seul moyen de lever les sanctions internationales."Des sanctions qui font mal


Le refus de l'Iran depuis 2006 de suspendre son enrichissement d'uranium, dont la communauté internationale soupçonne qu'il peut servir à la production d'une bombe atomique, a entraîné une salve de sanctions onusiennes, américaines et européennes contre la République islamique. Si ces mesures asphyxient l'économie iranienne, notamment ses secteurs pétrolier et bancaire, elles frappent également la population, touchée de plein fouet par l'inflation, la dévaluation du rial, mais aussi par le manque de produits de première nécessité, comme les médicaments. 


"Si monsieur Fabius avait expérimenté un jour de la vie d'un salarié iranien et l'inflation, il n'aurait jamais pris une telle position", explique Mahmoud, employé d'une compagnie d'assurances, au site Tehran Bureau hébergé par leGuardian. C'est donc avec angoisse que sont envisagées les négociations nucléaires entamées depuis l'élection du président "modéré" Hassan Rohani, plébiscité en juin 2013 pour apaiser les relations entre l'Iran et l'Occident. En Iran, chaque round des pourparlers est suivi tel un match de football.Match de football


Scotchés à leur écran de télévision ou à leur ordinateur, les Iraniens frémissent à chaque déclaration ou tweet du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif. "Tout le peuple est derrière lui, quel que soit son courant politique", souligne la journaliste iranienne. "Il a su faire de la question de l'enrichissement de l'uranium un symbole de l'honneur et de la fierté si chers aux Iraniens." Ainsi, lorsque Mohammad Javad Zarif a imputé il y a deux semaines l'échec des négociations à "un seul pays", tandis que la presse internationale évoquait le rôle de la France dans cet épisode, ce qui a été relayé à l'envi par les autorités iraniennes, le pays des Lumières a cristallisé la rancoeur de tout un pays.


"Les Iraniens ont toujours vu la France d'un bon oeil. Ils gardent en mémoire l'accueil chaleureux offert par Jacques Chirac au président réformateur Mohammad Khatami en 2005, preuve qu'il respectait l'Iran", explique la journaliste iranienne. "Mais, en un seul coup, Laurent Fabius a tout ruiné." Certains en Iran ont même ironisé sur le "petit Satan", nouveau surnom de la France, en opposition au "Grand Satan", l'ennemi américain de toujours.Amertume


L'amertume est telle que des industriels iraniens se sont rencontrés il y a deux semaines pour discuter d'une réduction de leurs échanges commerciaux avec Paris, selon l'agence d'État Irna, alors que de nombreuses entreprises occidentales sont sur le qui-vive pour reconquérir le marché iranien en cas de levée des sanctions. "Je m'inquiète vraiment pour l'avenir des relations entre nos deux pays s'il n'y a pas d'accord nucléaire au bout de cette réunion", confie un diplomate iranien de retour de Téhéran. "C'est la dernière ligne droite, déclarait samedi un membre de la délégation française, mais les précédentes discussions nous ont appris à être prudents." 

S'ils prient pour qu'un accord soit conclu ce samedi, les journalistes iraniens présents dans le hall de l'hôtel Intercontinental de Genève jugent de toute façon que la relation franco-iranienne n'en sortira pas indemne. "La prise de position de Laurent Fabius le 9 novembre dernier restera comme une blessure indélébile entre nos deux pays", estime l'un d'entre eux.aint qu'il ne fasse à nouveau échouer les négociations.
Source:Le Point

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