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19 sept. 2012

Nouveaux massacres au Kenya à l’approche des élections

Cases en cendres, murs d’une école maculés de sang, fosses communes : ces images diffusées en boucle à la télévision ont rappelé de bien mauvais souvenirs aux Kényans, qui espéraient avoir tourné la page des violences ethniques et politiques.

Il y a cinq ans, à la suite d’une élection présidentielle au résultat contesté, deux mois de violences s’étaient soldés par plus de 1 200 morts et 600 000 déplacés. Si les années électorales sont souvent marquées par des affrontements au Kenya, ce bilan particulièrement sanglant avait choqué le pays et fait plonger son économie.



Pourtant, à ce jour, seule une poignée de responsables ont été jugés. Face à l’inertie de la justice kényane, c’est la Cour pénale internationale (CPI) qui s’est saisie du dossier. Elle doit juger en avril 2013 quatre hauts responsables politiques, accusés d’avoir organisé les violences en sous-main. Et à l’approche des élections présidentielle et législatives programmées début mars, les tensions resurgissent.
DE VIOLENTS MASSACRES

Après l’assassinat d’un prêcheur islamiste, des émeutes ont fait plusieurs victimes à Mombasa, fin août, et, depuis quelques semaines, un nouveau cycle de violences touche la région de Tana River (sud-est). D’attaques en représailles, les affrontements entre la communauté Orma, constituée d’éleveurs nomades, et les Pokomo, des agriculteurs sédentaires, ont déjà fait plus de 100 victimes et 13 000 déplacés.

De tout temps, ces tribus se disputent points d’eau et pâturages, souvent l’arme à la main. Mais jamais leurs rivalités n’avaient atteint de telles proportions, laissant penser à une manipulation politique. « Il est évident qu’il y a de la politique là-dessous. Les attaques n’étaient pas spontanées, mais très organisées », relève Robert Ndege, analyste du cabinet de conseil Africa Practice. Des témoins ont rapporté que les assaillants, lourdement armés, étaient parfois étrangers à la région. Et ils s’en sont pris aussi aux femmes et aux enfants, du jamais-vu lors des précédents conflits.

Attestant cette hypothèse, un vice-ministre kényan, député d’une circonscription du district, a été accusé d’avoir incité aux violences avant d’être suspendu du gouvernement. Ce scénario rappelle celui des précédentes années électorales. Pour s’assurer d’être élus, certains hommes politiques n’hésitaient pas à faire le ménage dans leur circonscription, chassant les ethnies rivales via des milices à leur solde.
IMPORTANCE DE L’APPARTENANCE ETHNIQUE

Au Kenya, qui compte une cinquantaine de tribus, l’appartenance ethnique guide le plus souvent le vote des électeurs. « Les hommes politiques continuent de jouer la carte ethnique », constate Ndun’u Wainaina, directeur du Centre international sur la politique et les conflits (ICPC). Au niveau local, l’enjeu est d’autant plus important que la nouvelle Constitution prévoit une forte décentralisation des pouvoirs, avec la création de postes de gouverneurs et de sénateurs élus eux aussi en mars prochain.

Depuis le début de l’année, près de 250 personnes ont été tuées dans des violences tribales ou politiques et les observateurs craignent que la tension n’aille croissant. « Il y a un risque de nouvelles violences électorales, notamment dans les circonscriptions cosmopolites telles que celle de Nakuru, dans la vallée du Rift, mais je ne pense pas que cela soit aussi grave que lors de la dernière élection », nuance Robert Ndege.

Créée juste après les violences de 2007-2008, la commission nationale pour la cohésion et l’intégration assure surveiller médias et meetings électoraux pour sanctionner tout dérapage et « faire tout son possible pour que les prochaines élections se déroulent pacifiquement ».

Source : La Croix.

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