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8 nov. 2013

Dissolution du 110ème RI : réaction d’un militaire

110e-RI
Novopress publie en exclusivité le témoignage d’un militaire français suite à l’annonce de la dissolution du 110ème Régiment d’Infanterie, basé en Allemagne.

Le régiment de Port au Prince va être dissout… L’annonce peu retentissante dans les médias jeudi dernier de la dissolution du 110ème régiment d’infanterie, c’est-à-dire 1000 hommes et leur famille, démontre, s’il en était encore besoin, que les médias sont inféodés au pouvoir en place ou devrais-je dire au « régime » ou encore, mot cher à Jean d’Ormesson, à l’inaptocratie actuelle.

Cette dissolution nous prouve également que c’est bel et bien la vision électoraliste de nos dirigeants qui commande une fois de plus dans toute restructuration, délocalisation ou dissolution, car en Allemagne on ne craint pas le vote sanction ! En effet, dissoudre un régiment – vu le peu qu’il nous en reste – est déjà en soit plus qu’hallucinant ; mais quand celui-ci est un régiment d’infanterie, ça relève du délire, quand on sait que le taux d’activité de l’infanterie à 20 régiments était de 120% l’année dernière, on a du mal à s’imaginer avec 1 et même 2 régiments en moins à l’horizon 2016.

Le coût ? Sans revenir sur les 20 ou 25 millions donnés pour libérer les otages (combien de régiments pourraient vivre avec cette somme… ?) le ministre trouve 30 millions à donner aux bases de défense, merci M. le ministre, il en faudrait trois fois plus pour que tout rentre dans l’ordre…

L’infanterie est également l’arme qui a payé le plus lourd tribut au combat ces dernières années. Elle est et fut de tous les combats, Liban, Afghanistan, Kosovo et les théâtres d’opérations en Afrique. Les fameux théâtres qui devaient fermer ou diminuer les effectifs tel la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Tchad ou encore la Centrafrique. Hélas, les derniers évènements ont montré que notre présence était nécessaire en Centrafrique. D’ailleurs, un « Guépard » d’un millier d’hommes, c’est à dire des unités en alerte, va partir renforcer les troupes sur place.

En toute logique, l’armée de terre et l’infanterie en particulier, déjà en surchauffe, ne pourront absorber les missions de demain. Entre les missions ponctuelles, les opérations intérieures (OPINT) type Vigipirate et les centres où les unités doivent obligatoirement passer pour être évaluées sur un cycle de 48 mois, il n’y a plus de possibilités de s’entraîner ! Je ne parle même pas des opérations extérieures (OPEX) ! Celles-ci se préparent entre 4 et 6 mois avant la projection que ce soit en Afrique ou ailleurs dans le monde. Les OPEX sont prévues à l’avance sur deux ans sauf cas d’urgence comme le Mali. D’ailleurs, pour le Mali, la programmation des départs des unités est prévue jusqu’en 2015. C’est dire si les blabla du chef de l’État qui vient de dire que la France y resterait après avril 2014 suite à l’assassinat des deux journalistes de RFI (qui soit dit en passant, tels les Ghesquière et Taponier de base, n’en ont fait qu’à leur tête) sont pleins de sens…

De même les militaires français partent également sur le territoire national au bout du monde, j’entends par là la Polynésie, Antilles et Guyane qui sont bien sûr les départements les plus criminogènes (Guadeloupe pour les meurtres, Guyane pour la drogue et les clandestins…). C’est pratique un militaire, on le met là où l’on veut et il la ferme. Mais je m’égare. Revenons à nos moutons et à l’ignorance des officiers généraux les plus hauts placés quant aux réels besoins de nos armées. Je dirais même plus, la non-assimilation et la non-compréhension du ras-le-bol qui agite la troupe.

Chaque année est établi un rapport sur le moral au sein des armées qui va, bien évidemment de mal en pis, et qu’en est-il des conséquences ? Pas d’augmentation, pas de nouveaux matériels (ou alors de qualité moyenne voire médiocre) mais des restructurations… L’armée de terre de demain sera plus qu’à l’aise dans le Stade de France ! Fini les 80.000 hommes, c’est déjà de l’histoire ancienne !

Sans revenir sur le fait qu’il ne faut pas dissoudre de régiments d’infanterie, il y avait peut-être d’autres choix que le 110ème. Qu’en est-il du Régiment de Marche du Tchad, arrivé sans le vouloir en Alsace, peu apprécié des locaux, ayant entrainé une surpopulation de militaires sur la garnison de Colmar et donc l’interdiction des boîtes de nuit aux militaires ? Cette mutation est prise comme une punition par les officiers et les sous-officiers rentrant de séjour en Outre-mer. Mais on ne touche pas au régiment du serment de Koufra… Que dire du 152ème RI ou du 35ème RI où l’état d’esprit est morose et où les sous-officiers supportent de moins en moins l’ambiance de travail. Des communes situées à gauche peut-être…

Et puis pour maintenir la Brigade franco-allemande, intégrer le 1er RI en son sein ? « Un régiment aux capacités supérieures ». Supérieures ? Aujourd’hui le rythme des opérations fait qu’il y a un vrai nivellement du niveau des unités combattantes et s’il y avait un moyen de comparer, ce serait sur les investissements consentis et les évaluations annuelles et là le 110 tire son épingle du jeu. Dans son allocution le CEMAT a indiqué que le régiment était excellent ! Effectivement, rien que dans les derniers mois, le 110ème RI a rarement démérité que ce soit en tir (record national des tireurs d’élite au Centre d’entrainement de l’infanterie au tir opérationnel), à l’intégration en école d’officiers (4 intégrations sur 67 admis), pluie de records au GAM (groupement d’aguerrissement en montagne) et même champion de la ligue est en rugby. Chaque compagnie est partie en un peu plus d’un an, que ce soit au Tchad, en RCA en Polynésie ou à Djibouti. Que faut-il de plus ? Les infrastructures ? Les bâtiments ont été ou sont en cours de rénovation, les bâtiments capables d’accueillir le FELIN y sont depuis plusieurs années, de plus c’est le seul régiment qui dispose d’une compagnie de maintenance régimentaire, son parc de véhicules est exceptionnellement élevé… Qu’on m’explique… Il n’a pas de VBCI ? Ah, et bien le 1er RI non plus donc cet argument ne pèse pas lourd.

Le 1er RI ne veut pas de la BFA (Brigade franco-allemande, ndlr), il va y rentrer à reculons. De plus, depuis plus de 20 ans que le 110ème RI pratique la binationalité au quotidien, la pratique de l’anglais ou de l’allemand par les cadres est régulière et la particularité du travail avec les Allemands situés dans la même caserne y est pour beaucoup. Que vont devenir les manœuvres en commun avec un régiment situé en Lorraine et un autre en Allemagne ? On le voir déjà avec le 3ème régiment de hussards rentré en France il y a 2 ans qui ne pratique plus d’exercices binationaux.

La BFA était considérée l’année dernière comme un modèle au niveau de la gestion de son budget par le Commandement des Forces Terrestres, gageons que le 110 y soit pour beaucoup.

Bref, Port-au-Prince est un régiment où les gens se plaisent, sont intégrés dans la vie allemande, et représentent avec leur famille 10% de la population de Donaueschingen. Mais il est évident que ces familles ne pèsent pas lourds dans le jeu politique. Une fois revenues en France, elles seront noyées dans le troupeau des votants.

Bien vite oubliés les beaux discours des différentes cérémonies commémorant le cinquantenaire du Traité de l’Élysée tout au long de l’année 2013, enfin, avant le mois d’août car comme toujours, les mots prononcés avant l’été sont bien vite oubliés dès la rentrée…

Bon courage donc à tous ceux qui vont souffrir de ces restructurations, en France comme en Allemagne, qu’ils soient civils ou militaires. L’armée française continue le processus de destruction entamé depuis déjà plusieurs années. Honte aux gouvernements successifs et aux chefs militaires qui ont préféré leur carrière à leur honneur. Qu’ils arrivent les Saint-Marc et les Bigeard de demain, mais vite ! 


Xavier de Blagnac, pour NovoPress

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