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31 mai 2013

La direction d’Al Jazeera ordonne le retrait d’un article de Joseph Massad, dans un acte de censure pro-Israël - puis, le remet

Dans un acte sans précédent de censure politique, Al Jazeera Anglais a supprimé un article du professeur à l’université de Columbia Joseph Massad, après avoir essuyé de vives critiques des sionistes dans ces derniers jours.

Depuis, Al Jazeera a remis l’article de Joseph Massad.

Massad a dit à The Electronic Intifada qu’il avait « reçu confirmation » de son rédacteur en chef à Al Jazeera Anglais que « la direction avait retiré l’article ». The Electronic Intifada a pu confirmer pour sa part que l’article avait bien été retiré.

L’article, Les derniers des sémites, publié le 14 mai, a été enlevé du principal site anglais d’Al Jazeera dimanche matin – le lien dirige maintenant sur la page principale d’Al Jazeera. Il a également disparu de la page personnelle de Massad sur le site d’Al Jazeera.

Cet article a été l’un des plus consultés et a provoqué des courriels sur le site de même qu’il a été twitté des centaines de fois.

Al Jazeera n’a toujours pas fourni d’explication officielle à son geste.

De vives critiques

Depuis sa publication, l’article a généré de vives critiques de la part des extrémistes sionistes, notamment d’un chroniqueur dans le journal violemment anti-palestinien Jerusalem Post, et une condamnation sur Twitter de la part du filtreur du lobby pro-israélien préféré du Président Barack Obama et l’ancien gardien de prison, Jeffrey Goldberg :

John Podhoretz, rédacteur en chef du magazine néoconservateur sioniste anti-palestinien Commentary, a twitté à propos de Massad : « Félicitations aux bailleurs de fonds de l’université Colombia, pour avoir payé un salaire à ce monstrueux connard ! ».

Si le retour de bâton a été si fort c’est précisément parce que Massad va au cœur de la revendication d’Israël de représenter les juifs et qu’il rejette les critiques d’Israël l’accusant d’être antisémite en montrant qu’en réalité, c’est Israël et le sionisme qui relèvent du même antisémitisme qui a ciblé les juifs européens.

Ce faisant, Massad coupe l’herbe sous le pied des sionistes et des lobbyistes pro-Israël en démontrant que ce sont eux les antisémites et il leur enlève la plus formidable arme qu’ils brandissent contre les détracteurs d’Israël : l’accusation que l’antisionisme est de l’antisémitisme.

En neutralisant cette arme idéologique qu’Israël utilise si efficacement dans les médias occidentaux pour camoufler sa colonisation de la Palestine, la position pro-juive de Massad et son attaque vigoureuse contre l’antisémitisme sioniste sont clairement comprises par les personnalités du lobby pro-Israël, tel que Goldberg, comme une destruction totale de leur arsenal idéologique.

Le sionisme et l’antisémitisme : les deux côtés d’une même médaille

L’affirmation de Goldberg selon laquelle l’article de Massad est une « chape de revêtement anti-juive » ne pouvait être plus éloignée de la vérité.

Massad a longuement argumenté – de façon convaincante – que le sionisme et l’antisémitisme sont les deux côtés d’une même médaille. C’est un thème qu’il développe avec une grande érudition dans son livre de 2006, La Persistance de la question palestinienne, et sur lequel il revient dans son dernier article, Les derniers des sémites, publié sur Al Jazeera le 14 mai, et qui s’ouvre ainsi :

« Les opposants juifs au sionisme ont compris que le mouvement, depuis ses débuts, partageaient les préceptes de l’antisémitisme dans son diagnostic de ce que les Européens non juifs [les Gentils] appelaient la « question juive ». Ce qui a le plus ulcéré les Juifs antisionistes, toutefois, fut que le sionisme a repris à son compte la « solution » à la question juive que les antisémites avaient toujours préconisée, à savoir l’expulsion des Juifs d’Europe. . »

En décembre dernier, dans un autre article pour Al Jazeera, Massad expliquait comment « les dirigeants sionistes reconnaissaient consciemment que l’antisémitisme d’État était essentiel pour leur projet colonial » en Palestine, une reconnaissance incarnée par l’Accord de Transfert que les dirigeants sionistes ont signé avec le gouvernement de l’Allemagne nazie en 1933 (l’accord Haavara du 25 août 1933 – ndt).

Un thème que Massad développe dans son dernier article est que le soutien européen, et spécialement allemand, à Israël après 1948, ne rompt pas avec le passé antisémite :

« L’alliance de l’Allemagne de l’Ouest avec le sionisme et Israël après la Deuxième Guerre mondiale, pour fournir à Israël une énorme aide économique dans les années cinquante ainsi qu’une aide économique et militaire depuis les années soixante, comprenant notamment des chars d’assaut qui furent utilisés pour tuer les Palestiniens et d’autres Arabes, est une continuation de l’alliance que le gouvernement nazi avait conclue avec les sionistes dans les années trente. »

Les derniers des sémites est basé sur une conférence que Massad a donnée à Stuttgart, en Allemagne, à un public en grande partie allemand, la semaine dernière :





La censure

Bien qu’Al Jazeera basé au Qatar reçoive de nombreuses critiques, et souvent méritées, pour refléter la politique étrangère du Qatar, la censure de l’article de Massad pour des raisons politiques est sans précédent, car le site en langue anglaise avait, jusqu’à maintenant, bénéficié d’une indépendance éditoriale totale.

Il est notoire que les lignes rouges d’Al Jazeera ont toujours été critiques du Qatar ou de son émir, et pourtant, Massad a même publié plusieurs articles sur Al Jazeera Anglais qui critiquaient durement tant la politique étrangère du Qatar (voir ici, et encore ici) que l’émir lui-même, sans jamais être censuré.

Et Massad a écrit une multitude d’articles qui ont rendu les sionistes enragés.

Ceci indique, sans nul doute, que la décision de retirer l’article de Massad aujourd’hui a été prise au plus haut niveau.

Mais pourquoi maintenant ?

Une interprétation raisonnable serait que le retrait de l’article de Massad reflète un durcissement de la ligne éditoriale alors que le réseau lance sa nouvelle chaîne, Al Jazeera America, qui s’appuiera – pour l’accès aux systèmes câblés et la crédibilité « grand public » - sur l’établissement de bonnes relations avec les élites étatsuniennes.

Une illustration de ce à quoi ce processus pourrait ressembler est apparue quand Ehab Al Shihabi, le directeur exécutif des opérations internationales d’Al Jazeeera et responsable officiel de l’ouverture d’Al Jazeera America, s’est rendu à Chicago – où se tiendra le siège du principal bureau d’Al Jazeera.

Dans cette ville, Al Shihabi a engagé une relation chaleureuse avec son maire, Rahm Emanuel, ancien chef de cabinet du Président Barack Obama.

Emanuel, principale éminence grise du Parti démocrate aux États-Unis, est bien évidemment connu également pour ses positions radicales en faveur d’Israël.

On ne sait si Al Shihabi a quelque chose à voir directement avec le retrait de l’article de Massad – cette décision aura presque certainement été prise au niveau le plus haut à Doha – mais son flirt avec Emanuel indique parfaitement sur qui Al Jazeera va chercher à faire bonne impression.

Jusqu’à dimanche dernier, l’article de Massad a pu encore être lu dans son intégralité sur le site mobile d’Al Jazeera, mais en fin de soirée, là aussi il avait disparu.

Les derniers des sémites - Joseph Massad – Al Jazeera Anglais.


source : info-palestine.net

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