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14 juil. 2013

Valls fait son 14 Juillet

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le 13 juillet 2013 au domaine de Pin Fourcat En Camargue, ce n'est pas un ministre de l'Intérieur qui a parlé. Mais un futur Premier ministre. Au moins.

Manuel Valls a une énorme qualité en politique : il ne recule devant (presque) rien. En cela, sa filiation avec Nicolas Sarkozy est sidérante: plus c’est gros, mieux c’est. Le ministre de l’Intérieur a donc décidé de prononcer, un 13 juillet, la veille de l’interview du président de la République, un discours de politique générale. Aux tonalités très présidentielles. Et comme si cela ne suffisait pas, il a choisi comme cadre la Camargue, ses chevaux et ses charrettes à journalistes. On pensait cette image politique à jamais associée à Sarkozy et à sa campagne de 2007, mais c’était compter sans l’insolence de Manuel Valls. A quelques kilomètres des Saintes-Marie-de-la-Mer, le ministre préféré des Français s’est donc employé à marquer au fer une anouble (un taureau d’un an), sous l’œil des journalistes qui pour l’occasion avaient été transportés en carrioles. Comme au bon vieux temps du sarkozysme triomphant.



A l’heure de l’apéritif et devant 300 militants réunis pour un banquet républicain, Valls est totalement sorti du périmètre de sa fonction. Mais en respectant scrupuleusement les codes de bienséance de la solidarité gouvernementales, citant François Hollande et Jean-Marc Ayrault à plusieurs reprises. Mais ce n’était pas un ministre de l’Intérieur qui parlait : un Président, peut-être pas encore, mais un futur un Premier ministre certainement. Evoquant toutes les figures de la gauche (Jaurès, Blum, Mendès, Gambetta, Clemenceau), Valls a rendu hommage à l’autorité (« la gauche doit assumer la nécessité d’autorité »), à l’Etat (« le génie du politique c’est d’avoir inventé l’Etat (…). Il n’y a pas d’ordre social sans Etat ») et, bien sûr, à cette laïcité qui « apaise et qui est émancipatrice».

Europe, écologie et enseignement

Dans sa défense du hollandisme, l’ex-candidat à la primaire socialiste s’est employé à distiller quelques vacheries subliminales contre le couple exécutif. « Notre premier devoir est un devoir de vérité vis à vis des Français même quand elle est douloureuse. "Parler franchement est en définitive le meilleur procédé", disait déjà Homère. Il y a plus de 25 siècles », a-t-il déclaré. Valls s’est même offert le luxe d’une anaphore, répétant à quatre reprises : « moi, ministre ». Avant d’en appeler à un « choc de confiance », dans une allusion explicite au choc de simplification qu’avait annoncé François Hollande.

Valls a parlé de tout. L’Europe ? « Je ne comprends pas ceux qui, notamment à gauche, critiquent exagérèment l’Europe, en font tous les problèmes, alors que nous devons en faire la solution. » Et de plaider pour non pas « moins d’Europe », mais pour une « Europe en mieux ». L’écologie ? « Nous avons là une très grande peut être la plus grande responsabilité vis à vis des générations futures. » L’école? « Le cœur de l’école ce sont les enseignants... Il faut les respecter, les aimer et également bien les former pour leur donner toutes les ressources nécessaires à l’exercice de ce métier. » Et de proposer sa synthèse : « Cette gauche qui réussit c’est une synthèse nouvelle entre un réformisme assumé et une République intransigeante. Voilà ma synthèse, la synthèse de cette gauche qui gouverne. » Pour tous ceux qui avaient encore un doute sur les ambitions de Valls, les voilà au parfum. Il a même osé une étrange définition de la politique : « Qu’est ce que la politique sinon la construction symbolique et institutionnelle qui vise non à abolir les passions, les envies, les ambitions mais à les réguler, à les civiliser au travers d’un corps qui s’appelle l’Etat. » Jean-Marc Ayrault est prévenu.


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