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22 nov. 2013

Lutter contre les ténèbres et l’ignorance au 21ème siècle

Un fait semble établi. Il y a des cons sur terre et beaucoup trop. S’ils volaient, on ne verrait plus le soleil disait Pierre Dac ou peut-être Audiard. D’un œil faussement distrait, j’observe à travers les émissions de télé et les commentaires du Web le développement d’une sorte d’ignorance généralisée, comme si les savoirs s’étaient retournés pour former des crétins. 

Si l’on en croit quelques observateurs classés conservateurs, l’école aurait même fabriqué des crétins. Du coup, celui qui lit dans l’Histoire un progrès humain ne s’y reconnaît plus. Pas plus que le citoyen qui ne sait plus où sont gauches et droites, alors que les extrêmes brouillent les pistes et que Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen se rejoignent sur bien des points. Ce brouillage politique est de connivence avec le brouillage social. Les pédagogues emmenés par Philippe Meirieu sont à l’origine de cette école du crétinisme et pourtant, ils sont classés à gauche. L’historien ne s’y retrouve plus. La gauche qui au nom d’un égalitarisme abstrait favorise la baisse du niveau d’instruction, orchestre le déclin de l’éducation et s’en félicite. Etre instruit et bien s’exprimer sont devenus des tares dans les cours de collège. Le mot d’ordre des élèves, c’est devenons des crétins et ricanons de tout.


L’état de la société est cependant difficile à cerner. Même le 18ème siècle n’est pas aussi limpide qu’on ne le pense, bien qu’il ait été baptisé des Lumières, celles de la raison. Avec bien des interrogations sur cette raison qui suscita la passion de Voltaire, les rêveries d’une loi transcendante et céleste chez Rousseau et fut même érigée en religion par Robespierre. La raison a fait perdre la raison. Le déisme a été en concurrence avec le catholicisme. Le Dieu d’amour concurrencé par le Dieu architecte. La prière supplantée par le coup de marteau plus tard célébré par Hegel dans un fameux texte sur l’esthétique. Pendant ce temps, les jésuites furent chassés de l’enseignement, jugés trop rétrogrades. Les Français, une part du moins, décidèrent qu’il était temps d’en finir avec l’Ancien Régime. On est au moins sûr d’une chose, c’est de la présence d’une crise politique pendant les années ayant précédé la Révolution. Avec également un fond culturel et savant ayant pénétré les couches sociales supérieures, notamment la bourgeoisie, et déjà le livre comme instrument de diffusion massive.


La Révolution est, comme bien des événements importants, devenue une légende, voire un mythe ou même un prétexte pour concevoir les grands récits du grand soir. En ce début du 21ème siècle, les mots ont été dépouillés de leur sens, trahis par les idiots des médias. On parle de grand soir fiscal. N’importe quoi. Le grand soir fiscal, ce serait plutôt une nuit du 4 août et les gueux prenant possession des logements vacants. Il n’y aura pas de révolution, n’en déplaise aux Bouvard, Pécuchet et autres savants de bistrot qui causent avec des grands mots mais des idées courtes. Plus raisonnable serait de penser une mutation. C’est non seulement à la mode mais en plus assez pertinent. Néanmoins, si la mutation fait consensus et que tout le monde en parle, elle n’existe pas. On assiste plutôt à des adaptations, des régulations. Un économiste se réclamant de l’humanisme voit dans notre monde une grande mutation. Sa suggestion, remplacer de code du travail par le code de la personne au travail. Si c’est ça la mutation, je préfère aller me coucher, en attendant le grand soir qui n’arrivera jamais.


Je crois l’avoir déjà dit, ce début de siècle ressemble à une fin d’époque, marquée par l’achèvement d’un processus, celui de la Modernité, qui a triomphé dans le domaine de la science et la technologie mais qui coexiste avec un délitement social, des crises multiples, un étiolement de l’esprit, une montée des violences et autres incivilités accompagnée d’une extension de l’anomie et du développement de la bêtise et des peurs. Le progrès matériel n’est réservé qu’à une minorité, celle qui va de relais en châteaux entre deux avions puis se rend au bureau en Audi et l’été à St Trop en Porsche. Aux classes moyennes et modestes le reste des revenus et une culture qui n’élève plus mais avilit, tirant les gens vers le bas. Les miettes pour les déclassés. Ils ne peuvent s’avilir car ils n’ont pas accès à la culture de masse.


Inutile de réécrire les constats sur cette culture et cette pensée qui depuis au moins 15 ans, pour ne pas dire 30, s’est enlisée, ne produisant rien de neuf ni de bien transcendant. Cette atmosphère crépusculaire laisse pressentir une fin assez lente, très différente des années 1930 et 40 avec les guerres. Les nations occidentales s’effondrent lentement, depuis l’intérieur. Ayant perdu le contact avec les valeurs et les transcendances. Chacun son petit plaisir devenu sacré. Y compris celui de jouer les talibans de service en consumant leur énergie sur le Net. Avec les nihilistes à la petite semaine, frustrés de ne pas participer au minimum syndical intellectuel, prêts à dézinguer les textes trop savants. Le marché est le salut de l’humanité. Il récupère toutes les tares et les vices de l’humain, vendant du lisier culturel pour les porcs, des jeux pour les rats, des os à ronger pour les chiens, des services pour mâles et femelles dont la chaleur de l’infidélité leur permet de compenser une vie de merde qu’ils se sont choisie, entre marmots et boulot. Le marché permet, avec sa puissance, de maintenir en état de marche une société en état de décomposition culturelle, morale et spirituelle. Le marché, c’est le carburant des machines désirantes que sont devenus les humains.


Finalement, je n’ai pas d’avis sur la question. Mais j’ai au moins le mérite de poser la question, ce qui est dans les cordes de la philosophie. Poser des questions car rien ne va de soi. Même si on n’a pas la réponse. Je ne vois pas comment sortir de l’engrenage des ténèbres et de la bêtise qui chaque année s’accroît alors que les médias se mettent au niveau de l’individu ludique et paresseux pour vendre sa camelote intellectuelle et culturelle. Pendant ce temps, quelques savants réfléchissent sur l’univers mais contrairement au siècle des Lumières, ces réflexions ne peuvent plus passer dans la sphère publique, car elles sont difficiles et le public ne veut plus réfléchir. Le 21ème siècle sera celui des anti-Lumières. Il aboutira au suicide de l’humanité. Une suicide préfiguré par les crétins qui s’amusent de Serge le lama et les défunts victimes de la folie des Etats en Syrie et ailleurs. Un suicide par le marché et pour le marché. L’extermination de l’homme libre par la mécanisation et l’industrie de la technologie et de l’esprit.


Ces propos ne sont pas brillants, ni nouveaux. Je dirais même que ce billet est médiocre. Il aurait pu être écrit avec les données du moment en 1995 ou en 2002 ou en 2007. Le siècle des ténèbres est voué à perdurer. Essayer de s’en démarquer, ou mieux, d’en sortir ou encore mieux, d’en faire sortir la société, est une tâche noble, juste mais qui demande quelque héroïsme. Mais le temps des héros est révolu. Place aux zéros de l’ère post-démocratique. N’oubliez pas de penser à votre retraite. Les petits sous font les bons compromis(sions).
Source: toutsaufsarkozy.com

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