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9 nov. 2012

Justice ou tribalisme: l’affaire Dreyfus au sionistan

Selon wikipedia: L’affaire Dreyfus est un conflit social et politique majeur de laTroisième République survenu à la fin du XIXe siècle, autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, Français d’origine alsacienne et de confession juive, qui sera finalement innocenté.

La sociologue juive Eva Illouz explique dans le journal Le Monde pourquoi cette affaire ne pourrait pas arriver au sionistan.

« Même une injustice commise contre un juif ne provoquerait pas une affaire Dreyfus en Israël, parce que les politiciens israéliens ne sont pas régis par des normes morales qui pourraient les amener à agir contre leur intérêt personnel et leur bénéfice politique immédiat. Certes, on pourrait dire que ce sont les politiciens du monde entier qui sont devenus des êtres égoïstes et sans scrupules, mais le fait est que la conception de la justice qui prévaut en Israël se caractérise par son absence de contenu universaliste : la justice, en Israël, c’est ce qui est bon pour la tribu. Aux yeux de la plupart de nos hommes politiques et de nos militaires, l’idée qu’il faut défendre la cause de la vérité et de la justice, loin d’être un impératif évident, passe pour une incroyable preuve de naïveté.

Mais il serait trop facile d’incriminer exclusivement les politiques : il est rare que les citoyens israéliens eux-mêmes agissent sous l’emprise de leur conviction et de leur indignation morales. Car, encore une fois, seule l’intériorisation de normes universelles de justice peut engendrer une authentique indignation morale.

Si des antisémites comme le colonel Picquart méritent notre admiration sans réserve, c’est justement parce que, malgré leur antisémitisme, ils ont risqué leur carrière et leur liberté pour le juif Dreyfus. Connaît-on un seul homme politique israélien qui serait prêt à risquer sa carrière politique pour un juif ordinaire, sans parler d’un « petit Arabe » ? Ce en quoi les politiciens sont experts, c’est en tractations parlementaires, en louvoiements idéologiques et en stratégies de survie. (…)

Je laisse au lecteur le soin de décider s’il connaît un autre pays capable de déployer le même assortiment de religion, de nationalisme, d’obsession sécuritaire et de peur de l’ennemi intérieur…

Ce qui a sauvé la France de l’ignominie, ce ne sont ni les dreyfusards ni les intellectuels, c’est l’existence de normes morales suffisamment fortes pour faire changer d’avis des antisémites et les contraindre à risquer leur carrière et leur liberté au nom du respect des principes. Ces normes transcendaient les appartenances politiques et religieuses. »


Traduit de l’anglais par Marc Saint-Upéry

Ce texte a été initialement publié dans le quotidien israélien Haaretz

Eva Illouz, sociologue


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