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18 oct. 2012

Cannabis : "Il faudrait dépénaliser l'usage de petites quantités"

La question secoue l'actualité gouvernementale. Après la sortie du ministre de l'Éducation, qui a laissé entendre qu'il était favorable à la dépénalisation du cannabis, et la fin de non-recevoir du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, peut-on ouvrir un débat en France sur cette question ? Georges Moréas, ancien commissaire de la police judiciaire, apporte un éclairage singulier. Entretien. 


Le Point.fr : Vous expliquez que l'activité judiciaire d'un commissariat de la banlieue parisienne est consacrée à plus de 40 % à la lutte contre l'usage et le trafic de drogue. Et pourtant la consommation et le trafic continuent de progresser. Ce travail est-il utile ? 


Georges Moréas : La majorité des policiers pense qu'il faut continuer à pouvoir intervenir légalement, arrêter les consommateurs, les placer en garde à vue, même s'il n'y pas de poursuites judiciaires après, et cela pour deux raisons. La première, cela permet de ficher un maximum de gens, et notamment des jeunes, "le vivier de la délinquance de demain", comme me l'a dit un commissaire. La seconde, grâce à cette législation très dure, il est possible de faire pression sur le consommateur, voire de négocier, pour pouvoir remonter les filières locales. 


En 2011, la police et la gendarmerie ont constaté 153 968 faits d'usage de stupéfiants, une augmentation de 32,8 % par rapport à 2006. "La méthode du chiffre" n'a-t-elle pas montré ses limites ?

Si. Je suis partisan de dire que si une méthode ne fonctionne pas, il faut la changer, du moins y réfléchir, et ça, on ne l'accepte pas en France. Je peux vous dire qu'il est très facile de faire des procédures sur des consommateurs de drogue. Pour les policiers : un crâne = une garde vue = du chiffre et, à la clé, des primes. Il y aura toujours des contrôles chiffrés, même si le gouvernement veut agir différemment. 


La dépénalisation serait-elle, comme le disent certains syndicats de policiers, "un risque en termes d'efficacité de l'enquête pour remonter les filières et les réseaux" ?

On démantèle rarement une filière nationale ou internationale en partant du consommateur. Cela enlèvera au policier un contact de terrain, et donc une connaissance plus fine du milieu. Reste qu'il ne faut pas oublier l'aspect symbolique qu'une telle mesure pourrait susciter, et donc les réticences qu'elle engendre. Imaginez un groupe de jeunes qui se met à fumer des pétards sous le nez des flics en se tapant sur le ventre... Il faudrait, comme cela se fait au Portugal, dépénaliser l'usage et la détention de petites quantités de cannabis pour un usage personnel tout en autorisant les policiers à procéder à des contrôles, une sorte de contrôle d'identité un peu poussé. 


Que pensez-vous de la déclaration de Manuel Valls qui considère que "quand il s'agit de la lutte contre la drogue, les normes, les règles, les interdits sont essentiels" ? 


Le ministre de l'Intérieur a parlé trop vite, sans connaître son sujet.

Source : Le Point. 

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