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20 oct. 2012

Le martyre de Zahra: Au Maroc, la dictature a de beaux restes

Elle s’appelle Zahra Boudkour, elle est étudiante à l’université de Marrakech, elle a vingt ans. Pour avoir participé à une marche pacifique de protestation, elle a été brutalement frappée par la police, conduite avec des centaines de ses camarades au sinistre commissariat de la Place Jemaa-El-Fna, et sauvagement torturée. 

Durant plusieurs jours, les policiers l’ont contrainte à demeurer nue, alors qu’elle avait ses règles, devant les autres détenus. Pour dénoncer cet ignoble traitement, Zahra a commencé, en juin dernier, une grève de la faim. Elle est actuellement dans le coma. Sa vie ne tient qu’à un fil. Quelqu’un, en Europe, a-t-il entendu parler de cette jeune étudiante ? Nos médias ont-ils au moins cité la dramatique situation de Zahra ? Pas un mot. Rien non plus sur un autre étudiant, Abdelkebir El Bahi, jeté par la police du haut d’un troisième étage et cloué désormais, pour le restant de ses jours, à un fauteuil roulant à cause d’une fracture de la colonne vertébrale… 

Zéro information également à propos de dix-huit autres étudiants de Marrakech, camarades de Zahra, qui, pour dénoncer leurs conditions de détention dans la funeste prison de Boulmharez, sont aussi en grève de la faim depuis plus de deux mois. Certains ont dû être hospitalisés, d’autres ne tiennent plus debout, quelques-uns sont en train de perdre la vue, plusieurs vomissent du sang… De telles atteintes aux droits de la personne humaine ont lieu dans l’indifférence et le silence général. Seuls les parents ont exprimé leur horreur et leur solidarité — ce qui a été considéré par les autorités comme un inacceptable geste de rébellion. Résultat : eux aussi ont été odieusement bastonnés. Tout cela ne se produit pas dans un Etat lointain ou mal connu, comme peuvent l’être le Tibet, la Colombie ou l’Ossétie du Sud. Mais à seulement quatorze kilomètres de l’Europe. Dans un pays, le Maroc, que des millions d’Européens visitent chaque année, où nombre d’intellectuels européens de renom résident, et dont le régime bénéficie, dans nos médias et de la part de nos dirigeants politiques, d’étranges prévenances et indulgences." Ce texte terrible est signé Ignacio Ramonet, extrait d’un article titré Poudrière marocaine , publié par Le Monde diplomatique le 9 septembre 2008.
Et aujourd’hui ? Zahra est toujours en prison. Et nos médias n’en parlent pas davantage. Sauf Bakchich, qui rappelle efficacement les faits dans un article du 10 juin dernier : "En mai 2008, une vingtaine d’étudiants de Marrakech consomment un jus de fruit périmé et, sérieusement intoxiqués, doivent être hospitalisés. L’établissement de soins réclame 1000 dirhams – une petite centaine d’euros – à chaque étudiant, une somme trop élevée pour ces jeunes issus de familles modestes. Une marche de 3 000 étudiants démarre alors le 14 mai. Les CMI (compagnies mobiles d’intervention) s’en donnent à cœur joie et tapent sur tout ce qui bouge." Le site d’information en ligne livre même le nom d’un coupable : "un certain Ahmed Taoual, adjoint du préfet de police de Marrakech, qui a couvert toutes ces brutalités et proféré des menaces de mort à l’égard des étudiants". Le journal hebdomadaire, publication marocaine indépendante, nous en apprend davantage : "L’atmosphère aux abords de la Cour d’appel de Marrakech avait des airs de déjà vu le jeudi 28 mai. Tout un dispositif de sécurité a été mis en place pour empêcher la famille et les proches des détenus qui devaient être jugés, d’assister au procès. (...)Moulouda Boudkour et Lbchara Boudkour, les sœurs de la détenue Zahra Boudkour, ont été enlevées avec une étudiante par la police devant la Cour d’appel. Elles ont été conduites au commissariat de Jemaâ El Fna. « Dans l’estafette, nous avons été insultées et maltraitées », raconte Lbchara Boudkour. Une fois arrivées au commissariat, « ma sœur et moi avons été traitées de tous les noms, violentées à coups de matraque et traînées par les cheveux. Plusieurs de nos habits ont été retirés de force », ajoute-t-elle. Ahmed Taoual, adjoint du préfet de police de Marrakech, aurait lancé : « On va vous tuer », tout en éructant les pires ignominies. Pendant près de deux heures, la mère et la sœur ont subi un interrogatoire musclé avant d’être relâchées. Le procès qui devait se dérouler le 26 février, puis le 19 mars a été reporté au 11 juin. En attendant, les onze étudiants resteront en prison." Après un nouvel ajournement, ils sont aujourd’hui encore détenus. 


Le Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d’ailleurs a mis en ligne une pétition pour leur libération, que nous vous encourageons vivement à signer à l’adresse suivante


Au Maroc, la dictature a de beaux restes. 

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