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7 juin 2013

Chiffres du chômage : un "bug" à l'Insee

De manière inédite, l'Insee s'est contenté de communiquer le taux de chômage sans préciser la répartition par sexe et âge.L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) n'a pas pu publier l'ensemble des chiffres du chômage. (Image d'illustration) © Michel Euler/AP / Sipa

L'Insee n'a pas pu publier jeudi l'ensemble des chiffres sur le chômage en raison notamment d'un problème d'effectif chez les enquêteurs chargés de sonder chaque trimestre 100 000 personnes, un "bug" qui suscite chez des experts des interrogations sur le fonctionnement de l'Institut de la statistique. De manière inédite, l'Insee s'est contenté de communiquer le taux de chômage - en hausse, à 10,4 % en métropole - sans préciser la répartition par sexe et âge ou encore les caractéristiques des conditions d'emploi (temps partiel...).

En cause, une réforme du statut des quelque 900 enquêteurs chargés de visiter 50 000 foyers, qu'ils réinterrogent tous les trois mois pendant un an et demi. À noter que ces enquêteurs, des femmes pour la plupart, font également les relevés pour les indices de prix à la consommation. 

Réforme du statut des enquêteurs

Autrefois payés à la pige, ils basculent progressivement depuis le début de l'année sur des emplois pérennes dans le cadre d'un plan de "déprécarisation" de la fonction publique. Ces derniers ne pouvant plus travailler au-delà de 35 heures, cela a conduit à un problème de sous-effectif.

Les résultats de cette "enquête emploi" permettent d'obtenir le taux de chômage en France, qui fait référence pour les comparaisons internationales. Il est jugé plus fiable par les économistes que le deuxième indicateur disponible, celui de Pôle emploi, qui présente l'inconvénient de ne recenser que les demandeurs d'emploi inscrits sur ses listes.

Autre obstacle rencontré par l'Insee : une "refonte de l'enquête", avec "un questionnaire légèrement adapté et une chaîne de traitement de l'information modifiée" pour se caler sur les standards européens. Un question reformulée sur la disponibilité immédiate des personnes pour reprendre un emploi pourrait avoir induit un biais. Résultat, "la marge d'imprécision semble accrue, sans que nous sachions à ce stade avec quelle intensité les causes possibles ont joué. Nous y travaillons", explique Fabrice Lenglart, directeur des statistiques démographiques et sociales de l'Insee. Traditionnellement, la marge d'incertitude du taux de chômage est de 0,3 point.

"Il aurait fallu soit faire des tests pendant plus longtemps, soit agrandir l'échantillon", "il y a eu vraisemblablement des imprudences dans la façon de gérer l'enquête", s'inquiète Xavier Timbeau, directeur de l' Observatoire français des conjonctures économiques. Selon l'économiste, "cela n'implique pas une remise en cause de l'Insee, mais permet de se rendre compte à quel point c'est un dispositif complexe et coûteux". "On a peut- être voulu faire des économies sans anticiper les conséquences", suppute-t-il.
Débat autour de la mission de l'Insee

"L'Insee a-t-elle toujours les moyens de remplir sa mission ? C'est une question préoccupante", s'alarme aussi Philippe Waechter, chef de la recherche économique chez Natixis. Pour Pierre Concialdi, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales, si les "chiffres du chômage, élément important du débat social, connaissent des ratés, cela soulève des questions". "Il est normal que des statistiques soient révisées, mais étonnant que cela se traduise par un bug aussi important", note l'économiste, membre du collectif ACDC (les autres chiffres du chômage). Il estime que cela "renvoie à un problème de mode d'organisation et, éventuellement, de moyens".

Pour Catherine Gilles, de la CGC Insee, la réforme du statut des enquêteurs, comme la refonte du questionnaire, est positive. "Il n'était juste pas très heureux de tout faire en même temps", regrette-t-elle. La CFDT évoque aussi un malencontreux "concours de circonstances". "On a mal anticipé des démissions dans certaines zones", "ce qu'on peut regretter, c'est qu'ils n'aient pas prévu de roue de secours", déplore-t-on.

Pour autant, experts comme syndicats refusent de comparer la situation au précédent de 2007. Quelques mois avant la présidentielle, l'institut avait annoncé le report à l'automne de la publication de l'enquête emploi en raison "d'incertitudes techniques", alimentant un polémique retentissante sur la sous-évaluation du chômage. L'Insee avait finalement décidé de revoir radicalement le mode de calcul du chômage pour adopter celui de l'office européen.


Le Point.fr - Publié le 07/06/2013 à 02:44 - Modifié le 07/06/2013 à 07:40

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