Les représentants des salariés de la Banque de France ont échoué à faire plier la direction sur son vaste projet de réorganisation de l’institution vendredi, durant la dernière réunion du comité central d’entreprise (CCE) consacré à ce plan qui prévoit de 1.700 à 2.100 suppressions de postes d’ici à 2020.
La procédure d’information du comité d’entreprise s’est clôturée dans la soirée par un avis négatif de la majorité des syndicats auquel a été présenté le projet de restructuration de la Banque, dans sa version amendée au cours de réunions précédentes avec les salariés.
«Leur décision est actée malgré les avis défavorables du CCE», a indiqué à l’AFP Franck Lambert, délégué du SNA, premier syndicat à la Banque de France.
L’institution bicentenaire, qui emploie 13.000 agents, va mettre en oeuvre d’ici 2020 une vaste réorganisation de ses services avec notamment la fermeture de caisses en région. Cette réorganisation a été décidée pour accompagner le «choc démographique» de 5.000 départs à la retraite anticipés avant cette date, selon un porte-parole de la direction.
Le gouverneur, Christian Noyer, et le sous-gouverneur, Robert Ophele, qui a piloté ce projet, ont présenté ce plan dans la matinée sans y rien changer, selon les syndicats.
«Le gouverneur n’a fait aucune annonce» sur la cartographie de la réorganisation, a affirmé Franck Lambert. Il a seulement indiqué que l’institution mettrait les moyens financiers nécessaires pour permettre aux agents dont les sites fermeront d’aller vers les sites pérennes, selon le syndicaliste.
«Si des agents se faisaient encore des illusions sur la possibilité d’obtenir des choses sans un combat syndical vraiment très actif, je crois qu’elles sont tombées aujourd’hui», a déclaré pour sa part le représentant CGT, Denis Durand. «Il va falloir un combat syndical très actif. On va le mener», a-t-il ajouté, estimant qu’il y a chez les agents de la Banque, «à la fois une angoisse, une incertitude, une colère».
«Absence totale de dialogue»
Pour la CGT, qui a refusé d’émettre un avis, «il y a eu une absence totale de dialogue ce matin». «Le gouverneur a à peine écouté ce que les élus disaient», selon Denis Durand.
Il n’a pas exclu le recours à une procédure judiciaire, évoquant notamment une absence d’information sur les risques psycho-sociaux induits par le plan de restructuration sur les salariés de la Banque de France.
Une porte-parole de la direction a estimé, pour sa part, qu’il y avait eu «un vaste mouvement de porte ouverte au dialogue depuis le début». Elle a fait valoir que la réorganisation avait été décidée en raison du «choc démographique de 5.000 départs à la retraite mais sans toucher aux missions» de la Banque. «Dès le départ, il a toujours été acté que la réforme préserverait le contact avec le public», a-t-elle affirmé. Selon elle, en effet, les regroupements concernent uniquement le traitement des dossiers sans que cela ait d’impact pour les particuliers.
Les représentants du personnel ont également été informés du PSE pour 2013-2015 qui concerne environ 176 salariés et 15 fermetures de sites dans l’activité fiduciaire, ainsi que de l’ensemble des mesures de mobilité.
Les salariés de la Banque, qui ont fait grève à plusieurs reprises contre le projet, avaient lancé un appel jeudi au président, François Hollande. Ils ont dénoncé dans une lettre signée de l’intersyndicale la «grave menace» que le plan fait planer sur les usagers.
«Nous ne pouvons comprendre la logique d’une telle dévitalisation de la présence de notre institution dans les territoires et les bassins d’emplois», explique le personnel dans cette lettre. «Ce serait là sacrifier un outil essentiel pour combattre la crise financière et mettre en oeuvre une politique de croissance en France et en Europe», ajoute-t-il.
De nombreux élus ont apporté leur soutien aux salariés de la Banque.
par AFP
source : liberation.fr
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