Près de 500 000 personnes sont mortes en Irak à cause de la guerre et de l’occupation entre 2003 et 2011, selon une étude des plus sérieuses effectuée par une équipe de chercheurs américains, canadiens et irakiens, publiée dans le PLOS Medicine sous le titre « Mortalité en Irak associée à la guerre 2003-2011 et à l’occupation » : 60 % furent tués, les autres 40 % sont le résultat de causes indirectes liées à l’effondrement des infrastructures.
Le nombre de civils morts a fait l’objet d’âpres débats au début de l’occupation américaine ; l’armée US avait tout d’abord refusé de tenir un décompte des morts irakiens, ne voulant pas renouveler la même controverse que celle qui avait surgi au Vietnam en la matière.
Les partisans de l’invasion US considèrent qu’un chiffre inférieur, même de l’ordre de 100 000 victimes, et plus, justifie la guerre tandis que ceux qui y étaient opposés pensent qu’un chiffre supérieur témoigne des souffrances excessives endurées par le peuple irakien.
L’étude conduite en 2011, basée sur un échantillon de 2 000 foyers choisis au hasard, posait deux questions, sur les décès et naissances dans la famille depuis 2001 et notamment la mort d’enfants. Le but était de comparer le taux de décès après 2003 avec celui courant sur 26 mois avant l’invasion et par là d’évaluer l’excédent de décès après la guerre.
Une telle étude n’est cependant pas évidente dans un pays comme l’Irak où les institutions gouvernementales ont été tellement mises à mal que les chiffres prêtent à doute : évaluer le nombre de morts exige de connaître le chiffre exact de la population irakienne, estimée à 33 millions.
L’étude assume que les chercheurs ont « dû s’en tenir au vieux recensement en Irak datant de 1887 [1]… les chercheurs sont à 95 % sûrs que le vrai nombre de l’excédent de morts s’élève entre 480 000 et 751 000. »
L’émigration en masse des Irakiens a connu un pic dans les années 2006 à 2008 quand ils ont fui leur pays – environ un million – vers la Syrie, la Jordanie et l’Égypte. L’étude considère qu’il faut ajouter quelque 56 000 morts en plus en raison de cette migration.
Au cours des treize années qu’ont duré les sanctions avant la guerre, les services de santé publique avaient périclité en raison de la baisse du niveau de vie et de la pénurie de moyens médicaux. Après 2003, de nombreux médecins, cibles d’enlèvement, ont quitté le pays et de nombreux Irakiens se sont rendus en Syrie et Jordanie pour des soins médicaux.
De grandes différences se sont manifestées en matière de sécurité dans le pays au cours des dix années qu’a duré l’occupation US, jusqu’en 2011. La Région autonome du Kurdistan est demeurée stable et sûre et la violence y a été moindre que dans le sud chiite.
La violence confessionnelle entre sunnites et chiites a été à son maximum dans la région de Bagdad, autour de la capitale et dans le gouvernorat de Diyala. Elle a aussi été très intense entre les forces US et les insurgés dans ces régions, mais aussi à Anbar, la grande province sunnite à l’ouest de l’Irak. À la bataille de Fallujah, en novembre 2004, quelque 2 000 insurgés et civils ont été tués par les Marines US.
Les statistiques les plus crédibles proviennent d’une organisation, Iraq Body Count (IBC) qui évalue les morts en fonction des événements parfaitement vérifiables. Sur 31 500 incidents au cours des dix années jusqu’en 2013, le IBC indique qu’entre 114 973 et 126 121 civils sont morts, s’ajoutant aux 39 000 combattants et aux 11 500 civils tués révélés par WikiLeaks. On arrive donc à un total de 174 000 victimes depuis 2003.
Les massacres ont atteint un pic au cours de la guerre confessionnelle de mars 2006 à mars ou 2008 où 52 000 personnes tuées.
Depuis, le nombre des morts augmente sans cesse : 5 000 morts l’an dernier et 258 rien que ce mois-ci.
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