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23 avr. 2013

"La morale laïque fait le pari de la liberté de jugement de chacun"

Le ministre de l'éducation Vincent Peillon quitte l'Elysée, le 10 avril.La morale laïque, dont Vincent Peillon précise aujourd'hui les modalités d'enseignement, est née dans la polémique. Le ministre de l'éducation avait annoncé, à la veille de la rentrée scolaire de septembre 2012 qu'il entendait développer cet enseignement du primaire au lycée. Luc Chatel, son prédécesseur rue de Grenelle, avait trouvé une résonance pétainiste dans cette volonté de "redressement intellectuel et moral" du pays. 



Pourtant, un sondage IFOP pour Dimanche Ouest-France révélait la semaine suivante que 91 % des Français étaient favorables à l'initiative, dont 48 % "très favorables". Une mission composée de l'historien Alain Bergounioux, du conseiller d'Etat Rémy Schwartz, et de l'universitaire Laurence Loeffel, a été chargée de définir le contenu de cet enseignement et de réfléchir à son évaluation. Leur rapport, que le ministre devait présenter lundi 22 avril, s'intitule "Pour un enseignement laïque de la morale".

Eclairé par les six mois de lectures et d'auditions du rapport, comment définissez-vous le plus simplement la "morale laïque" ?

La morale laïque est un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité. Cela doit aussi être une mise en pratique de ces valeurs et de ces règles.

Le rapport préconise un "enseignement laïque de la morale" et non plus une "morale laïque". Est-ce une marche arrière après les critiques ?

C'est la même chose ! Mais je comprends qu'il faut rassurer sur deux points. D'abord, certains voudraient laisser penser que la morale laïque serait antireligieuse. C'est exactement l'inverse : elle est une morale commune à tous, et c'est justement son respect qui autorise la liberté et la coexistence des croyances individuelles et privées de chacun. Ensuite, la morale laïque n'est pas non plus une morale d'Etat, une "orthodoxie à rebours". Elle est le contraire du dogmatisme et fait le pari de la liberté de conscience et de jugement de chacun : elle vise l'autonomie.

Des sondages ont aussi montré que le pays avait une envie forte que l'école se saisisse du sujet. Une mission difficile de plus pour les enseignants ?

Les parents d'élèves autant que les professeurs veulent cette morale laïque. Dans tous les établissements scolaires que je visite, les enseignants expriment clairement leurs besoins : qu'on leur permette de transmettre des valeurs, c'est-à-dire qu'on leur en donne d'une part les moyens, et d'autre part qu'on réaffirme fortement leur pleine légitimité à le faire. Ils sont au front de la crise économique et sociale, mais aussi civique et morale que nous vivons, parfois dans ce que certains ont pu appeler les territoires perdus de la République. Que la société tout entière, et les pouvoirs publics, prennent leurs responsabilités et leur dise clairement : "Nous sommes derrière vous quand vous accomplissez, en notre nom, la tâche difficile mais essentielle de transmettre les valeurs de la République !"

Source : Le Monde

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