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5 déc. 2012

Ayrault-Montebourg, le recadrage productif

ANALYSE Avec le dossier Florange, le chef du gouvernement ne perd pas une occasion de rappeler qui est le patron à son ministre du Redressement productif.

Ça ressemble fort à un chemin de croix. Dont la cruauté témoigne du différend – du gouffre? – de fond et de forme qui les sépare sur le dossier Florange.

Après un week-end où ils ont échangé des noms d’oiseau par téléphone, Jean-Marc Ayrault ne perd pas une seule petite occasion pour rappeler à Arnaud Montebourg qui est le boss. Ecarter la «nationalisation temporaire» défendue par le ministre du Redressement productif («MRP») ne suffit pas au Premier ministre. Mardi, mercredi et jeudi, il a exigé sa présence à ses côtés lors des différentes étapes de son service après-vente. Devant les députés socialistes hier, l’intersyndicale sidérurgiste cet après-midi puis les élus de Moselle, jeudi. Avec, visiblement, une consigne afférente: ne pas l’ouvrir.

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Les deux hommes se détestent depuis que Montebourg a osé défier Ayrault en se portant candidat à la présidence du groupe PS à l’Assemblée après la défaite présidentielle de Ségolène Royal en 2007. Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, la liste des griefs s’est allongée. Il y a eu les dossiers PSA, Sanofi et Florange ainsi que les indiscrétions du ministre dans la presse sur ses projets, avant les derniers arbitrages, pour tenter de remporter le morceau. Avant de le perdre quasi-systématiquement. Entre Ayrault et Montebourg, c’est désormais œil pour œil, dent pour dent. 

A la réunion de groupe socialiste mardi matin, «on voyait Montebourg se décomposer à mesure que Ayrault parlait», témoigne un député, jugeant l’exercice «assez lamentable». «On sait qu’il n’est pas blanc-blanc dans cette affaire mais le moins qu’on puisse dire c’est que le Premier ministre n’a pas été embrassant», confirme Philippe Martin, le vice-président du groupe. A l’Assemblée, toujours aussi livide, Montebourg a subi la séance des questions au gouvernement les mains jointes sur les jambes. Ecoutant Ayrault par deux fois défendre ses solutions pour le site de Florange face aux attaques de la droite qui accusait le ministre du Redressement d’avoir «menti» devant la représentation nationale quand il a assuré avoir un repreneur. Une interrogation à laquelle Ayrault a évité de répondre.
«Le soft power du socialisme de l'ouest»

Sous le sourire bonhomme du Premier ministre, les observateurs ont découvert au fil de l’automne et des couacs gouvernementaux un caractère tranchant. Au point de souvent faire le parallèle avec François Fillon pendant le quinquennat précédent. «Ayrault, c’est le soft power du socialisme de l’ouest qui dit: "vous m’avez pris pour un cave et bien salutations du cave"», décrypte un parlementaire qui a récemment été reçu à Matignon. «C’est comme avec Peillon sur le cannabis, Ayrault veut en faire un exemple d’autorité», estime un ministre pour qui«Arnaud y est allé trop fort sur TF1». Après avoir réhabilité l’arme de la nationalisation et s'être vanté d’avoir l’appui de François Hollande, Montebourg avait également jugé qu’Ayrault pouvait «être plus ferme»avec Mittal. Délivrant une invraisemblable sensation de capharnaüm institutionnel et politique. Qui, depuis quatre jours, semble ostensiblement tourner à l’avantage du Premier ministre.
Source: http://www.liberation.fr  
Par LAURE BRETTON

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