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21 mai 2013

Un chômage élevé pousse l'Espagne à renouer avec sa tradition d'émigration



De plus en plus de jeunes diplômés tentent leur chance à l'extérieur. Cette perte de talents comporte aussi quelques avantages pour le pays.

Avec la crise, l'Espagne a retrouvé son statut de terre d'émigration. Le nombre d'Espagnols résidant à l'étranger a augmenté de 5,5 % en 2012. Comme dans les années 1960, quand près de 1 million d'entre eux avaient cherché un avenir hors de leurs frontières, l'Allemagne est une destination privilégiée. Ce pays a ainsi accueilli 20.539 personnes venant d'Espagne (dont probablement des Allemands) en 2012, d'après l'office allemand de statistique. « La principale nouveauté, c'est qu'une bonne part des émigrants est désormais hautement qualifiée », explique Lorenzo Cachón, sociologue à l'université Complutense de Madrid.

Ce phénomène est amplifié par les coupes budgétaires

Markus Krack, responsable du recrutement d'Espagnols pour l'Allemagne chez Adecco, affirme que ces derniers « sont le plus souvent ingénieurs, informaticiens ou professionnels de santé, et ont entre vingt-cinq et trente-cinq ans ». La raison en est simple : avec un taux de chômage de 27 %, l'Espagne, même bien formée, est incapable d'absorber la main-d'oeuvre disponible. « J'ai quitté mon travail en 2012 pour m'installer en Allemagne parce que l'avenir m'y avait l'air plus sûr. J'ai bien fait : six mois après, l'entreprise que j'avais laissée a présenté un plan social », raconte Javier Lorrio, vingt-six ans, ingénieur industriel à Bonn.

Ce phénomène est amplifié par les coupes budgétaires dans des secteurs traditionnellement demandeurs de personnel qualifié comme l'éducation ou la santé. Le Conseil général d'infirmerie dénonce ainsi le licenciement de 20.000 infirmiers entre 2011 et 2012. Or, « l'Allemagne recherche 200.000 de ces professionnels, notamment en Espagne, où la formation est bonne », affirme Esther Moreschini, chez Stepjob, entreprise de mise en relation de professionnels espagnols et de recruteurs allemands.

Feliciano Fernández, vingt-sept ans et chômeur depuis un an, ne s'y est pas trompé, qui s'est rendu vendredi au forum de recrutement d'infirmières organisé par Stepjob à Madrid : « Comme il est impossible de trouver un emploi stable en Espagne, je vais suivre un cours d'allemand pour pouvoir partir. »

Malgré la préoccupation que suscite ce phénomène dans la presse et dans l'opposition, le gouvernement de Mariano Rajoy se félicite de cette « mobilité extérieure ». Elle constitue un plus, si le pays réussit à rapatrier ces jeunes talents. L'exécutif parie sur sa stratégie de dynamisation de l'emploi des jeunes pour les attirer. Pas sûr que cela soit suffisant, avec une croissance prévue à peine supérieure à 1 % en 2016, et un taux de chômage de près de 25 % à cette date. « Avec mon salaire deux fois supérieur et de bonnes perspectives au sein de l'entreprise, je ne suis plus sûr de rentrer bientôt »,admet Javier Lorrio. María José Aguilar, informaticienne de vingt-sept ans sans emploi et installée depuis janvier en Allemagne, ne se fait pas d'illusion : « Vu la situation en Espagne, je suis ici pour longtemps. »
Talent perdu

Ce talent perdu ne va pas sans compensation : l'argent envoyé en Espagne depuis l'étranger a frôlé en 2012 les 6 milliards d'euros d'après la Banque d'Espagne. Dans un pays dont la récession est en grande partie imputable à la baisse de la consommation, un tel apport aux familles est bienvenu. Certes, « le but du départ de ces jeunes n'est pas d'aider leurs familles », note Lorenzo Cachón. Il n'empêche, la différence entre les sorties et les entrées d'argent depuis l'Espagne n'a pas été aussi faible depuis 2005.


source : G. L., Les Echos

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