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2 déc. 2012

Vincent Peillon réintroduit l'histoire-géo en terminale S

Le rétablissement de l'histoire-géographie en terminale scientifique : voilà un engagement de campagne sur lequel le gouvernement n'entend pas transiger. Dès 2013, les élèves de la "voie royale" n'auront plus, en 1re S, que deux heures et demie de cours d'histoire-géographie par semaine, contre quatre actuellement. En terminale en revanche, ils devront dès 2014 ajouter à leur emploi du temps déjà chargé - une trentaine d'heures hebdomadaires -, deux heures d'histoire-géo. Deux heures obligatoires, et pas optionnelles comme aujourd'hui. La discipline, ravalée au rang d'épreuve anticipée en fin de 1re, redeviendra une épreuve terminale en 2015.



Les tenants du "rétablissement" ont donc eu gain de cause. Il faut dire qu'ils ont su se faire entendre bien au-delà des cercles d'enseignants. Quand, à l'automne 2009, l'ancien ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a présenté sa réformedu lycée, dont le but affiché était de rééquilibrer les filières - en rendant plus "scientifique" le bac S -, personne ou presque ne s'est ému de la disparition desmathématiques dans la filière littéraire. La suppression de l'histoire-géo en terminale S, en revanche, s'est hissée à la "une" des médias. L'appel lancé dans le Journal du dimanche, le 6 décembre 2009, par une vingtaine d'universitaires - dont les historiens Pierre Milza, Jean-Pierre Azéma ou Serge Bernstein -, a trouvé un large écho dans les rangs politiques. Elle est devenue "la" pétition du moment, réunissant Marielle de Sarnez (Modem), Robert Hue (apparenté PCF), Hervé Mariton (UMP) ou encore l'actuel ministre de l'éducation, Vincent Peillon.

La pétition lancée par l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG), plus "confidentielle" que celle du JDD, a quand même recueilli... 28 000 signatures. "On a voulu faire de l'histoire-géographie un enseignement de spécialité, alors qu'il est une pièce maîtresse du raisonnement des élèves, affirme le secrétaire général de l'APHG, Hubert Tison. Priver les lycéens de cet enseignement l'année de leur majorité, quand ils accèdent à la citoyenneté, n'a aucun sens."

"PASSIONS FRANÇAISES"


Avec beaucoup d'enseignements scientifiques et désormais autant d'humanités, Hubert Tison reconnaît que les lycéens de terminale S sont "comblés". "Mais les pénaliser au motif qu'ils constitueraient une élite, la "crème" des élèves, est un raisonnement inquiétant pour l'avenir, dit-il. Ce n'est pas comme ça qu'on encouragera les vocations scientifiques."

Historien lui aussi, proche du PS, Claude Lelièvre ne partage pas cette analyse."L'enseignement de l'histoire fait partie des passions françaises ; les politiques se positionnent, et l'opinion s'enflamme. C'est l'histoire pour les élites et l'histoire comme discipline d'élite qui cristallisent les débats", estime-t-il. Difficile d'ignorerque, parmi les disciplines "maltraitées" par la réforme Chatel - car elles ont dûquitter le "tronc commun" délivré à tous les élèves pour devenir des options -, seule l'histoire s'est durablement imposée dans le débat public. Difficile, aussi, d'ignorer que l'absence de l'histoire-géo dans beaucoup de baccalauréats professionnels n'a jamais suscité pareille mobilisation.

Interrogé sur Mediapart, le 19 octobre, Vincent Peillon l'a reconnu, un peu gêné."C'est un engagement de campagne, je n'en suis pas particulièrement content, a-t-il confié. Il fallait le faire, mais comme par hasard, c'est en terminale S, la filière noble... Et personne ne s'est demandé si on ferait de même pour les autres ?"

"SUPER SÉRIE GÉNÉRALE"


Les syndicats d'enseignants ne sont pas plus satisfaits. Aucun n'a voté en faveur de la nouvelle grille horaire soumise à l'avis, purement consultatif, du Conseil supérieur de l'éducation, le 22 novembre. Avant 2010, la répartition horaire était pourtant à peine différente : deux heures trente en 1re S, deux heures trente, aussi, en terminale. "Le compte n'y est pas", assure le Snalc, qui a réclamé, sans succès, trois heures en 1re et deux heures en terminale.

La critique est très différente du côté du SE-UNSA, qui était, lui, favorable à la réforme du lycée : "La discipline va quitter le tronc commun des enseignements de 1re, puisque la série S bénéficiera d'un horaire différent des séries L et ES, qui conservent quatre heures", explique Claire Krepper, sa co-secrétaire générale.C'est revenir sur la spécialisation de la terminale S pour en refaire une filière réservée à des élèves excellents en tout. Une série à part..." Une "super série générale" où les enfants de cadres restent huit fois plus nombreux que les enfants d'ouvriers. Et qui continue de faire rêver les parents, car elle "ouvre toutes les portes".

Pour le SNES-FSU, majoritaire dans le second degré, c'est toute la philosophie de la réforme Chatel qu'il faut remettre à plat : "Cette manière de faire, par petits bouts, ne nous convient pas", affirme Roland Hubert, son secrétaire général. LaRue de Grenelle n'est pas sourde aux critiques. "Les réactions des syndicats sont une motivation supplémentaire pour procéder à un bilan de la réforme du lycée",justifie le nouveau directeur général de l'enseignement scolaire, Jean-Paul Delahaye. "Un bilan, annonce-t-il, qui sera fait en fin d'année."

Source : Le Monde. 

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