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21 nov. 2013

La justice enquête sur le micro-parti de Marine Le Pen

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur le fonctionnement de Jeanne, le micro-parti au service de Marine Le Pen, qui affichait 9,5 millions d'euros de recettes en 2012. 

La justice enquête sur le micro-parti de Marine Le Pen, une formation politique créée fin 2010 et baptisée Jeanne en l’honneur de la pucelle d’Orléans. D’après nos informations, une enquête
préliminaire a été ouverte au printemps dernier par le parquet de Paris et confiée à la brigade financière. Quasiment dénuée d'adhérents, comme de manifestations militantes, Jeanne a tout de même brassé quelque 9,5 millions d’euros au cours de l’année 2012.

Le procureur aurait été saisi par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), l’autorité indépendante chargée de vérifier les comptes annuels des formations politiques. Sollicité par Mediapart, celle-ci s’est refusée à tout commentaire, en particulier sur la nature des infractions soupçonnées.

A cette occasion, les enquêteurs se seraient également penchés sur le fonctionnement du micro-parti de Jean-Marie Le Pen, beaucoup plus ancien et baptisé Cotelec.

Si Marine Le Pen, précautionneuse, n’apparaît pas directement dans les statuts de Jeanne, elle en est évidemment la tête pensante – malgré les dénégations du mandataire financier, Steeve Briois (« Ça n'est pas son micro-parti !», jurait-il à Mediapart en octobre dernier). D’autres au FN ont moins de pudeurs : « Oui, Marine Le Pen a créé son propre micro-parti, nous avait ainsi expliqué Wallerand de Saint-Just, le trésorier du Front national, fin 2011. Il lui fallait une structure qui ne soit pas contrôlée par le FN pour recueillir des dons et des prêts des copains, des relations, de tous ceux qui ne veulent pas donner au FN. »

Marine Le Pen avait lancé Jeanne en pleine guerre interne contre Bruno Gollnisch pour l'accession à la présidence du FN, dans le but de se constituer une autonomie financière.

D’après nos informations, la Commission s’interrogerait notamment sur le vaste système de prêts accordés par Jeanne à de très nombreux candidats du FN, aux taux particulièrement élevés de 6,5% ou 7%, qui permettent au micro-parti d’emmagasiner des intérêts importants. Sous certaines conditions (hors la présidentielle), les charges financières ainsi supportées par les candidats peuvent ensuite être admises dans la catégorie des dépenses de campagne remboursables par l’Etat – une aubaine.

La CNCCFP aurait-elle tiqué et considéré qu’à force de multiplier les opérations financières de ce type, Jeanne finissait par enfreindre le Code monétaire et financier qui « interdit à toute personne autre qu'un établissement de crédit d'effectuer des opérations de banque à titre habituel » ? Là encore, la Commission n’a pas souhaité confirmer ni infirmer cette piste, pas plus que le parquet de Paris.

Désormais saisis, les enquêteurs de la brigade financière vont en tout cas éplucher l’ensemble du fonctionnement du micro-parti, de ses comptes, factures, prestations, etc. Jeanne a en effet vendu des « kits de campagne » à la pelle aux candidats du FN aux dernières cantonales de 2011 et législatives de 2012, dans des conditions étonnantes.

Alors que ces « kits » (traitement de la photo du candidat, conception d’un petit journal de campagne, impression de cartes postales, etc) étaient facultatifs en 2011, ils sont devenus « obligatoires » pour nombre de candidats l’année suivante, et leur prix a dépassé les 16 000 euros pièce, permettant à Jeanne d’afficher 8 917 082 euros de recettes dans ses comptes 2012.

En coulisse, ce marché a largement bénéficié à Frédéric Chatillon, sulfureux conseiller de l’ombre de Marine Le Pen, proche du régime syrien et ancien leader du GUD (groupuscule d’extrême-droite radicale), dont la société Riwal s’est chargée de fournir au moins une partie des kits en question. Au prix du marché ? Au-dessus ? Avec quelle marge ? Sollicité par Mediapart en octobre dernier, ce dernier n’avait pas souhaité répondre à ces questions.

Le premier trésorier de Jeanne (jusqu'en mars 2012), Olivier Duguet, ancien du GUD lui aussi, nous avait pour sa part déclaré : « Les comptes sont contrôlés et validés par deux commissaires aux comptes, qui n’ont découvert ni révélé aucune malversation, aucune anomalie, aucun détournement ». Leur minutieux travail est désormais désossé par la brigade financière.

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