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31 juil. 2013

La démarche quelque peu idéaliste des Veilleurs…

veilleurs
Naguère, un brave homme s’imaginait que, si les hommes se noyaient, c’est uniquement parce qu’ils étaient possédés par l’idée de la pesanteur. Qu’ils s’ôtent de la tête cette représentation, par exemple, en déclarant que c’était là une représentation religieuse, superstitieuse, et les voilà désormais à l’abri de tout risque de noyade. Sa vie durant, il lutta contre cette illusion de la pesanteur dont toutes les statistiques lui montraient, par des preuves nombreuses et répétées, les conséquences pernicieuses.

Ce passage tiré de L’Idéologie allemande de Karl Marx et Friedrich Engels souligne les périls d’une forme d’idéalisme malheureux, c’est-à-dire l’idée selon laquelle la conscience est en elle-même et par elle-même une actrice historique. Cela ne veut pas dire que la prise de conscience est inutile, mais qu’elle joue un rôle dans la lutte contre l’aliénation et, à terme, la construction d’une hégémonie culturelle et théorique, donc comme moment d’un processus dialectique, qui dépasse, donc conserve, en niant.

Le mouvement des Veilleurs est un moment, nécessaire et précieux, dans un processus dialectique bien particulier. Veiller avec et parmi les Veilleurs est autre chose qu’être un Veilleur. Veiller est adopter la posture vigilante de la sentinelle, pleinement attentive à son environnement mais aussi à soi-même (il faudrait écrire plus longuement pour comprendre combien la Veille est porteuse de sens en tant que commencement d’une pleine ouverture à l’Être). Mais être un Veilleur signifie adopter un certain nombre de principes. L’un de ces points, valable précisément comme moment, mais non comme principe, est celui de la non-violence. Je tiens donc à souligner, fraternellement, un élément problématique, car idéaliste, de la démarche des Veilleurs.

La grandeur de la non-violence et son efficacité viennent de ce que le non-violent serait capable d’exercer la violence. C’est ainsi que Gandhi, emprisonné plusieurs fois et menacé de mort, fut libéré par les autorités britanniques de crainte d’une émeute en Inde. On rappelle aussi que la non-violence de Gandhi est loin d’être aussi non violente que les partisans d’une non-violence ultra, pour ainsi dire, pourraient le penser, puisqu’elle s’accompagnait de grèves prolongées (ce qui ne diffère guère des moyens préconisés par feue l’organisation « ultra-violente » Troisième voie), d’occupations de points importants (silos de sel lors de la marche du sel) et détériorations multiples. On souligne que si la non-violence de Gandhi facilita l’indépendance de l’Inde, ce fut aussi et surtout grâce au soutien des États-Unis et de l’URSS, puissances alors guère partisanes de la non-violence. Enfin, Gandhi fut assassiné, et cela n’empêcha pas la partition de l’Inde qui causa près d’un million de morts. Après trente ans de lutte, plusieurs milliers de blessés graves, plusieurs centaines de milliers d’arrestations.

La non-violence sans la puissance d’exercer la violence et de surpasser son adversaire n’est rien ; les grévistes de la faim irlandais en firent la douloureuse expérience. Il convient donc d’écouter le conseil de Machiavel, ce sommet du réalisme politique : la clef de la victoire consiste à allier la ruse du renard et la force du lion.

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