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9 juin 2013

Qui a peur des médecines traditionnelles ?

Jake Daniels/AP/SIPA
Ces pratiques parfois millénaires soignent des millions d'individus à travers le monde. Mais, en France, on continue à dénier à leurs praticiens le titre de médecin.

Des millions de personnes dans le monde n'ont jamais recours à la médecine moderne allopathique. En Afrique, 80 % de la population se soigne grâce à des remèdes ancestraux. Il en va de même en Amérique latine, en Asie et notamment en Chine où la médecine traditionnelle représente toujours 40 % des soins administrés. En Inde ou en Chine, la médecine traditionnelle est même toujours enseignée, utilisée dans les hôpitaux qui sont parfois mixtes, et continue à faire l'objet de recherches. Très fortement imprégnées de leur culture d'origine, ces médecines sont dites «holistiques», c'est-à-dire qu'elles appréhendent à la fois la dimension physique, émotionnelle et spirituelle du patient. Elles trouvent aujourd'hui en France un écho de plus en plus fort, notamment la médecine traditionnelle chinoise et l'acupuncture, qui se sont fortement développées dans les années 70. 

Si dans leur pays d'origine elles sont considérées comme des médecines globales, capables de s'attaquer à toutes les pathologies, elles n'existent chez nous que sous des versions édulcorées qui les cantonnent souvent au rôle de médecine «complémentaire». 

LA MÉDECINE CHINOISE 

La prévention avant tout 

Plus de 500 millions de Chinois ont recours à leur médecine traditionnelle qui, contrairement à ce qu'on croit, ne se résume pas à l'acupuncture (lire ci-contre). Cette discipline n'est en réalité qu'un élément dans son arsenal thérapeutique qui en compte quatre autres : la diététique, le massage (tui-na), la pharmacopée et les exercices énergétiques (tai ji quan et qi gong). En France, elle est essentiellement utilisée en préventif. La consultation, qui dure entre quarante-cinq minutes et une heure, commence toujours par un entretien poussé sur les habitudes de vie du patient, son moral, ses antécédents, ses symptômes, ses éventuels traitements en cours. Le médecin procède également à des palpations et à des observations (langue, couleur du visage, timbre de la voix) avant la prise des fameux «pouls chinois». Plus complexe que celle que nous connaissons, elle se fait à trois endroits sur chaque poignet en effectuant des pressions plus ou moins intenses. Le praticien cherche à connaître la profondeur, la longueur, l'épaisseur et la vitesse de ces pouls. Des informations qui lui permettent d'évaluer où se situe le déséquilibre et quelle fonction possède trop ou peu d'énergie. Son obsession n'est pas de nommer la maladie, mais de pister la cause des symptômes et l'organe qui en est à l'origine pour rétablir son bon fonctionnement. Pour lui, le déséquilibre des propriétés chimiques du corps n'est pas la cause de la maladie, ce ne sont que ses effets. L'examen terminé, il puise dans son arsenal thérapeutique pour proposer le traitement adéquat qui va permettre de rééquilibrer les énergies et la circulation des fluides. 

L'ACUPUNCTURE 

Les travaux d'aiguille qui soulagent 

«A la ménopause, j'ai tout essayé pour calmer mes bouffées de chaleur, rien n'y faisait, alors j'ai décidé de tenter l'acupuncture, et en deux séances c'était réglé», raconte Valérie, 53 ans, qui depuis s'offre également deux séances annuelles au début de l'hiver pour calmer ses maux de dos. En France, l'acupuncture est la facette la plus connue de la médecine chinoise. Enseignée à la faculté, elle ne peut être pratiquée que par des médecins, car le fait de planter des aiguilles est considéré comme un acte chirurgical. 

Le principe de l'acupuncture est aussi simple qu'inexpliqué : «Le corps est traversé par des énergies qui circulent sur les trajets des méridiens. Sur ces méridiens, il existe des points de réglage de circulation de l'énergie. Lorsque l'on pique un de ces points, on déclenche une ordonnance interne qui agit comme une restauration d'ordinateur. Ce n'est pas de la magie, et tous les jours je constate que ça marche», assure Catherine Vermès, médecin acupuncteur*. Ne soyez pas surpris si on vous pique l'orteil droit alors que c'est l'épaule gauche qui vous lance. Ces méridiens ne sont pas en lien avec un support physique - d'ailleurs, on ne pique jamais sur l'endroit douloureux. 

* Auteur de Soigner l'infertilité par les médecines douces, éd. Grancher. 

L'AYURVEDA 

La médecine indienne 

Née en Inde il y a plusieurs millénaires, la médecine ayurvédique est l'une des plus anciennes au monde encore pratiquées. Couramment enseignée et utilisée en Inde, elle reste très méconnue en France. En sanskrit, ayur signifie «la vie» et veda, «la connaissance» ; le principe de cette médecine est donc avant tout de mieux se connaître, pour mieux se gérer, vivre en harmonie avec son environnement. 

Toute séance commence par un bilan complet qui permet de mieux cerner et définir le dosha dominant du patient, autrement dit son profil, son tempérament : vata («air»), pitta («feu») ou kapha («eau»). A chacun de ces types (qui sont parfois doubles, pitta-vata ou kapha-pitta, voire triples) correspondent un régime alimentaire et une hygiène de vie particulière que le professionnel adapte à chacun. Quelqu'un de type pitta devra par exemple éviter de consommer une nourriture pimentée ou acide pour ne pas «nourrir» son dosha. Pilier de la médecine ayurvédique, la diététique en est le principal outil. S'y ajoute une routine quotidienne, déterminée elle aussi par le dosha : heures de lever et de coucher régulières, exercices ou yoga, méditation, préparations à base de plantes, massages... En Inde, ces derniers sont délivrés sur ordonnance, au même titre que les antibiotiques chez nous. 

LA NATUROPATHIE 

Une bonne hygiène de vie 

Créée à la fin des années 20 aux Etats-Unis, dérivée de la médecine grecque ancienne, la naturopathie compte aujourd'hui 500 professionnels en France. C'est la médecine qui soigne les gens... en bonne santé ! L'art de rester en forme en privilégiant les moyens naturels : diététique, hygiène de vie, phytothérapie, exercice... 

Lors de la première consultation, le praticien effectue un bilan vital, qui au contraire du diagnostic évalue la partie saine et non la partie malade de l'individu. Au fil des questions et des observations (ongles, peau, cheveux...) complétées par la prise des pouls chinois (lire p. 64), il évalue la constitution et le niveau de vitalité de la personne. Puis établit un programme d'hygiène de vie comprenant des conseils diététiques, des exercices sportifs (yoga, danse, arts martiaux en fonction des affinités), des bains, du thermalisme, des méthodes de relaxation... L'objectif du naturopathe est de pousser le patient à reprendre le contrôle de sa santé en lui donnant les clés de son fonctionnement afin de prévenir la maladie. Et, lorsqu'elle est déjà là, de réveiller les ressources pour faciliter l'autoguérison. 

LA PHYTOTHÉRAPIE 

Se soigner par les plantes 

Véritable trait d'union entre les médecines traditionnelles qui l'utilisent toutes, la phytothérapie est l'art de soigner et de prévenir la maladie par les plantes. Au menu : décoctions, tisanes, inhalations, infusions, cataplasmes, compresses. On consomme la plante entière ou en morceaux, ceux-ci ayant parfois des propriétés différentes, à l'exemple de l'ortie dont la racine facilite le confort urinaire masculin, tandis que la partie aérienne régule l'excès de sébum chez l'adolescent. Mais, attention, se soigner avec la phytothérapie n'est ni simple ni inoffensif. D'abord parce que les effets diffèrent d'un patient à l'autre - chez certains, c'est la valériane qui facilite le sommeil, chez d'autres c'est le pavot de Californie. Mais, surtout, parce que des plantes mal utilisées, mal mélangées ou prises en interaction avec des médicaments peuvent se révéler toxiques. Même si l'Europe vient de voter une directive exigeant que les plantes à usage traditionnel soient soumises à une autorisation de mise sur le marché, comme les médicaments, cela ne signifie pas que tout un chacun peut s'improviser phytothérapeute. 

«Il ne suffit pas de prendre une plante qui possède telle ou telle propriété, il faut d'abord poser un diagnostic», avertit le Dr Jean-Claude Lapraz, clinicien spécialiste de la phytothérapie. Tout comme la naturopathie ou la médecine chinoise, la phytothérapie est une approche intégrative qui ne se borne pas à soigner les symptômes, mais cherche toujours la cause profonde. «Par exemple, dans un cas d'eczéma, on n'applique pas simplement une pommade, on se demande d'où ça vient. Cela peut être un problème lié à la thyroïde ou aux glandes surrénales», explique le Dr Lapraz, qui regrette qu'en France la phytothérapie soit «décrédibilisée, déremboursée et boudée par les médecins traditionnels». 

L'AROMATHÉRAPIE 

Les bienfaits des huiles essentielles 

L'histoire de l'aromathérapie, utilisée par les civilisations chinoise, égyptienne ou indienne depuis des millénaires, se mêle à celle de la phytothérapie. Il s'agit pourtant d'une discipline distincte, qui ne concerne que les huiles essentielles, obtenues à partir des plantes aromatiques. Mal utilisées, ou prises en association avec certains médicaments, les huiles essentielles - comme les plantes - peuvent se révéler toxiques. Elles sont également déconseillées aux personnes allergiques, aux femmes enceintes et aux très jeunes enfants. Toutes ces précautions en font un produit difficile à utiliser en automédication. D'autant qu'il existe des centaines d'huiles essentielles, possédant chacune de multiples propriétés. Ainsi, le jasmin est à la fois analgésique, antidépresseur, anti-inflammatoire, antiseptique, antispasmodique, aphrodisiaque, sédatif, tonique... Mieux vaut demander conseil à un professionnel qui connaît en outre la manière d'utiliser ces substances actives : en massage, diluées dans une huile végétale (jamais à même la peau !), en diffusion dans l'air, en compresse, en inhalation, dans un bain ou en respirant à même le flacon. Agissant à la fois sur le moral et sur le corps, les huiles essentielles peuvent être prescrites aussi bien en curatif qu'en préventif. En France, elles sont surtout utilisées pour la préparation à l'endormissement, les problèmes dermatologiques, la désinfection et la cicatrisation des plaies ou le traitement des brûlures. 




QUELLE HUILE POUR QUEL TRAITEMENT ? 

Stress : bergamote, néroli, essence de rose. 

Maux de tête : une compresse froide avec de la lavande et de la menthe poivrée sur le front. 

Sinusite : inhalation de lavande, de théier, de thym, d'eucalyptus, de menthe poivrée ou de pin seul ou en mélange 

Laryngite : inhalation de thym, de bois de rose, de santal ou de lavande et en plus un gargarisme avec une ou deux cuillers de thym dans une tasse d'eau chaude. 

Nausée : humez de la menthe poivrée, de la lavande ou du gingembre directement du flacon ou sur un mouchoir aspergé de quelques gouttes. 

Entorse : compresses froides de lavande ou de camomille allemande. 

A lire : la Bible de l'aromathérapie et des huiles essentielles, de Gill Farrer-Halls, Guy Trédaniel Editeur.

L'HOMÉOPATHIE, L'ART DE SOIGNER LE MAL PAR LE MAL 

Traiter le mal par le mal : ainsi fonctionne l'homéopathie, médecine douce de plus en plus appréciée. En 2010, 53 % des Français y ont eu recours, contre 39 % en 2004. Un hiver rude ou des examens se préparent à grand renfort d'homéopathie. Les granules et potions sont utilisées pour traiter les affections hivernales comme le rhume ou la grippe (56 % des utilisations), les coups, bleus et bosses (52 %), le stress (41 %), les poussées dentaires (28 %) et les allergies (26 %). Le principe est simple : une substance toxique à haute dose peut, à dose infinitésimale, soulager un malade. Absorber des granules d'abeille permet de soigner une piqûre de cet insecte, par exemple. Plus la préparation est diluée et secouée, plus son pouvoir thérapeutique augmente. Pour un simple coup, des granules d'arnica à 5 CH («centésimale hahnemannienne») suffisent. Si la sensation de mal est plus forte, comme pour des courbatures, on passe au 7 ou 9 CH. Les suites d'un traumatisme seront traitées avec de l'arnica 15 à 30 CH. 

Pas de mauvaise surprise : au pire, ça ne fonctionne pas. C'est bien ce que ses détracteurs reprochent à l'homéopathie, l'accusant d'être un placebo, une approche empirique qui n'a pas fait la preuve scientifique de son efficacité. Depuis 2003, l'homéopathie n'est plus prise en charge par la Sécu qu'à hauteur de 35 %. Ce qui n'affaiblit pas l'engouement des Français pour cette médecine douce et bon marché (un tube ne coûte pas plus de 2 €).




source : marianne.net

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